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Le corps est un voyage
Pour son premier festival de danse contemporaine, les 26 et 27 août, L a Java s’est associée à ContempoRé Danse et propose un « Voyage en corps » autour de la question du féminin.
« Le corps est notre maison, on devrait s’en occuper autant que de notre esprit. » Anne-Laure Nivet est la fondatrice de l’association ContempoRé Danse. Avec Joséphine Pérot et Eglantine Lucas, elle a répondu à l’appel de Claire Bouchard de La Poterie, de La Java des Baleines : « Il n’existait aucun grand événement autour de la danse sur l’île de Ré. » Toutes les trois sont danseuses, chorégraphes, pédagogues et partagent une vision commune de la danse, alliant rigueur et poésie. Lorsqu’elles se réunissent avec Claire pour préparer le festival, la conversation roule sur la question du féminisme, et des difficultés rencontrées par chacune dans son parcours. « De fil en aiguille, nous avons glissé du féminisme au féminin, et c’est comme ça que nous avons eu l’idée de ce « Voyage en corps » ». Le corps des femmes, d’abord, parce que c’est celui qu’elles connaissent le mieux : le leur, corps de danseuses exposé plus que d’autres aux regards, aux jugements, à la critique. « Dans les faits comme dans les discours, le corps des femmes est plus facilement agressé que celui des hommes », précise Anne-Laure Nivet. « Nous avons voulu lui rendre hommage et lui donner un espace pour s’exprimer. »
Corps en scène
Rendre hommage, d’abord. Le 26 août à 19h30, Joséphine Pérot présentera sa pièce Femme(s), une création pour cinq danseuses. Elle y met en lumière la femme dans son quotidien, au travers de choses banales. « Mon propos n’est pas féministe », témoigne Joséphine, « au sens où je mets en scène des femmes « comme tout le monde ». » Dans Femmes en corps, le triptyque qui le suivra, les trois danseuses donneront chacune à leur tour une réponse à la question : qu’est-ce que la féminité ? Eglantine Lucas reprendra notamment un solo mettant en scène un petit personnage clownesque, une fillette qui veut devenir « comme la ballerine de sa boîte à musique », et devra se défaire des injonctions pour réaliser son rêve. C’est aussi d’une injonction que part le spectacle de Solène Cerutti, dont le titre en dit long : Sandrine ou Comment écrire encore des spectacles quand on est féministe (et qu’on aime la pole dance) (voir aplat). Tous, nous disent-elles, nous sommes exposés à des discours sur ce que nous pouvons ou devons faire ou ne pas faire, hommes et femmes, dans l’enfance comme à l’âge adulte. Le travail sur le corps et les sensations est un moyen de s’en libérer.
Corps sensible
Le festival veut aussi offrir un espace pour que les corps s’expriment. Les deux jours débuteront par un atelier de danse ouvert à tous qui permettra à chacun de se connecter à son corps, de faire connaissance avec ses sensations, son vécu corporel. Ce « voyage avec son corps » est une entrée en matière dans la philosophie de la danse qui réunit les trois artistes. « Le ressenti du corps est à la base de la danse », explique Joséphine, « relié directement à l’émotion. » « Plus la conscience du corps est fine, plus il émane de nous des choses que l’on ignorait », renchérit Eglantine. La conférence tenue par Anne-Laure Nivet et Gwen Aublanc, le 27 août à 19h30, reviendra sur cette notion. Gwen Aublanc enseigne la danse contemporaine au CRR de Rennes. Elle est une spécialiste de l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé (AFCMD). « La méthode somatique permet de développer son potentiel corporel », nous dit Anne-Laure, formée également à l’AFCMD, « c’est-à-dire rien de moins que notre capacité d’agir dans le monde. » Gwen Aublanc, également fasciathérapeute, proposera des séances de fasciathérapie durant le festival. En fin de soirée, il ne restera plus qu’à mettre en pratique les enseignements reçus et se déhancher librement sur la piste de danse de La Java !
Informations, programme, horaires et tarifs sur le site de La Java des Baleines :
lajavadesbaleines.fr
Pour tout renseignement concernant l’association ContempoRé Danse et les cours
qu’elle propose toute l’année, contacter Anne-Laure Nivet : 06 78 80 33 74
contemporedanse@gmail.com
« Les plus belles n’étaient pas les plus maigres, mais celles qui s’assumaient »
Pour son dernier spectacle, la chorégraphe, danseuse et comédienne Solène Cerutti s’est immergée dans le milieu de la pole dance, et n’en est pas ressortie.
Remettons-nous dans le contexte. 2015, l’avant #Me too. Le terme « pole dance » renvoie à des images sulfureuses en noir et rouge, de corps féminins dénudés tournant autour d’une barre en métal dans le faisceau des regards masculins embrumés par l’alcool. « A l’époque, raconte Solène Cerutti, je voulais apprendre le mât chinois, mais il n’existait aucune école en France. En revanche, il y avait une école de pole dance. Quand j’en ai parlé autour de moi, on m’a répondu : « tu ne peux pas faire ça ! », sous-entendu : danser en petite culotte. Je l’ai fait, et je ne l’ai dit à personne. » Fidèle à sa méthode « d’immersion en territoires inconnus », qui a donné naissance à ses deux précédents spectacles1, Solène Cerutti consacre plusieurs années à l’étude de la pole dance. Elle découvre un milieu bienveillant, qui ne porte pas de jugement sur le corps. « Cela m’a changée de la danse contemporaine et classique, où on est toujours trop ceci et pas assez cela. » On commence tout juste à parler de grossophobie dans les médias. La géométrie des corps est encore dominée par la ligne droite. Autour de la barre métallique, Solène fait une autre expérience. « Les plus belles n’étaient pas les plus maigres, mais celles qui s’assumaient. » Entourées de miroirs, en short et en brassière, les débutantes n’ont guère le choix : s’accepter et faire preuve d’humour. De l’humour, la pièce n’en manque pas. Sandrine, l’alter ego de Solène, entre en scène avec la question que se posait cette dernière à ses débuts : la pole dance, est-ce féministe ? Mais, nous alerte Solène Cerutti, il ne faut pas s’y tromper : « La pole dance n’est qu’une excuse pour parler des femmes et du corps dans la société. » Neuf ans après, le regard de la société a évolué, sur la pole dance et sur les femmes. Dans le public, les gens disent repartir avec plus de questions qu’ils ne sont venus. Une bonne raison d’y aller. Eugénie Rambaud 1) Attendre n’est pas mourir mais ça y ressemble (2010) porte sur les femmes de marins ; Gibier, à poil !, (2013), sur les chasseurs.
Sandrine ou Comment écrire des spectacles quand on est féministe (et qu’on aime la pole dance), de Solène Cerutti, mardi 27 août à 21h à La Java des Baleines dans le cadre du festival « Voyage en corps ».
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