Le Préfet est disposé à faire expertiser tout dispositif de sécurisation du site du Bastion
La fermeture administrative du Bastion, l’une des deux seules boîtes de nuit de l’île de Ré avec La Pergola, pendant trois semaines ce début d’été (réouverture le 10 juillet) a fait couler beaucoup d’encre… et de commentaires sur les réseaux sociaux. Désabusé, le gérant Jean-Audouin Vigy veut y croire encore et se bat pour que des solutions soient collectivement trouvées.
Voilà sept ans que le jeune gérant a pris les rênes du Bastion, après la tragique disparition de son associé, Alexandre Brunner. Avec à ses côtés Jean- Damien, directeur opérationnel présent en permanence sur place, le gérant se partageant entre Paris et l’île de Ré. Doté d’une solide expérience dans le monde de la nuit, dans différents clubs parisiens et sur l’île au Boucquingam, issu d’une grande famille solidement implantée à Loix, Jean-Audouin Vigy a pris le parti d’ouvrir la boîte de nuit martinaise, d’une capacité d’accueil de 700 personnes, une grande partie de l’année et pas seulement en saison. D’avril à octobre (hors les deux mois d’été), le Bastion ouvre tous les week-ends, ainsi qu’aux vacances de La Toussaint et le 31 décembre. En été il est ouvert 7 jours sur 7. Outre l’activité de nuit, Le Bastion propose sa privatisation pour des mariages et autres évènements.
Des moyens de sécurité représentant près de 20 % du chiffre d’affaires
Conscient de la sensibilité et de la complexité du site entouré de remparts (jusqu’à 10 mètres de haut) sur lequel est implanté le Bastion, propriété de la Commune, et de la responsabilité morale et juridique d’un établissement de nuit, Jean-Audouin Vigy renforce progressivement et considérablement les moyens de sécurité. Le budget sécurité du Bastion représente aujourd’hui 19 à 20 % de son chiffre d’affaires, soit près de 125 000 €. La sécurité comprend un service de navettes gratuites (deux bus de 55 places chacun et un Vito 7 places conduits par deux chauffeurs professionnels chaque soir) pour les clients des dix communes de l’île, un système de vidéosurveillance intérieur et extérieur, l’utilisation de caméras Go-Pro par certains agents de sécurité, un système de sécurité renforcé d’un maître-chien, la mise à disposition d’éthylotests électroniques et ballons, ainsi que la présence d’un agent de sécurité qui oriente les clients qui rentrent chez eux. Evidemment la montée dans les bus à l’aller est strictement contrôlée, comme l’entrée au Bastion, toute personne « visiblement alcoolisée » étant refusée.
Deux accidents tragiques, aux abords du Bastion, entraînent une fermeture administrative
Malgré ce déploiement de moyens, il n’est pas possible d’être derrière chaque client à l’extérieur de l’établissement et de pallier la dangerosité des remparts, non sécurisés notamment parce qu’il s’agit d’un site classé mais aussi compte tenu de la longueur de ceux-ci, qui ceinturent l’ensemble de Saint-Martin.
Les deux accidents tragiques de ce printemps, suite à une chute des remparts côté terre pour l’un, côté mer pour le second (une enquête est en cours), qui ont eu lieu aux abords du Bastion, ont cette année entraîné une mesure préfectorale de fermeture administrative du Bastion pendant trois semaines (un mois finalement ramené à trois semaines…).
Celle-ci fait suite aux précédentes fermetures de 2016 (1ère semaine d’août suite à une bagarre à l’extérieur) et 2018 (15 jours en mai/juin suite à un incident lié au comportement d’un client). Cette succession de fermetures compromet le modèle économique de l’établissement et pose la question de sa pérennité, du moins sous forme de boîte de nuit.
Jean-Audouin Vigy continue d’y croire et de se battre
Après avoir dans un premier temps annoncé qu’il fermerait définitivement Le Bastion après la Toussaint 2019, Jean- Audouin Vigy a finalement décidé de continuer de se battre pour trouver collectivement des solutions, afin d’assurer dans de meilleures conditions l’exploitation de sa boîte de nuit.
« Depuis plusieurs années, nous discutions de vive voix avec la mairie de Saint-Martin, propriétaire des murs de notre établissement, de la sécurisation possible du site. Nous nous heurtons à deux problèmes : le site est trop étendu pour mettre en place une protection et les remparts étant classés aux Bâtiments de France, aucune décision ne peut être prise sans leur aval », nous explique Jean-Audouin Vigy, relayant les propos du maire, Patrice Déchelette, mais aussi désormais du président de la Communauté de Communes, Lionel Quillet, entré dans le dossier.
En effet, conscients que les établissements de nuit jouent un vrai rôle dans la vie nocturne de l’île et son attractivité touristique, mais aussi qu’il est préférable d’accueillir les fêtards dans un établissement professionnel plutôt que de les retrouver alcoolisés sur les routes, les plages et autres lieux publiques, les élus communautaires ont largement évoqué le sujet du Bastion – et par ricochet celui de la Pergola à l’équilibre déjà fragile et qui serait déstabilisé par un afflux trop important de personnes si le Bastion fermait définitivement.
Une réunion entre le maire de Saint- Martin, le président de la CdC et le gérant du Bastion, visant à voir comment sécuriser davantage le site et ses abords, a eu pour seule mesure concrète envisagée un meilleur éclairage, le Bastion renforçant encore plus de son côté son dispositif.
Le Préfet fait un signe d’ouverture
Le président Lionel Quillet espère pouvoir prochainement faire venir les services de la Préfecture et l’ABF pour une visite du site afin de réfléchir ensemble à ce qu’il pourrait être fait.
Lors de sa visite sur l’île de Ré (lire page 3), le préfet a tenu à faire part de son agacement devant un article de presse affirmant que le gérant du Bastion n’avait pas été reçu en Préfecture pour pouvoir argumenter. Il a, en effet, bien été reçu par le responsable de la sécurité, Mathieu Ringot.
Fabrice Rigoulet-Roze a par ailleurs affirmé à Ré à la Hune ce 9 juillet : « Je suis prêt à faire expertiser par les services de l’Etat, et bien sûr je pense à l’Architecte des Bâtiments de France, tout dispositif de sécurité qu’envisageraient les différentes parties prenantes, ainsi qu’à apporter les conseils des services de l’Etat. »
Une main tendue que sauront à coup sûr saisir le maire de Saint-Martin et le président de la Communauté de Communes de l’île de Ré, tout comme le gérant du Bastion, pour se donner toutes les chances de pouvoir pérenniser, dans des conditions de sécurité satisfaisantes, ce haut lieu de la vie nocturne rétaise qu’est Le Bastion.
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