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Le Phare des Baleines fête ses 170 ans
Emblématiques de l’histoire de l’éclairage des côtes de France, classées Monuments historiques, les deux tours des Baleines, érigées en 1682 et 1854, à la pointe Nord-Ouest de l’île de Ré, figurent parmi les trois sites les plus fréquentés de Charente-Maritime et sont les phares les plus visités en France.
Il est vrai que sur ce parc vert de deux hectares plusieurs monuments, parfaitement restaurés et entretenus, jalonnent le parcours de visite. Jouxtant l’ancienne tour à feu de Vauban, sa maisonnette, qui abritait le combustible, est devenue musée où l’on peut découvrir l’histoire du balisage maritime et des dispositifs d’éclairage, ainsi que des objets anciens. Puis le phare actuel, dont le fût octogonal culmine à 57,10 mètres de hauteur, émerge d’un corps de bâtiment où logeaient dans le temps les gardiens. Gravir l’escalier en hélice de deux cent cinquante-sept marches menant au sommet de la tour suppose une bonne forme physique. C’est sans doute pour cela que parmi les un million cent mille visiteurs qui fréquentent chaque année le site, « seulement » deux cent vingt mille d’entre eux entreprennent l’ascension ! Ils en sont vite récompensés : depuis les fenêtres ponctuant l’ascension s’offre une vue époustouflante, sur l’océan et l’ancienne tour et sur toute l’île. Tout en haut, depuis la galerie, la vue panoramique sur la Conche des Baleines, le phare des Baleineaux et les paysages rétais est exceptionnelle. Après une descente plus légère, le visiteur peut découvrir les salles d’exposition et la boutique.
La tour des Baleines
La vieille tour des Baleines a été construite à la suite de la décision prise en 1664 de créer un port militaire à Rochefort. Pour sécuriser les atterrages où sera basée la flotte de Louis XIV, deux tours à feu sont érigées sur les îles de Ré et d’Oléron, qui encadrent le pertuis d’Antioche, menant à l’estuaire de La Gironde. Celui-ci est très dangereux, bancs et plateaux rocheux ayant causé bien des naufrages. Construite en calcaire de Saint-Savinien, culminant à 29 mètres, la tour des Baleines est achevée en 1682, trois ans avant celle de Chassiron. Elle expérimentera plusieurs sortes et techniques d’éclairage, du simple feu de bois au charbon de terre, puis des lampes à huile associées aux réflecteurs qui deviendront paraboliques, avant l’installation d’une lanterne lenticulaire. Mais pour profiter pleinement de la portée de ce dernier éclairage inventé par Augustin Fresnel, la tour devait être exhaussée, sa portée géographique étant alors insuffisante. Trop fragile pour être surélevée, la tour Vauban est alors abandonnée au profit d’un phare deux fois plus haut.
Phare en mer ou à terre ? Les deux mon capitaine !
En 1825 Paul-Edouard de Rossel et Augustin Fresnel font adopter un programme cohérent d’éclairage de l’ensemble des côtes de France. Pour l’île de Ré, les ingénieurs hésitent entre ériger un phare en mer, sur l’écueil du Haut-Banc-du-Nord, ou sur terre à proximité de la tour. Eclairer l’extrémité de ce haut fond rocheux prolongeant la pointe Nord-Ouest de l’île serait sécurisant mais une telle construction en mer à trois kilomètres de l’île relève encore de l’exploit.
En 1846 on opte pour un phare du premier ordre à proximité de la tour et pour un phare du troisième ordre sur le Haut-Banc du Nord encore appelé Baleineaux. Tous les deux seront inaugurés le 15 janvier 1854. Haut de 29,50 mètres, le phare des Baleineaux sera habité pendant quarante ans, avant que n’y soit installé un feu permanent, le 15 octobre 1894, en faisant le premier phare en mer automatisé.
Les travaux du phare des Baleines débutent en 1849. Dans des écrits de l’architecte du phare des Baleines, Léonce Reynaud, il est précisé que « les socles, les encadrements, les cordons, les balustrades et les marches d’escalier ont été exécutés en granit bleu de Kersanton… », le reste du phare étant fait en pierre calcaire de Crazannes et de Saint-Savinien. D’abord équipé d’une optique lenticulaire alimentée par des lampes à pétrole, avant d’être électrifiée en 1882, le phare sera raccordé au réseau électrique en 1941.
Qualifié de « paradis » par opposition à l’« enfer » des phares en mer, le pied du phare des Baleines a abrité dans ses logements jusqu’à sept gardiens, nombre qui ira en diminuant. En 2001, quand Marc Rayneau, le dernier d’entre eux, prend sa retraite, le phare est déjà automatisé depuis quelques années.
Comment faire visiter ce monument ?
