- Patrimoine
- AG de l'ADEPIR
« L’avenir des pêcheries passe par une professionnalisation des équipes d’intervention »
L’Association de défense des écluses à poissons de l’île de Ré, qui fêtera ses 20 ans cet été, se porte bien, mais a besoin de renforcer ses équipes de bénévoles, pourquoi pas par des contrats aidés ? La piste a été lancée lors de l’AG qui s’est tenue le 30 avril.
En présence de plus de la moitié de ses 134 adhérents, ainsi que de Gisèle Vergnon, maire de Sainte- Marie et de Lionel Quillet, président de la Communauté de Communes, Dominique Chevillon, actuel président de l’Adépir, a évoqué la bonne santé financière de l’association, aidée par ses partenaires que sont la CdC, le Crédit Agricole, et cette année la Maaf qui a financé le calendrier des écluses. Il a remercié aussi les chefs d’écluses et l’ensemble des co-détenteurs, sans le savoir faire et l’implication desquels rien ne serait possible.
Des satisfactions et des sujets d’inquiétude
« Le contexte actuel appelle toutefois à une grande vigilance », a-t-il expliqué, « les modes de vie, les contraintes, les engagements ont évolué » et il devient difficile de maintenir ce patrimoine rétais exceptionnel sur la seule base du bénévolat. Il est cependant encourageant de relever que les 14 écluses à poissons en activité de l’île de Ré sont toujours détenues par des Rétais, contrairement aux 14 écluses de l’île d’Oléron qui ont échappé aux Oléronais et sont désormais détenues par des membres de Rochefort, Surgères, La Rochelle…
Autre point d’attention, les co-détenteurs prennent de l’âge et l’Adépir risque de perdre une partie des savoirs et savoir-faire des bâtisseurs d’écluses. Un travail de conservation de la mémoire, confié à Jacques Boucard dans le cadre de l’Université du Littoral, devra permettre de garder les traces des techniques et des savoirs. Inhérent à ce vieillissement, le second enjeu que doit relever l’Adépir est d’attirer des jeunes et de les former.
Un vibrant hommage a été rendu à Lucien Joubert, fondateur de l’Adépir, disparu cette année, avec une minute d’applaudissements nourris. « C’était un sacré client, comme on dit ici, et un patron pêcheur respecté et apprécié de tous » a souligné Dominique Chevillon.
Gisèle Vergnon a rappelé que la mairie de Sainte-Marie soutient activement l’Adépir, via l’Ancre Maritaise créée il y a 8 ans, qui participe largement à l’information et la communication autour des écluses, avec notamment de nombreuses visites organisées sous son égide et une exposition. Elle a émis le souhait qu’un diplôme consacrant le savoirfaire des bâtisseurs d’écluses, tout comme pour les murs en moellon chers à Sainte-Marie, puisse être créé.
La CdC est prête à accompagner l’Adépir dans la professionnalisation des équipes d’intervention
Lionel Quillet s’est engagé à aider l’Adépir à faire reconnaître beaucoup plus encore ce patrimoine vivant que représentent les écluses auprès des Ministères. Soulignant le dynamisme des bénévoles de l’Adépir, il a aussi relevé la fragilité d’un système qui ne repose que sur la motivation humaine. Confirmant le rôle de protection des côtes rempli par les écluses, qui avait été souligné par Marinette, adhérente, rôle non reconnu par l’Etat, il a aussi enfoncé le clou en annonçant que l’on serait de plus en plus confrontés à des évènements climatiques qui « tabasseront » les écluses, comme Moufette l’a été. Il a aussi lancé l’idée qui consisterait à professionnaliser les interventions sur les écluses, avec une brigade de 2 ou 3 personnes qui viendraient en renfort et au secours des bénévoles. « La CdC finance à hauteur d’environ 13 000 € l’Adépir, elle pourrait mettre beaucoup plus au nom de sa protection des côtes, pour laquelle elle dépense par ailleurs des dizaines de millions d’€, mais à quoi cela servirait-il s’il n’y avait plus de bras ? Nous pourrions aider l’Adépir pour le financement de contrats de six mois… Cela changerait certes l’âme de l’Adépir, mais l’île de Ré en créant le métier de bâtisseur / réparateur d’écluses serait précurseur, il faut s’en donner les moyens ». La perche ainsi lancée n’a pas paru incongrue aux adhérents, si l’on en croit les applaudissements.
Le rapport d’activité de l’association a ensuite permis de mettre en évidence la consolidation des relations avec les Affaires Maritimes et avec les partenaires, le succès des visites d’écluses et la réussite du calendrier des marées qui présentait en photos les 14 écluses rétaises, dont 380 exemplaires ont été vendus, soit l’intégralité de l’édition.
Un projet de recueil de la mémoire des savoirs et savoir-faire des bâtisseurs de pêcheries
Jacques Boucard, qui a fait une thèse sur les écluses, connu pour sa rigueur scientifique et historique et sa méthodologie, a présenté le projet dont il a la charge dans le cadre de l’Université Populaire du Littoral Charentais, mise en place au lendemain de Xynthia. Celle-ci a pour objectif de faire cohabiter des gens qui ont une expertise avec des citoyens qui ont, eux, une expérience de terrain. Cette structure est en capacité de recueillir des témoignages, de les valoriser puis de les restituer. L’un des grands projets de l’Adépir étant de reconstruire une écluse et à cette occasion de recueillir les savoirs et savoir-faire autour de la construction des pêcheries, afin d’en avoir une bonne vision. Les techniques sont en effet extrêmement compliquées, elles évoluent au fil du temps et du retour d’expérience, mais aussi en fonction des moyens modernes utilisés.
Un reportage vidéo sera fait, l’un de quelques minutes pour présenter une opération de construction, l’autre de 30 minutes utile pour former les gens et servir de référence. L’objectif est de conserver les savoirs.
Lilian Nadaud, nommé responsable des travaux pour l’Adépir, a présenté les différents travaux menés en 2015 sur les écluses de la Foirouse (Ars), de la Paillarde (Ste Marie), de la Providence (Les Portes) sans oublier Moufette (St Clément). Début 2016, des travaux ont été entrepris à la Brizère et à Belle Pointe. Ceux-ci sont souvent réalisés avec les professionnels de l’AEMA, toujours en parfaite concertation avec les chefs d’écluses qui ont la connaissance du terrain. Ces travaux ne remplacent pas la surveillance opérée au quotidien par les co-détenteurs.
Le trésorier, Michel Gallot, a présenté des comptes 2015 et un prévisionnel 2016 à l’équilibre avant que ne soient votés à l’unanimité le renouvellement de quatre membres : Michel Druon, Michel Gallot, Michel Fiquet et Maddy Glejean, ainsi que l’entrée de Marcel Moa (La Chiouze aux Portes). Dominique Chevillon était ainsi heureux d’annoncer que c’est historiquement la première fois que toutes les communes ayant des écluses sont désormais représentées au conseil d’administration de l’Adépir.
Au secours de Moufette
Michel Martin a invité tous les adhérents et bénévoles qu’ils soient Villageois, Rétais et de plus loin, à participer à une réunion prévue le 11 mai à 18 h à la salle des fêtes de Saint-Clément dont l’objectif sera de définir comment réparer les dommages importants subis par L’écluse Moufette sur 350 mètres, ce qui représente environ 4000 heures de travail.
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