- Environnement & Patrimoine
- PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT
Le pin de La Maline est-il vraiment condamné ?
Héros d’une manifestation le 6 novembre dernier, le pin de la Maline est toujours là. Enfin pour le moment. Alors qu’en est-il exactement ?
L’information avait couru aussi vite que l’éclair et plus de cinquante personnes se retrouvaient le samedi 6 novembre à 15h au pied du majestueux pin situé devant l’entrée de La Maline. Raison de la mobilisation : son abattage programmé deux jours après. Et de fait, cette manifestation a produit son effet puisque près d’un mois plus tard, le pin est toujours là, son abattage ayant été suspendu. Jusqu’à quand et pourquoi devrait-il disparaître ? Le point sur un sujet sensible, dépassant les frontières de La Couarde.
Des racines gênantes
Au fil du temps, un arbre développe ses racines. Jusque-là, rien de très original, les arbres sont ainsi faits : ils poussent. L’ignorait-on dans les années 1990 époque de construction de la résidence Le Mail à La Couarde ? Il se trouve que le système racinaire du pin de La Maline (un pin parasol) remonte en surface. Là encore, rien d’inédit et sur l’Ile de Ré, les exemples sont nombreux de racines de pin soulevant des morceaux de route ou de chemins, laissant à la Nature quelques victoires.
Mais les racines de celui-ci poussent jusqu’à fissurer le béton qui les étouffe, sur des places de stationne- ment relevant d’une propriété privée. S’ensuit un inconfort à l’usage, sans oublier d’éventuelles pommes de pin s’égarant parfois sur les capots des voitures garées dessous. Voilà qui devient fâcheux et nous ramène à notre sujet.
Pas d’autre solution que l’abattage ?
« Toutes les pistes possibles ont été explorées », nous assure Jean-Claude Sédillot, Président du Conseil Syndical de la Résidence Le Mail Plage, concernée par ses places de stationnement « affectés avec les appartements », nous précise-t-il.
De ces pistes, au nombre de trois, une seule a été finalement retenue. La première, refusée par les particuliers, consistait en la suppression desdits parkings, la seconde à éradiquer les racines superficielles, une proposition qui paraît raisonnable et bien moins radicale. Oui mais… M. Sédillot l’affirme, une telle intervention pourrait entraîner « le doublement des racines » (par réaction naturelle sans doute) ou bien « une fragilisation pouvant entraîner un risque d’écroulement ». « Et puis il continuerait à grossir » nous dira un peu plus tard le Président du Conseil Syndical au fil de notre conversation téléphonique.
Bref, tout cela justifierait le choix sans appel de la troisième option, M. Sédillot nous assurant que cette décision, votée à 90% en Assemblée Générale des Copropriétaires, a « vraiment été prise à contrecoeur ».
Du rôle de la CdC
Placé juste devant l’entrée de La Maline, la position du pin a laissé libre cours à nombre de rumeurs qu’il convient d’éclaircir. L’esplanade appartient bien à la résidence, relevant ainsi du domaine privé et d’une copropriété dans laquelle est entrée la Communauté de Communes rétaise suite au rachat du restaurant.
L’esplanade est donc un « espace commun pour laquelle la CdC a été amenée à demander une autorisation de travaux en vue de son aménagement », nous dit M. Sédillot, précisant que sa mission à lui consiste à défendre les intérêts de la copropriété.
De son côté, le Maire de La Couarde Patrick Rayton, également 1er Vice-Président de la CdC nous le confirme, « il y a eu deux propositions d’aménagement, une avec le pin et une sans lui ». Preuve s’il en fallait qu’une alternative existe.
Une suppression sous conditions
Rappelant les préjudices subis par les riverains pendant les deux ans et demi de travaux de La Maline, Jean-Claude Sédillot évoque les « conditions » émises par la copropriété concernant l’aménagement du parvis, soit le remplacement du pin par un autre arbre, « un gros sujet de type chêne liège » auquel il faut ajouter « d’autres arbres plantés en bordure de la résidence ainsi que la réfection des places de parking », précise le Président du Conseil Syndical. Sur tous ces points la Communauté de Communes aurait répondu favorablement, au titre de « mesures compensatoires ». « C’est parfaitement légal et courant lorsqu’un chantier public impacte professionnels ou particuliers », explique Hung do Cao. Le Directeur du Pôle Aménagement du territoire de la CdC évoque également le plan de végétalisation prévu le long de l’ave- nue du Peu des Hommes mais aussi à l’arrière du bâtiment avec notamment la plantation d’arbres.
Rien n’est résolu
Sur la question du parvis, Hung do Cao confirme la présentation d’une proposition d’aménagement avec le pin, « techniquement c’était un peu compliqué mais on se serait débrouillé ». Sur son remplacement, il évoque effectivement un chêne de quinze ans d’âge et trois arbres supplémentaires ayant tous un système racinaire différent de celui d’un pin parasol.
