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Le Bassin de Marennes s’est organisé pour affronter la crise sanitaire
Mickaël Vallet revient sur les actions menées par la CdC du Bassin de Marennes et commente la gestion du Gouvernement
Lors d’une conférence de presse en visioconférence, Mickaël Vallet, Président de la Communauté de communes du Bassin de Marennes (CdC) et maire de Marennes-Hiers-Brouage, a dévoilé les différentes actions menées par les services communautaires pour venir en aide à la population, notamment aux plus fragiles, ainsi qu’aux petits commerçants et artisans, dans cette période exceptionnelle. Il livre également ses considérations sur la gestion de la crise par le Gouvernement.
RMO à la Hune : Quel est le bilan sanitaire dû au Covid-19 sur le Bassin de Marennes ?
Mickaël Vallet : D’un point de vue sanitaire et médical, on a désormais à la CdC un service qui s’occupe depuis plusieurs mois d’un contrat local de santé qui travaille beaucoup durant cette période, puisqu’on tente de faciliter la vie des praticiens de ville dans la façon de leur transmettre les informations en provenance de l’ARS (agence régionale de santé) et de les mutualiser, car ils sont en demande d’informations et de coordination. Ne le connaissant pas, je ne peux pas vous donner le nombre de personnes dûment estampillés comme ayant eu le Covid-19 ou ayant été hospitalisés sur le Bassin de Marennes, simplement parce que les statistiques et les chiffres sont donnés au niveau départemental. Au début de la crise, on a pu avoir des informations de la sous-préfecture lorsque des personnes issues du territoire étaient hospitalisées, mais ça s’est très vite arrêté, le travail de la préfecture ne consistant pas à le faire, le comptable se faisant sur le fait de savoir si nous disposons d’assez de lits de réanimation, ce qui visiblement est le cas à La Rochelle. Je connais peut-être comme vous des personnes qui ont passé quinze mauvais jours chez eux avec de la toux et de la fièvre, ou très fatiguées pour rien en ayant eu des pertes d’odorat et de goût, mais nous ne disposons pas sur le bassin de cette comptabilité.
Ces informations nous ne les aurons pas, tout simplement parce que pour dire que les personnes sont « Covid », ça n’est intéressant du point de vue de l’Etat et de l’Assistance publique qu’à partir du moment où cela nécessite une hospitalisation, une réanimation et donc des risques d’engorgement. Tant que ça n’est pas le cas et que vous êtes soigné à la maison, malheureusement nous n’avons pas cet aspect là. J’ai contacté des généralistes pour savoir s’il était opportun de prévoir un local pour l’ouverture d’un centre Covid sur le bassin, la réponse qui m’a été faite a été négative parce que les généralistes eux-mêmes voient très peu de gens, même pas les malades chroniques qui ne vont plus chez le médecin, même s’il est important de le faire pour tout ce qui ne concerne pas le Covid. Par ailleurs, sur la proposition d’ouvrir un centre Covid, il n’y a pas le flux suffisant qui le justifie. Des personnes décédées à l’hôpital victimes du virus, je n’en ai pas connaissance. Pour ce qui concerne Marennes-Hiers-Brouage, je n’ai pas eu à signer d’actes de décès suite à une hospitalisation pour cause de Covid. À ma connaissance sur ma commune, personne n’est décédé dans ces circonstances.
Quelles mesures ont été prises sur votre territoire depuis l’apparition du virus en France ?
C’est une période très compliquée. Nous avons mis au clair au niveau de la CdC et de la commune de Marennes-Hiers-Brouage un certain nombre d’informations que l’on veut diffuser auprès de la population locale.
