Le 11 mai, on reprend tous l’école !
La 4ème allocution du Président de la République de cette période inédite de pandémie touchant le pays était attendue par les Français lundi soir 13 avril 2020.
Presque 36,7 millions d’entre eux ont répondu à l’invitation et l’ont écoutée. Un mois après la décision justifiée du confinement, beaucoup – voire tous – attendaient un véritable plan ou programme d’actions de lutte contre le mal qui sévit dans notre pays et touche de plus en plus de concitoyens. Un programme d’actions en phase avec la stratégie décisive et comprise de tous les Français le confinement de la population et ses incidences contraignantes sur les activités sociales, économiques, qu’elles soient privées ou publiques.
Après quelques hésitations dues au caractère inédit de la situation, cette stratégie de confinement a été décidée démocratiquement par le Parlement (ses deux assemblées), la société civile dont les professionnels opérationnels de la santé qui y ont occupé une place légitime, comme le Gouvernement et le Président de la République.
Rien à dire sur cela, la démocratie et ses institutions ont fonctionné. Aujourd’hui la stratégie de confinement est nationalement respectée par ce qu’on appelle la 3ème ligne, c’est à dire la population à la marge près d’irréductibles ou d’inconscients. Les activités de première ligne (santé, sécurité, alimentation, transport, énergie, services des eaux, etc.) font efficacement et admirablement leur métier comme celles de deuxième ligne.
Bien sûr il y aura l’heure du bilan nécessaire et sans concession qui devra être menée après la crise sanitaire, sur l’absence de masques et sur la situation dramatique des hôpitaux. Dont les personnels trouvent sur leur seul professionnalisme, leur seul engagement individuel et collectif les ressources pour pallier tant bien que mal les manques de personnels, de matériels lourds comme de fournitures du quotidien décidés par les politiques gouvernementales successives.
De plan ou de programme, force est de constater qu’il n’y en a pas eu de la part du Président de la République. A la place une annonce de mesures, d’aides futures aux agents économiques, de budgets divers consacrés aux manques actuels, d’allégements de charges, de commandes de masques, de projets de traitements du covid-19 de prévisions de tests de détection pour les personnes contaminées … Tout cela ne fait pas un programme !
D’organisation, de logistique, il n’en a pas été question. Certains diront ce n’est pas le rôle du Président. Et bien si dans les circonstances actuelles, « le chef déclaré de la guerre contre le Covid 19 » de la première allocution aurait dû livrer un plan robuste d’actions simples et pragmatiques en l’état de nos connaissances s’entend. C’est à dire de nos savoirs, de nos ignorances aussi et de nos doutes sur la pandémie. Le président n’a pas été au rendez-vous, comme il ne l’a pas été sur la crise profonde de notre système de santé et des hôpitaux publics en particulier. Bien pire il a ouvert une brèche dans la digue du confinement !
L’annonce d’une reprise des écoles, collèges, lycées là partir du 11 mai est révélatrice du drame qui se joue depuis de longs mois à la tête de l’Etat français contre l’avis des professionnels opérationnels de santé qui n’ont pas manqué de le préciser le soir même ou le lendemain, je citerai notamment l’INSERM, et le propre Conseil scientifique du chef de l’Etat qui majoritairement était contre commencer « le déconfinement » par l’ouverture des écoles.
Alors que la première mesure de protection de notre société fut de fermer les écoles, cette décision pose clairement le sujet d’une prise importante de risques. Elle est bien sûr porteuse d’inquiétudes pour de nombreux professeurs, parents, médecins et surtout elle est un changement complet de la stratégie reconnue du confinement, puisqu’elle va libérer 12,5 millions d’enfants et de jeunes mais aussi les enseignants (plusieurs centaines de milliers de profs…), les transporteurs scolaires, les accompagnateurs des enfants parents ou grands-parents, etc .
Alors oui il y a les raisons affichées, éviter le décrochage scolaire, réduire les inégalités des enfants dits défavorisés, oui il y a les raisons réelles qui sont de faciliter la reprise du travail pour les parents des enfants, oui il y a eu les pressions et influences « Monsieur le Président prenez la décision, c’est votre décision, affranchissez-vous des experts ! », oui il y a les atténuations évoquées, la reprise sera progressive, les enfants seraient porteurs sains, etc.
Pour ces raisons est-il censé de remettre des millions de gens dans « le grand bouillon de culture » de l’Education Nationale aux sens propre et figuré ? Avec tous les risques associés aux cantines, cours de récréation, salle de classe « confinée «, bus scolaires et des enfants porteurs de masques hypothétiques ?
Tout ça pour sept semaines de classe ! Que pense le Parlement sur ce sujet qui concerne toutes les familles ? Dans quel état d’esprit les parents libéreront ils leurs enfants le 11 mai prochain ? Et les enseignants les accueilleront ils le cœur léger ?
Non les enjeux du pays ne sont pas de reprendre le chemin de l’école le 11 mai. Ils sont fondamentalement dans la sécurisation de la santé de ses populations et dans la reprise éclairée, responsable et active de ses Entreprises et organisations diverses.
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