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« Le bouquin, c’est une maladie »
Êtes-vous déjà rentré dans l’antre d’Henri, le bouquiniste des Portes-en-Ré ? Au milieu de ses 35 000 livres, il ne sent plus la forte odeur de papier qui se dégage. Mais vous, oui. Rencontre avec un passionné, présent tous les jours dans son magasin, depuis onze ans.
S es livres, il les connaît tous, il en sait le titre, l’auteur et le contenu. Tout est dans sa tête, elle lui sert d’ordinateur. à Rivedoux dans son entrepôt il en a 200 000 en plus, il les connaît de la même façon. « Quand vous prenez un livre en mains, si vous avez une bonne mémoire visuelle, ça marche. En plus, mes bouquins sont marqués, je sais ce qui sort et ce qui rentre, et je fais l’inventaire chaque année » affirme-t-il en toute simplicité. Henri ne jette aucun livre. Lorsqu’il lui est proposé un stock, il les prend tous, quitte à ce que seulement un ou deux soient intéressants. Beaucoup sont invendables, ce qui explique l’énorme quantité accumulée depuis toutes ces années. « Il faut être réaliste, le livre n’est plus tout un créneau porteur » convient-il. Mais vaille que vaille il emmagasine. Beaucoup d’auteurs sont inconnus, ou connus seulement de quelques initiés.
Il doit tenir l’amour du livre de son père. Dans la grande maison de Loix, où la famille composée de cinq enfants résidait, le bureau de Raymond était bourré de livres d’ethnologie et de régionalismes. Il rédigeait des fascicules, sous le nom de Hervé, via la SEFCO, Société Folklorique du Centre Ouest qu’il avait fondée. Pour autant ce n’était pas sa profession, il était fonctionnaire aux Contributions indirectes, chargé du contrôle de la quantité des alcools distillés dans les chais. À l’époque, on disait « un Rat de cave ». Et pour étayer ses dires, Henri fonce dans ses rayonnages et revient avec un Dictionnaire des expressions populaires, afin de vérifier que cette expression existe bien !
Un parcours pas commun
Henri, natif de l’île d’Oléron, est arrivé à Loix à l’âge de 5 ans, où il allait à l’école communale. La famille était installée rue de Lavaud. C’est d’ailleurs là, en 1978, qu’il a créé son premier commerce, une boutique d’antiquités charentaises. Son nom : l’oeil de Boeuf.
Henri a justement un oeil aiguisé, sa formation sans doute. Élève d’un meilleur ouvrier de France, à l’école Derval de Surgères, il a appris le métier de publicité, peinture, décoration peintre. Puis il s’est dirigé vers la photo. À Paris, il est devenu free-lance, muni d’un Rolleiflex ou d’un Hasselblad, le nec plus ultra en matière de photo. « Je faisais les mondanités, je photographiais les stars des années 60, des gens qu’on appelle de nos jours des people », s’amuse t-il. Dali, Gainsbourg, Maurice Chevalier, Mady Mesplé, Thierry le Luron figuraient sur ses clichés. Il était le photographe attitré du restaurant Chez Drouant et du cabaret Chez Michou, il faisait la fermeture du Harry’s Bar. « On dépensait la nuit, ce qu’on avait gagné la journée. Et le lendemain on recommençait, il y en avait autant ! Ça sentait la joie partout ! ». Il a connu les évènements de mai 68 et l’odeur du gaz lacrymogène. Est arrivé le Polaroid, la photo s’est vulgarisée, l’attrait pour l’argentique a diminué. De retour à Loix, il est devenu « Tambour », celui qui faisait les annonces municipales au coin des rues. À midi, il sonnait la cloche de l’église. Il s’occupait aussi du cadastre. Assermenté, à chaque enterrement, il allait vérifier si le cercueil était bien le bon. « J’étais très occupé ! ». Ça a duré un peu plus d’un an. Il s’est ensuite lancé dans les antiquités. Après la vente de la maison familiale de Loix, il s’est installé successivement dans plusieurs endroits d’Ars, avant de se poser définitivement aux Portes. « J’ai vagabondé… ».
Certains jours, Henri ne voit personne dans sa boutique. Mais il est débordé, il trie, il range ses dernières acquisitions, en écoutant du jazz à fond. Et quand il vous dit, « Internet ne m’intéresse pas, je préfère la communication verbale », on le croit volontiers sur paroles.
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