Nous assurons deux choses qu’il faut mettre en balance : la continuité des services totalement indispensables et notre responsabilité d’employeurs. On ne peut pas mettre en danger nos agents sans prendre au préalable les précautions nécessaires. Nous avons donc jonglé avec ces deux impératifs, qui font que l’ensemble des locaux de la CdC et de la commune sont fermés physiquement au public. Bien évidemment, derrière chaque numéro de téléphone et toute demande, il y a quelqu’un qui répond, et ce, depuis le début de la crise sanitaire. Nous avons maintenu, comme il se doit, les services de police municipale, de ramassage des ordures ménagères, de propreté, et mis ceux qui peuvent l’être en télétravail. Nous avons eu des difficultés sur le ramassage des déchets recyclés (sacs jaunes), comme l’ensemble des intercommunalités qui ont le même prestataire qui a fermé le centre de tri du jour au lendemain quand le confinement a été décrété. Il a fallu le temps de trouver un exutoire ailleurs, en l’occurrence à Poitiers, qui nous a permis d’effectuer un ramassage exceptionnel de ces déchets sur le Bassin de Marennes, mais ça n’est pas un redémarrage du service. Nous travaillons pour que cet exutoire puisse être pérenne, mais à l’heure actuelle nous ne pouvons pas le confirmer. Il faut que les gens comprennent qu’ils doivent continuer à conserver leurs sacs jaunes en dehors de ce ramassage exceptionnel dont les dates sont fixées et accessibles sur le site de la CdC (www.bassin-de-marennes.com). D’autre part, les déchèteries sont fermées aux particuliers, alors que nombre de personnes profitent du confinement pour faire le tri, ranger leur maison ou s’occuper du jardin, occasionnant déchets verts ou mise au rebus de meubles et objets.
Chacun doit comprendre que nous voulons mettre nos agents en sécurité, et que nous avons des prescriptions émanant de l’agence de l’environnement qui chapeaute cette question. Pour l’heure, elles sont ré-ouvertes sur rendez-vous pour les artisans qui en ont besoin, principalement ceux qui ont les tonnages les plus importants. À partir du 11 mai, nous verrons comment nous pouvons remettre en place ces services pour tous, même si nous les réactivons dès maintenant, dès lors que les employés municipaux n’ont pas à se croiser dans les vestiaires ou à travailler à plusieurs. D’autre part, nous avons reporté sine die la facture de ramassage des ordures ménagères du mois d’avril, qui correspond à 80% de la facture annuelle, le temps d’y voir clair sur les difficultés des uns et des autres.
Et au niveau communal ?
À Marennes-Hiers-Brouage, comme on n’avait pas de plan pangolin, on a déclenché le plan canicule. On a donc appelé l’ensemble des personnes que nous avions ciblées dans nos fichiers, qui s’étaient manifestées elles-mêmes au préalable, comme personnes fragiles, c’est à dire âgées, vivant seules, et dont la famille n’est pas à proximité. Si certaines n’ont pas été appelées, c’est simplement parce que ce sont des fichiers qui demandent à être constamment mis à jour. Si une personne est en perte d’autonomie du jour au lendemain, on ne peut pas le deviner, il faut donc se signaler auprès du CCAS (centre communal d’action sociale). Le plan canicule est réactivé régulièrement par un appel téléphonique automatique, et quand les gens ne décrochent pas à cet appel, nous les rappelons individuellement, ce qui a été fait par des élus municipaux bénévoles. Quand nous avons réussi à contacter toutes ces personnes, nous avons sérié ceux qui ne pouvaient aller faire leurs courses, soit une vingtaine de personnes, pour qui les élus municipaux font les livraisons et les ventes à emporter, notamment auprès des supermarchés.
Où en êtes-vous avec le port du masque qui sera vraisemblablement obligatoire bientôt ?
Les habitants de Marennes-Hiers-Brouage sont nombreux à interroger les élus et les services municipaux sur la question des masques (utilités, modalités d’utilisation, moyens de s’en procurer…). Ces questions sont formulées dans un contexte où les informations sont nombreuses, contradictoires et où les prises de position sont parfois empreintes de démagogie.
