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Le malaise des sauniers indépendants
Comme chacun sait la production de sel sur l’île passe par deux circuits différents. D’un côté les sauniers adhèrent à la Coopérative des Sauniers de l’Île de Ré qui se charge de conditionner et vendre leur production. Un certain nombre de leurs frais sont pris en charge et ils bénéficient d’un soutien de la CdC pour participer à des opérations de communication. Ou bien, les sauniers restent indépendants et s’occupent eux-mêmes de toute la chaîne de production, du conditionnement et de la vente. La coopérative regroupe en son sein 70 sauniers alors que les sauniers indépendants sont au nombre de 16 regroupés au sein de l’Association des Producteurs de sel marin de l’île de Ré, dont Jean-Michel Pelin, directeur d’Esprit du Sel, est le président.
Une indication géographique protégée
Les sauniers adhérents à la coopérative ont entrepris depuis deux ans avec les sauniers indépendants, une démarche commune afin d’obtenir l’IGP (Indication géographique protégée). L’IGP est un sigle d’identification européen créé en 1992 et « attribué aux produits alimentaires spécifiques portant un nom géographique lié à leur origine géographique. » Les noms d’IGP sont protégés dans toute l’Union Européenne. Cette procédure qui vise à asseoir la filière sur un sigle de qualité peut durer de deux à cinq ans. Les sauniers ont élaboré avec l’aide de l’Institut Régional de la Qualité Agroalimentaires (IRQUA) un dossier sur leur métier depuis l’historique jusqu’aux conditions techniques d’exploitation qui ne prend cependant pas en compte l’aspect commercialisation. Ce cahier des charges devrait être finalisé d’ici la fin 2012 puis transmis à l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) avant d’être approuvé par la Commission européenne et finalisé en 2013. Jean-Michel Pelin explique que « cette démarche est essentielle car le sel de Guérande a déjà son IGP, Salies-de- Béarn en a fait la demande et Gruissant, à Narbonne, prépare actuellement son dossier. D’autre part cela nous permettra de protéger la fleur de sel de l’île que l’on réussit désormais à produire en Méditerranée avec des méthodes que nous autres Rétais qualifions de discutables. »
Un même produit, deux prix différents
Jusqu’à l’obtention de ce sigle, tout le monde, indépendants comme adhérents à la coopérative, tire dans la même direction. Cela pourrait changer une fois l’IGP acquise. En effet, « D’après l’IRQUA le chiffre d’affaires annuel du sel dans l’île de Ré est d’environ 6 millions d’euros qui se répartissent en à peine 50 % réalisés par la coopérative et le reste par les sauniers indépendan ts » indique Jean- Michel Pelin, qui poursuit « On ne peut donc plus ignorer l’importance des sauniers indépendants, qui ne sont pas invités à siéger dans les commissions et instances de la profession prenant des décisions. » Les sauniers indépendants estiment que le prix de vente du sel de la coopérative est inférieur au leur, parfois de 30 % . Jean-Michel Pelin pose la question : « quel sel choisira un consommateur face, en grande distribution, à deux sels bénéfi ciant de la même IGP mais à des prix différents ? Il n’y a aucun doute, il choisira le moins cher. » Il rappelle que « leur situation est compliquée. Ils ne se sont pas remis des effets dévastateurs de Xynthia et 2010, 2011 et 2012 ont été des années de faible production.
Les sauniers indépendants ne souhaitent pas quémander, ce n’est pas dans leurs habitudes, mais ils ne peuvent tirer les prix vers le bas sans bloquer le développement de leur entreprise. » Le maintien des prix à la production ainsi qu’à la vente, sont les garanties de maintenir les marais salants et les sauniers dans un avenir durable. Toutes les formes de discount sont de nature à anéantir tout le travail mené depuis vingt-cinq ans par les sauniers indépendants, visant à maintenir et à revaloriser ces sites de production.
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