Le séisme de La Laigne dû aux parcs éoliens ?

Ce risque provient de l’existence d’un réseau de failles presque verticales grossièrement parallèles à la Gironde, qui ne sont pas toutes identifiées. Elles sont mises sous contrainte par des forces de direction Sud-Nord dont l’origine est un très lent déplacement de l’Espagne vers le Nord (déplacement qui a provoqué la formation des Pyrénées) et par des forces de direction Est-Ouest créées par l’ouverture de l’Atlantique. L’accumulation de ces contraintes sur les lèvres des failles peut provoquer leur décrochement, ce qui entraîne un séisme et la diminution de ces contraintes. Elles recommencent ensuite à croitre, ce qui provoque un nouveau séisme et ainsi de suite. Il est impossible de prévoir à l’avance sur quelles failles de ce réseau et quand vont se produire ces décrochements.

« Les interventions humaines pourraient favoriser les séismes »

Mais observons que les interventions humaines pourraient les favoriser. Un exemple est l’exploitation du gaz de schistes par fracturation hydraulique dans des zones sismiques de risque pourtant modéré aux Etats-Unis. L’eau utilisée pour la fracturation pénètre dans ces failles et, agissant comme un lubrifiant, provoque le décrochement de failles sous contraintes. Le même phénomène a été aussi observé en Alsace à proximité de forages géothermiques où la fracturation hydraulique a été utilisée.

Mais des travaux très importants à proximité de failles sismiques pourraient aussi en provoquer le décrochement. La question s’est posée dans le cas du séisme du Teil en Ardèche le 11 novembre 2019 au voisinage de la faille dite de La Rouvière. La responsabilité du creusement d’une immense carrière à proximité a été évoquée, car elle aurait pu modifier l’état des contraintes mécaniques dans le soussol et provoquer ainsi le déclenchement du séisme (https://www.irma-grenoble. com/01actualite/01articles_afficher. php?id_actualite=745).

Qu’en est-il de l’accumulation considérable de parcs éoliens près de failles sismiques dans le Nord de La Charente-Maritime, comme le montre un état des lieux récent. Le village de La Laigne est proche de la zone où existe le plus grand nombre de parcs déjà en fonctionnement.

Un risque plus grand en mer

Serait-il possible que cette accumulation soit responsable du séisme de La Laigne par modification des contraintes mécaniques dans le sous-sol ? La question mérite me semblet- il d’être posée et encore plus d’être très sérieusement étudiée. En effet, une partie de l’énergie du vent est transférée par les éoliennes au soussol par le biais de vibrations à très basse fréquence provoquées par le passage des pales devant les mâts. Ces vibrations de basse fréquence se transmettent sur des kilomètres dans toutes les directions y compris en profondeur. Elles sont d’autant plus puissantes que l’éolienne est plus puissante. Il pourrait aussi se produire aussi un phénomène de résonnance, dont un exemple célèbre est celui de Broughton aux Etats Unis où le 12 Avril 1831 un pont s’est effondré sous l’effet des vibrations provoquées par le passage de militaires marchant au pas cadencé.

Le risque serait alors plus grand en mer qu’à terre, car les éoliennes installées en mer sont très puissantes et transfèrent donc beaucoup plus d’énergie au sous-sol que les éoliennes terrestres. D’autre part, rappelons que les failles sismiques de Charente-Maritime sont pratiquement verticales. L’eau peut donc s’y infiltrer lors des forages en mer et des décapages du fond marin nécessaires à l’installation des éoliennes, et jouer alors le rôle de lubrifiant facilitant le déclenchement d’un séisme. L’implantation des pieux supportant les éoliennes par battage hydraulique est aussi à considérer.

*Lire l’article de Mathieu Delagarde paru dans Ré à la Hune : www.realahune.fr/quel-risque-sismique-surlile- de-re/