Une question se pose alors, comment faire visiter ce monument qui exerce déjà une très forte attractivité. Sa gestion fut, dans un premier temps, confiée à la mairie de Saint- Clément des Baleines pour deux ans, afin d’avoir une bonne vision de la fréquentation du site. Puis l’Etat -le service des Phares de La Rochelle – opte pour une délégation de service public, pour la première fois. Lancé fin 1999, l’appel d’offres est contraignant, son cahier des charges prévoit la restauration et l’entretien des bâtiments, la création d’un musée et d’une boutique, un accès permanent et un prix d’entrée très raisonnable. La société Patrimoine & Océan, créée par trois Rochelais/Rétais : Olivier Lebossé, Philippe Courcaud et Jean- Marie Chauvet d’Arcizas, remporte l’appel d’offres et gérera durant vingt-deux ans le site, y injectant 2,5 millions d’euros pour la rénovation de la tour Vauban, l’aménagement des jardins, la restauration de la lanterne, notamment.
Après les élections de 2021, la nouvelle équipe du Département de Charente-Maritime est intéressée par la gestion du phare et cherche un partenaire privé en délégation. Motivé pour continuer l’aventure, Philippe Courcaud crée Horizon Marine. Le groupement Conseil départemental & Horizon Marine remporte l’appel d’offres qui prévoit cinq millions d’euros de travaux, à financer par les recettes des visites et ventes à la boutique, la société devient le nouveau délégataire pour quinze ans, Alexis Courcaud en est le directeur. « Notre objectif n’est pas aujourd’hui d’attirer beaucoup plus de monde sur ce site classé, qui emploie sept salariés à l’année et dix-sept en saison, nous accompagnons les visiteurs avant et après la montée au sommet du phare. Nous participons au comité de pilotage de la pointe des Baleines, où est représentée la Commune de Saint- Clément au côté du Département et de l’Etat, la Commune est très impliquée notamment sur tout ce qui concerne les abords du phare, sur les sujets du stationnement, la circulation, etc. nous travaillons très bien avec elle. » expliquent de concert le père et le fils.
Une nouvelle ère s’est ouverte, dans la continuité de ces vingt-deux dernières années.
Visites
Le Domaine du Phare des Baleines accueille 1,1 million de visiteurs par an, dont 220 000 gravissent les 257 marches. En effet, le site propose différentes visites :
– Le Grand Phare, haut de 60 mètres et construit en 1854, l’ascension de ses 257 marches offre un panorama exceptionnel sur l’île de Ré et l’océan.
– Le Musée du Phare qui raconte l’histoire des grands phares et rassemble de nombreux objets historiques, ainsi que La Tour Vauban haute de 30 mètres et construite en 1682, qui offre une vue à 360° sur l’ensemble du
domaine.
– Le Parc des Baleines qui entoure le domaine, un espace naturel préservé pour une promenade relaxante avant ou après l’ascension du Grand Phare !
pharedesbaleines.com
Pourquoi ce nom ?
La Tour des Baleines devrait son nom à une baleine de près de dix-huit mètres de long qui s’échoua, vers la fin du XVIè siècle, sur la côte sauvage, au nord de l’île et qui aurait enrichi les habitants de la paroisse d’Ars-en-Ré.
Mais de tout temps, les cétacés ont été signalés le long des côtes rétaises, suivant sans doute le Gulf Stream pour remonter vers le Nord. Certaines se laissaient surprendre par la grande marée et mouraient sur le banc rocheux de cette pointe de l’île, où la mer est très agitée.
Dès 1373, le lieu-dit « Les Baleines » est mentionné dans l’île de Ré sur la carte de Pizigani.
Quelques infos
– Nom : Phare des Baleines
– Hauteur : 60 mètres – 257
marches
– Diamètre : 18 mètres
– Coordonnées : 46° 14,712° N 01°
33,588 W
– Construction : dès 1849
– Allumage : 1854
– Portée (milles marins) : 27 milles
(environ 50 kms)
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Les côtes de l’île de Ré totalisent environ 110 km. Des côtes composées de dunes et de plages bien sûr, mais pas uniquement. Car l’île de Ré est aussi protégée de la mer par des falaises comme celles qui contournent l’abbaye des Châteliers à La Flotte, ou par des digues comme celles qui bordent le Fier d’Ars ou encore la monumentale digue du Boutillon, édifiée après la tempête Xynthia de 2010, pour remplacer une digue devenue obsolète. Des côtes également façonnées par les activités humaines : s’y dessinent les ports, parcs ostréicoles, marais salants et pêcheries appelées écluses à poisson, autant d’activités économiques traditionnelles de l’île de Ré. Photos de © Yann Werdefroy
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Un trésor de biodiversité sur l’île de Ré
L’île de Ré se distingue par son environnement sauvage préservé, la plaçant parmi les joyaux de la nature en France. Sa diversité écologique offre un refuge à une multitude d’espèces animales et végétales. Cet écosystème d’une richesse exceptionnelle est aussi d’une grande fragilité. Pour cela, la Communauté de communes s’engage pour préserver l’environnement, notamment grâce à l’écotaxe du pont de Ré. Des mesures concrètes sont mises en œuvre : protection des espaces et des espèces, éducation à l’environnement, surveillance du littoral, gestion des zones naturelles… Avec 80 % du territoire protégé, l’objectif est de limiter toute construction incompatible avec la préservation écologique. Une meilleure connaissance des populations locales est essentielle pour garantir la pérennité de cette biodiversité remarquable. Découvrons ici quelques exemples
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