En effet, les représentants de l’Etat, qu’il s’agisse du gouvernement ou de l’ARS ont commencé par expliquer que les masques ne devaient pas être portés au lieu d’expliquer simplement qu’ils n’étaient pas encore disponibles en nombre suffisant. Les Français étaient pourtant suffisamment intelligents pour l’entendre.
Puis, alors que des établissements hospitaliers diffusaient des patrons de masques alternatifs et des conseils sur leur utilisation, l’ARS en déconseillait le port pour finir par les recommander quelques semaines plus tard dans ses communications dès lors que les autres masques répondant aux normes officielles (FFP, masques chirurgicaux, masques alternatifs dits SMS ou masques barrières) n’étaient pas disponibles.
Ce flou et ces injonctions contradictoires ont conduit certains élus et dirigeants de collectivités à faire à partir de la fin mars, des annonces dictées par une peur évidente de se voir demander des comptes au deuxième tour des municipales. Certaines grandes villes ou agglomérations ont ainsi promis de doter l’intégralité de leur population en donnant à penser que cette dotation serait à effet immédiat.
La vérité est bien différente. Comme partout en France, la distribution de masques à l’intégralité de la population ne peut être aussi rapide et nécessite un temps de fabrication. Il n’y qu’à se rendre sur le site internet des collectivités qui ont annoncé des distributions immédiates pour constater que ceux qui ont fait ses promesses demandent désormais à leur population de fabriquer des masques maison dans l’attente de l’arrivée des commandes, et que la majorité des territoires seront intégralement prêts le 11 mai, mais guère avant.
De la même façon, toutes les commandes passées pour obtenir des masques « classiques » (FFP, chirurgicaux…) se heurtent à la règle simple de la pénurie. Les livraisons se font au fur et à mesure du réveil des usines chinoises ou de l’adaptation de chaînes de production européennes reconverties dans la fabrication de ces masques.
Je tenais à faire part très officiellement de mon regret de voir la réponse légitime à apporter à des concitoyens à la question des masques, prendre une tournure aussi électoraliste et de compétition entre les territoires. Il y a des approches démagogiques et il y a les approches sérieuses et efficaces.
C’est pourquoi notre deuxième initiative a été de se lancer le 22 mars avec l’atelier couture du CCAS dans la fabrication de masques alternatifs lavables en tissu, suite à la sortie par le CHU de Grenoble (centre universitaire hospitalier) d’un tutoriel et d’un patron pour les réaliser. Ils ont servi dans un premier temps aux aides à domicile, et à tous ceux qui peuvent en avoir besoin dans le cadre du travail (agents communaux, police municipale…). Je précise que les élus sont eux-mêmes équipés de masques en tissu. Les autres masques ont été confiés aux pharmacies de Marennes pour les remettre aux personnes les plus exposées, à la discrétion des pharmaciens. On est en train de monter en puissance, et nous lançons aujourd’hui (le 20/04/2020, ndlr) un appel à tous ceux qui le veulent bien et qui sont en capacité de faire de la couture, pour continuer de fabriquer ces masques alternatifs en tissu, selon les normes de l’Afnor (association française de normalisation). Je rappelle qu’après qu’on se soit lancé là-dedans sur le modèle du CHU de Grenoble, l’ARS a trouvé le moyen de dire aux gens de ne pas faire de masques en tissu. Aujourd’hui, l’Afnor, à la demande de l’État, sort le patron et le modèle. La vérité sur la question des masques, c’est qu’aucun masque c’est moins bien qu’un masque en tissu normé, le masque en tissu normé est moins bien que le FFP2 ou le masque chirurgical, ceux-ci étant moins bien qu’un costume de cosmonaute… Seulement, dans la situation où nous sommes, il faut se battre pied à pied.
