Le premier Sites en Scène théâtre de l’île de Ré

Après deux années d’absence, les Sites en scène réapparaissent cet été. L’édition 2022 proposera 29 sites répartis sur la totalité du département. Le dernier-né des Sites en scène aura lieu au Fort la Prée à La Flotte, où le Théâtre Amazone de Laurence Andreini-Allione présentera le « Songe d’une nuit d’été ».

Le label Sites en scène créé en 1995 pour mettre en lumière le patrimoine de notre département associe généralement un lieu emblématique à un événement culturel d’envergure. Pour ce premier Site en scène théâtre de l’île de Ré, le Fort la Prée accueillera au mois d’août, la représentation d’une pièce de William Shakespeare écrite en 1595 : le « Songe d’une nuit d’été », une des comédies les plus complexes du grand dramaturge anglais, qui nous donne à découvrir le Shakespeare onirique à l’humour burlesque. Le thème en est l’Amour. En s’y intéressant de plus près, on s’aperçoit que nous obligeant à réfléchir à la nature de l’Amour, Shakespeare nous présente un monde semblable au nôtre, traversé de contradictions et qui attend l’Amour, cette mystérieuse force sans laquelle l’harmonie est à jamais perdue. Le Songe, tout en plongeant dans l’univers surnaturel des fées et des esprits, cher à nos voisins britanniques, aborde avec légèreté les questions fondamentales que pose notre société.

C’est également la première pièce dans laquelle Shakespeare se livre à une réflexion sur le théâtre, le pouvoir du verbe et de l’illusion : au théâtre, tout peut arriver. « Le visible flirte avec l’invisible, le réel avec l’illusion, le rêve avec le cauchemar, la farce avec la gravité, l’ordre avec le désordre, le désir avec l’amour » comme l’écrit Laurence Andreini-Allione. La modernité de cette pièce, les correspondances évidentes qu’elle offre entre notre société actuelle et celle qu’elle évoque, ont amené Laurence à choisir ce texte pour un moment de théâtre exceptionnel.

Les difficultés matérielles inhérentes à toute création théâtrale

Les Sites en scène reprennent, certes, mais la décision concernant le Site en scène rétais n’a été prise qu’à la mi-janvier, ce qui est court pour bâtir un projet de cette envergure. Quelques semaines plus tard, Laurence a été auditionnée et n’a eu confirmation que sa labellisation était effective que le 10 mars ; quand elle a eu connaissance du budget alloué, elle a pensé un moment qu’elle n’arriverait jamais à monter le Songe en si peu de temps et avec si peu d’argent. La culture est indispensable, mais elle a besoin de fonds pour se réaliser et les collectivités ont de plus en plus de charges. Or, en l’occurrence, il s’agit de rémunérer et de loger une troupe de théâtre de douze personnes, dont six comédiens, le temps des répétitions et des quatre représentations prévues.

L’enveloppe financière était au départ de 27 K€ (10 K€ de la commune de La Flotte, 10 K€ de la CdC et 7 K€ du département). Grâce à celles que Laurence nomme ses bonnes fées, c’est-à-dire Danièle Pétiniaud Gros, maire d’Ars, et Catherine Desprez, viceprésidente du Conseil départemental, elle a obtenu un complément de 5 K€ qui ajouté aux partenariats (10 K€) et à la billetterie estimée (9 K) donne un budget global de 51 K€. Ce qui est mieux, mais encore très juste pour tout ce qui est à faire. Toutes les charges qu’il était possible de revoir à la baisse l’ont été ; le nombre de jours de répétition a été ramené à vingt au lieu des six semaines qu’il faudrait normalement consacrer à ce genre de projet et les comédiens sont rémunérés sur la base du SMIC. Laurence ne se plaint pas, elle explique les difficultés auxquelles il a fallu faire face.

Les coulisses de la création

Préalablement aux quatre représentations qui se dérouleront en août, Laurence a utilisé de manière astucieuse les manifestations des 11, 15 et 24 juin, respectivement à Ars, La Flotte et Saint-Martin pour donner à voir aux spectateurs de véritables répétitions de la pièce. L’idée était : venez voir comment nous construisons un spectacle. Un pari audacieux, car les interventions des spectateurs peuvent déconcentrer les acteurs ; maîtrisé, il fait participer l’auditeur à l’élaboration de la pièce lui faisant découvrir pas à pas les difficultés du travail d’acteur.

Quant au metteur en scène, cette formule lui permet d’avoir un rapide retour du public. Gageons que ceux qui auront suivi ces manifestations seront intéressés de voir la représentation finale avec les chansons de Wilfried Hildebrandt et les costumes contemporains de Charlotte Villermet qui sont en blanc pour représenter le monde athénien (l’action se déroule à Athènes), en noir pour celui des fées d’où viennent les manipulations avec pour seule touche de couleur les vêtements des amoureux. Si les noms des personnages ont été modernisés, le texte est celui de Shakespeare traduit par François-Victor Hugo.

Laurence est une battante qui ne renonce pas facilement et le 21 août au soir, sa passion et sa ténacité font qu’elle aura gagné un sacré challenge pour notre plaisir, afin que nous puissions retourner rêver au théâtre.

Les représentations
d’un « Songe d’une nuit d’été »
Au Fort La Prée, La Flotte
Les 21, 22, 23 et 24 août à 20h30
Le 15 septembre à 10h et 14h en
direction des scolaires
Avec : Eric Bergeonneau, Clémentine
Bernard, Marie-Hélène Garnier,
Brice Ormain, Benjamin Tholozan et
Aurélie Toucas
Mise en scène : Laurence Andreini-
Allione