Une question demeure, celle du vote de la CdC en tant que copropriétaire. La représentant à l’Assemblée Générale, Hung do Cao était bien présent. « Mais je n’avais pas le pouvoir de vote, seul un élu pouvant voter » précise-t-il. La Communauté de Communes avait donc donné pouvoir au Président du Conseil Syndical Jean-Claude Sédillot, qui a naturellement voté pour l’abat- tage du pin.
Hung do Cao nous le confirme : l’opération est actuellement suspendue. « Nous nous sommes faits traiter ‘d’abatteurs d’arbres’ », proteste-t-il. Rappelant que la décision d’abattage ressort du domaine privé, il évoque le mécontentement de M. Sédillot, consi- dérant être mis sous pression par « une minorité ».
Alors fin novembre il est toujours là le pin de La Maline devenu symbole d’un ras-le-bol de plus en plus généralisé. Car sur l’Ile de Ré comme ailleurs, les exemples sont nombreux d’arbres, même centenaires, sacrifiés pour des raisons qui ne semblent pas toujours claires.
Aujourd’hui, abattre un arbre ne trouve plus guère de justifications auprès de nombreux citoyens que l’on s’évertue par ailleurs à mobiliser sur l’environnement. C’est ainsi, les temps changent, actant d’une prise de conscience. Doit-on réellement s’en plaindre ?
ASSOCIATION PROTECTRICE DES SITES DE LA COUARDE
Que le pin de La Maline ne soit pas « l’otage de conflits politiques »
C’est ce que redoute Eric Revel, Président de l’Association Protectrice des Sites de La Couarde (APSC), en référence à la présence de Véronique Richez-Lerouge le 6 novembre, la conseillère départementale étant opposante à Lionel Quillet. « Tout cela n’est pas notre sujet », martèle Eric Revel, précisant que l’association qu’il préside « ne fait pas de politique ». Sauver ce pin Son sujet à lui, c’est la préservation d’un arbre qu’il considère comme un élément du patrimoine naturel couardais, de ce patrimoine immatériel auquel nous le savons attaché. « Ce n’est pas d’hier que le pin pose problème » ajoute Eric Revel, s’interrogeant sur un abattage prévu dans le cadre du réaménagement de l’esplanade, comme si « l’occasion faisait le larron ». Et pour lui, pas de doutes, il y a d’autres solutions, telles le « resurfaçage des places de parking, même s’il faut le faire tous les dix ans », conclut-il.A l’évocation de son remplacement par un chêne liège, Eric Revel répond avec un brin d’ironie : « à terme, il y aura des problèmes avec les canalisations », nous dit-il, car « si le pin parasol développe ses racines en sur- face, le chêne le fait en profondeur ».Notons que dans notre conversation ultérieure avec le Directeur du Pôle Aménagement du Territoire, Hung do Cao, celui-ci nous a confirmé qu’au- cun réseau ne serait impacté. Demande officielle Revenant au pin, Eric Revel évoque la toute récente réunion du Conseil d’Administration de l’association. « En son nom, je vais écrire un cour- rier à Lionel Quillet lui demandant de ne pas abattre cet arbre », affirme le Président de l’APSC, rappelant les propos d’ouverture tenu par le Président de la CdC concernant l’aménagement et la végétalisation du parvis de La Maline lors de l’As- semblée Générale de l’association en août dernier.Et pour Eric Revel, préserver le pin de La Maline serait justement un élément de preuve.Pour l’APSC, le dossier est donc loin d’être clos. Résolument mobi- lisée pour la sauvegarde du pin, l’association souhaite également une « transparence totale » sur les compensations accordées à la copro- priété de la résidence du Mail suite aux travaux.
Lire aussi
-
Environnement & Patrimoine
L’île de Ré et La Rochelle, un destin lié… jusque dans les commémorations
Dans le cadre des 400 ans des guerres de religion, la Communauté de communes de l’île de Ré, la ville de La Rochelle et La Rochelle Université organisent un colloque scientifique, ouvert au grand public, du 27 au 29 novembre.
-
Environnement & Patrimoine
AlimenTerre, engagé pour une alimentation éthique
Les 25 et 26 novembre, le festival AlimenTerre se tiendra sur l’île de Ré. Trois projections documentaires suivies de temps d’échange sont programmées à La Maline. Présentation avec l’un des co-organisateurs sur l’île de Ré de ce festival international, Geoffroy Maincent.
-
Environnement & Patrimoine
Grand Port Maritime : MAT-Ré reste vigilante
Après avoir été longtemps isolée, l’association rétaise entretient désormais des relations avec la gouvernance portuaire, avec les autres associations et élargit ses sujets de vigilance.
Je souhaite réagir à cet article