Donc, nous allons continuer sur la commune à remettre les pièces de tissus à assembler à l’atelier couture et à tous les bénévoles qui le souhaiteront. Maintenant que l’étape de dotation aux intervenants à domicile et aux personnes fragiles identifiées par les pharmacies est passée, la fabrication des masques en tissus se poursuit donc avec le concours supplémentaire d’agents municipaux, afin d’équiper désormais les autres publics prioritaires (bénéficiaires de l’aide à domicile, personnes inscrites au plan canicule…). Par ailleurs, une distribution de ces masques supplémentaires sera réalisée auprès des clients du marché de Marennes à compter du samedi 25 avril et dans la limite du stock disponible. J’invite du reste chacun à fabriquer son propre masque en tissu.
D’autre part, le 17 avril, la Communauté de Communes du Bassin de Marennes a été livrée de 5 000 masques de type FFP2 non réutilisables, commandés en début de pandémie, en provenance de Chine. Les 1 600 masques chirurgicaux commandés sont toujours en attente de livraison.
Enfin, la commune de Marennes-Hiers-Brouage a répondu favorablement le 17 avril à l’initiative de commandes de 650 000 masques réutilisables en tissu pour l’ensemble des habitants de Charente-Maritime de la part et au frais du Conseil départemental. La livraison est annoncée pour le 11 mai au plus tard. Les habitants de Marennes-Hiers-Brouage, ainsi que ceux des autres communes du bassin, seront donc pourvus, y compris ceux qui auront déjà été dotés d’un masque fabriqué par l’atelier couture et les bénévoles. Les modalités de distribution seront précisées ultérieurement.
En conclusion, à ce jour, ce sont plus de 1 000 masques qui ont été ainsi distribués aux habitants de Marennes-Hiers-Brouage. A la mi-mai tous en seront pourvus.
Quels sont les effets actuels, à court, moyen et long terme de la crise pour vos administrés ?
Il n’y a jamais eu aucune rupture, sinon une fois, le temps d’organiser les choses, en ce qui concerne la distribution alimentaire, soit pour des personnes pour lesquelles nous avons organisé, notamment sur Marennes-Hiers-Brouage, l’acheminement des ventes à emporter dans les supermarchés par l’entremise de bénévoles, dont des élus, soit par l’intermédiaire de la banque alimentaire où ce sont des agents communautaires, qui ont maintenant remplacé les bénévoles d’un certain âge qu’on ne voulait pas mettre en danger, qui font du porte à porte pour livrer les colis en provenance de cet organisme. Ce qui a nécessité un très gros travail de la part du CIAS. Enfin en télétravail, nous avons pris soin de renseigner une par une, l’ensemble des assistantes maternelles du bassin de Marennes qui se sont retrouvées du jour au lendemain dans une situation où leur employeur ne s’y retrouvaient pas vraiment dans les papiers, car lorsqu’il faut mettre des gens dans une situation administrative aussi originale que celle que le confinement nous impose, et que vous n’avez pas non plus énormément de visibilité sur ce qu’elles avaient le droit de faire ou pas en terme d’accueil chez elles, les services de l’État ont du s’organiser également au fur et à mesure. De ce point de vue le relais d’assistantes maternelles a joué un rôle important, sachant que la crèche et les maisons d’assistance maternelle sont fermées.
Il y a des services auxquels l’ensemble de la population n’a pas recours, mais fondamentaux pour certains, notamment le CIAS (centre intercommunal d’action sociale), en ce qui concerne les secteurs enfance-jeunesse, aide à domicile et aux plus fragiles.
L’intercommunalité marennaise gère un service d’aide à domicile avec une centaine d’agents. On cesse d’aller chez les personnes qui sont souvent âgées pour les opérations de type ménage, entretien ou faire les courses. On s’est assuré que l’ensemble des bénéficiaires ne soient pas dans une situation intenable. On s’est donc assuré que les personnes chez qui on intervenait, il y ait une prise de relais familial, et quand ça n’était pas le cas, on a mis en place grâce aux agents communautaires des courses à domicile. Pour ceux qui constituent la moitié de nos bénéficiaires concernant l’aide personnalisée à l’autonomie ou la prestation de compensation de handicap, nous avons poursuivi le travail. Ce qui est très compliqué lorsque qu’on ne vous explique pas du point de vue de l’État quel est le protocole (comment ça marche avec le matériel, sur-blouse ou pas, quel type de masque…), il a fallu qu’on établisse notre propre protocole et le faire valider par l’ARS (agence régionale de santé).
Je remercie d’ailleurs les agents de service public dans ces circonstances particulières, car nous n’avons laissé personne sur le carreau pour les interventions à domicile. Nous reprenons à partir de cette semaine, l’ensemble de nos services à domicile, puisque nous avons commencé à recevoir le matériel (masques et gel hydro-alcoolique) que nous avons commandé il y a plusieurs semaines. Nous en avons maintenant suffisamment pour pouvoir intervenir auprès de l’ensemble de nos bénéficiaires. Nous avons eu aussi le cas de personnes fragiles ou en situation de précarité, dont la situation s’est exacerbée avec le confinement. Tout cela a été traité par les communes.
Sur Marennes-Hiers-Brouage, nous avons géré sans être débordé. Pour l’heure, je n’ai pas de délivrance plus importante que d’habitude des aides d’urgence, y compris d’un point de vue économique parce que la vague n’est pas encore là. Pour l’instant, entre les suspensions de loyers lorsque ça a été possible, le report de crédit, le fait d’avoir rempli les dossiers pour les aides de l’État, nous en sommes encore à essayer d’avoir une photographie la plus réaliste possible des difficultés économiques, souvent pour des personnes qui sont leur propre patron et dont l’intégralité de l’entreprise repose sur eux.
Et au niveau entrepreneurial ?
Du point de vue des entreprises, nous avons, avec le service centralité, été en lien avec l’ensemble des associations de commerçants du territoire, et des mairies lorsqu’il n’y en a pas, pour essayer d’analyser et de comprendre qu’elle était la réalité de la situation pour les petits commerces de centralité. C’est très compliqué car très évolutif. Il faut se remettre dans la situation dans laquelle on était le 17 mars quand on nous a dit confinement. Personne ne savait combien de temps cela allait durer. On a pensé que ça ne pouvait durer que quinze jours ou trois semaines, le temps de laisser passer la vague. On sait maintenant qu’on en a pris pour au moins jusqu’au 11 mai, et les choses ne se débloqueront que de manière très progressive.
Donc, il faut être à l’écoute des commerces de centralité, ce que nous faisons avec des relances régulières, le service développement économique a contacté l’intégralité des entreprises situées sur les zones d’activités économiques communautaire sur l’ensemble du territoire. Nous avons un tableau très précis de ce que disent les uns et les autres, malheureusement les situations évoluent d’une semaine à l’autre. Nous sommes très attentifs à cela, et nous sommes partants pour nous inscrire quand ils seront totalement opérationnels dans les dispositifs régionaux qui proposent des fonds sur l’ensemble des intercommunalités. Ça demande un peu de travail d’ingénierie qui est en cours de réalisation. L’action la plus immédiate qui a été menée, est celle qui concerne l’annuaire des entreprises. C’est dans cette période de crise qu’on se rend compte de l’importance fondamentale de pouvoir avoir des entreprises ouvertes, avec des services de commandes, de livraisons, de ventes à emporter, de bons d’achats ne serait-ce que pour soutenir le commerce.
Tout ça réclame que l’information circule de manière fluide, ce que nous faisons en mettant en place un module informatique pour recenser les entreprises du bassin qui continuent de travailler par le biais de cet annuaire numérique, qui permet d’avoir le lien vers le site internet pour la vente en ligne quand elle existe, le numéro de téléphone lorsque cela se résume à ça, ou le compte Facebook. On a de la demande notamment sur les entreprises qui vendent des produits alimentaires, mais il n’y a pas que ça. C’est une volonté de la CdC de rebasculer l’ensemble de sa philosophie sur les questions de commerces de centralité et de soutien à l’économie, avec l’idée que l’économie c’est aussi du lien entre les gens.
Sur Marennes-Hiers-Brouage, pour l’instant, entre les suspensions de loyers lorsque ça a été possible, le report de crédit, le fait d’avoir rempli les dossiers pour les aides de l’État, nous en sommes encore à essayer d’avoir une photographie la plus réaliste possible des difficultés économiques, souvent pour des personnes qui sont leur propre patron et dont l’intégralité de l’entreprise repose sur eux. Le ressenti et le retour qu’on a du point de vue de l’artisanat, du BTP, des aménagements intérieurs, c’est que même ralentie l’activité se poursuit. Notre crainte est pour les entreprises de type commerces de centralité, où nous n’avons pas encore autant de remontées que ce qu’on pouvait imaginer. Nous allons nous-mêmes à la pêche aux informations, le chargé de mission centralité passe beaucoup de temps au téléphone pour faire de la relance pour connaître la situation de gens qui eux-mêmes ne savent pas comment va se dérouler la saison touristique, et ne savent pas où ils en seront dans quinze jours. Pour l’instant, on en est à essayer de comprendre, et nous ne sommes pas encore dans le dur des difficultés. Je ne les nie pas, simplement elles vont venir une fois que la trésorerie sera épuisée. C’est un mois blanc, comme lorsque vous fermez pour les vacances.
Un bureau communautaire s’est tenu en visioconférence le 16 avril. Nous avons listé l’ensemble de nos investissements qui étaient engagés pour les poursuivre, comme la requalification de la zone d’activités de Fief de Feusse de Marennes avec des opérations de BTP, ou la publication de notre carnet des charges sur les différentes opérations de travaux dans le marais de Brouage, mais on va aussi devoir faire dans les semaines qui viennent un point budgétaire très précis, parce que la crise durant et se poursuivant, c’est une adaptation permanente que nous devons avoir pour essayer de comprendre ce qui va nous arriver par la suite.
On nous annonce que l’on va commencer à desserrer l’étau à partir du 11 mai. Je l’entends, mais nous sommes un peu dans la situation des stations de ski à qui on a dit il y a un mois que la saison n’avait pas lieu. Là, on est en train de nous dire, et je le comprends, que les restaurants ne vont pas ré-ouvrir, qu’il n’y a pas de festival jusqu’à mi-juillet et que pour l’instant on ne peut pas faire de prévisions pour les vacances d’été. Et nous on sait que s’il n’y a pas de saison touristique, c’est là où ça va cogner.
Ça me rappelle Xynthia. J’ai siégé pendant plusieurs années à la commission nationale mixte inondations. Le lendemain de Xynthia, tout le monde était autour de la table, y compris les assureurs, pour essayer de prévoir ce que serait un nouvel épisode Xynthia et ce qu’on ferait différemment de ce qui a eu lieu lors de cet épisode dramatique. C’est toujours la même question qui se pose. On est assuré pour des choses qu’on imagine voir se dérouler. Là se déroule quelque chose que personne ne pouvait imaginer, et les assurances se replient en laissant les petits commerces dans une situation catastrophique au niveau des pertes d’exploitation, notamment dans le domaine touristique. Malheureusement, je pense que cela relève plus de l’État et du Ministère de l’Économie que de chaque municipalité de pouvoir solder ce point de vue là.
On imagine parfaitement que la note sera salée. Qui paiera ?
D’un point de vue politique et militant, il est bien évident que, la crise ayant été attendue ou pas, qu’elle ait été gérée bien ou mal, la question qui va se poser derrière est de savoir qui paiera la facture. Il va y avoir à nouveau une ligne de partage, et là je ne suis pas sûr que le monde d’après soit différent du monde d’avant. La question est qu’il faudrait que ce soit ceux qui ont les moyens qui payent et que ce ne soit pas ceux qui ont les moyens et le superflu qui s’en sortent. Il y a ceux à qui ça pourrait coûter le superflu et ceux à qui ça va coûter l’essentiel. Ce sont ces derniers qui sont préoccupés par l’économie présentielle, réelle. C’est la grande différence avec 2008, où c’était l’économie financière qui était en jeu. Là, on parle de ce qu’on voit, votre coiffeur, votre boulanger, votre plombier ou votre voisine qui complète sa retraite en louant son logement aux touristes quatre ou cinq fois l’an, c’est concret. Autre exemple, sur le service d’aide à domicile, du fait du confinement et de notre retrait temporaire sur les interventions, du fait que les familles ne souhaitent plus que leurs parents âgés soient visités par d’autres personnes qu’eux, il va y avoir un déficit en France dans l’ensemble des services d’aide à domicile qui va être catastrophique. Or ces services sont absolument fondamentaux pour la cohésion du pays, pour que partout sur le territoire français on puisse avoir des gens qui interviennent chez ceux qui sont en perte d’autonomie. Ces services sont en difficulté parce que l’État a imposé il y a deux ans une limite aux dépenses de fonctionnement de la part des départements, parce que l’Europe, et les gouvernements qui l’ont bien voulu, ont fixé la règle des 3% de déficit public.
Aujourd’hui, on voit qu’à la faveur de cette crise tout ça saute. Le Gouvernement a suspendu le pacte de Cahors et la question des 1,2% (loi de programmation des finances publiques fixant un objectif d’évolution des dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales de 1,2 % par an sur une période de cinq ans, ainsi qu’une réduction de leur besoin de financement de 2,6 milliards d’euros par an. En contrepartie, le gouvernement s’engage à mettre un terme à la baisse des dotations de l’Etat initiée sous la précédente législature, ndlr), et la question des déficits par rapport à Maastricht quand on voit le déficit qui galope actuellement du fait de la crise sanitaire, voilà donc par exemple un secteur qui mériterait que le monde d’après ne soit pas comme le monde d’avant, et que les départements puissent financer beaucoup plus ces secteurs là sans être contraints. Ça va être un enjeu où les collectivités et les élus locaux ont la main, et ça va être des grands débats dans l’après confinement. Au département de la Charente-Maritime, ça fait des années que je m’époumone à demander un meilleur financement des aides à domicile. Il ne s’agit pas ici seulement de se mettre aux fenêtres pour applaudir les soignants, à un moment il va falloir y aller.
À votre avis, qui a les moyens de subvenir aux catastrophes financières qui menacent les PME ?
Les grandes compagnies d’assurance par exemple. Si on fait un parallèle avec le sauvetage de 2008 d’un point de vue financier, il est clair que si l’effort doit porter principalement sur le petit commerçant ou le petit artisan, qui eux jouent leur patrimoine personnel, on aura droit à un festival d’injustices comme on l’a à chaque crise.
Personne ne pouvait prévoir la façon dont nous sommes paralysés aujourd’hui. Le Président de la République a fait un peu d’incantation la semaine dernière en disant « je veillerai à ce que les assurances prennent toutes leurs parts ».
Quelles sont vos considérations sur la gestion gouvernementale de la crise ?
Il faut rester humble. J’ai une interrogation. Je ne comprends pas comment font les Espagnols et les Allemands pour faire mieux que nous. Je ne vois pas pourquoi on ferait moins bien sur la distribution des masques. Il y a un mystère que je ne comprends pas. Les Espagnols distribuent les masques dans les transports en commun par exemple. Deuxième point, ça me fait très mal d’entendre autant de couplets avec les violons sur le personnel soignant. Tout à coup aujourd’hui, alors qu’ils ont été délaissés depuis des années, les soignants sont à mettre sur un piédestal. Ils ne veulent pas être sur un piédestal, ils veulent être bien payés pour ce qu’ils font. Il aura fallu une crise à moins huit points de croissance pour y arriver. Et le troisième point, s’il y a bien une chose que je reproche au Gouvernement, est d’avoir annoncé il y a un mois que les masques ne servaient à rien, voire étaient pire que le mal, parce que les gens ne savaient pas s’en servir, pour masquer le fait qu’il n’y en avait pas. Ce qu’on a entendu de la part de la communication gouvernementale sur la question des masques a été très infantilisant, en ne faisant pas confiance aux gens pour comprendre la situation. Après, les questions de dates ou d’écoles, je ne suis pas épidémiologiste et je n’ai pas le conseil scientifique à côté de moi pour me dire la réalité des choses.
J’ai l’impression de prêcher dans le désert depuis douze ans, en tant que Président du Conseil de surveillance de l’hôpital de Marennes, et politiquement au sein du Conseil Départemental sur l’aide à domicile. Je suis même allé au contentieux avec le Département, il y a trois ans avec le CIAS du Bassin de Marennes, qu’on a fini par retirer parce qu’en introduisant ce contentieux en allant devant le juge, on a fini par obtenir partiellement raison sur des problèmes budgétaires, où une année nous n’étions pas satisfaits de la tarification départementale concernant les aides à domicile. Il faut aller jusque là pour se faire entendre. On met de l’argent en France sur des compétences, parfois dans des collectivités dont ce ne sont pas leurs compétences premières, alors que la compétence première est l’action sociale. On devrait être au top de l’innovation, de l’ingéniosité, de l’invention et du financement à ce niveau. Alors, tout le monde se retranche derrière un argumentaire : le Département dira, ça n’est pas nous c’est l’État qui nous bride sur les dépenses de fonctionnement, et l’État vous dira c’est l’Europe…
À un moment, il y a pourtant bien quelqu’un qui décide. En l’occurrence les citoyens, si chacun prend conscience de ce qu’est le système médical, l’intervention à domicile et l’ensemble de la chaîne des soignants. J’espère que cette crise sanitaire va le permettre. Mais, il y a un désordre financier tellement énorme derrière tout ça, que je ne suis pas naïf. Le combat va reprendre après la crise. Il n’y aura pas de monde d’après sans combat politique. Ça ne va tomber tout cuit. La prise de conscience, si elle n’est pas collective et organisée, ne sert à rien. Il va falloir faire le bilan de cette crise quand on en sera sorti, et le gouvernement sait forcément qu’il va lui arriver des moments difficiles car il devra rendre des comptes.
Propos recueillis par Antoine Violette
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Accompagnement des familles et des plus fragiles
Permanence téléphonique au CIAS 05 46 85 75 43 du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h. Facebook @CIASMarennes.
Fermeture des crèches, accueils de loisirs, locaux jeunes.
Accueil assuré pour les enfants des personnels de soins et de sécurité dans le cadre défini par l’État.
Permanence du Relais petite enfance pour accompagner les parents employeurs et les assistantes maternelles du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17H. 06 23 58 92 17 ou 06 25 12 32 04. ram@bassin-de-marennes.com
Aide à domicile : permanence téléphonique du lundi au vendredi de 9h à 16h au 05 46 85 93 41.
Distribution alimentaire : permanence téléphonique du lundi au vendredi de 13h30 à 16h au 05 86 57 00 10
Ramassage des déchets
Gestion adaptée des déchets : permanence téléphonique au 05 46 85 98 41 du lundi au vendredi de 9h à 12h30 et de 14h à 17h.
Déchetterie sur RDV pour les professionnels : 05 46 85 98 41
Reprise de la collecte des sacs jaunes le 7 mai
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