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Laurence Girault-Reux, art-tisse
Résidente flottaise, cette artiste peintre vient d’exposer quelques-unes de ses toiles à la Galerie Sénac. Ces œuvres expriment la somme des liens fragiles, à l’image de fils entrelacés qui nous relient les uns aux autres. Rencontre avec une femme passionnante et décryptage de son travail aussi subtil qu’unique.
C’est depuis 2010 qu’elle est installée sur l’île pour de bon. Son amour pour cette dernière date de ses premières vacances entre copains, l’année de ses dix-huit ans : « Dès lors, l’Île de Ré représente pour moi un symbole de liberté. Prendre le bac, ses grands espaces, partir en sac à dos, le camping… Ces souve- nirs sont restés gravés à jamais. J’y suis revenue régulièrement avec mes enfants et mon mari et le départ à la fin des vacances était à chaque fois un déchirement pour nous tous. Une fois les enfants grands et capables de se gérer seuls, après une carrière comme professeur des écoles en région parisienne, la décision de venir vivre à l’année sur l’île est devenue une évidence. »
Comment la peinture est-elle entrée dans sa vie ?
Petite, elle se rendait souvent avec ses parents à Mornac-sur- Seudre, un village réunissant de nombreux ateliers de potiers, tisserands… Les machines à tisser ont toujours opéré sur elle une sorte de fascination. Le bruit comme un claquement, la mécanique, la force déployée pour faire fonctionner ces machines archaïques, les fils qui se croisent, se tendent sans craquer, sans nœud… Ces montagnes de bobines qui vont produire des tissus, de l’étoffe la plus rustique à la plus précieuse comme la soie, l’impressionnent. Adulte, elle suivra une formation après avoir investi dans un métier à tisser, pour le plaisir de s’exercer à cet art ancien et toujours usité aujourd’hui. Son inspiration vient de là.
L’intelligence des mains
À la suite de quelques ennuis de santé, elle décide de se recentrer sur elle. Pour occuper son esprit autre- ment et se changer les idées, elle pratique le sport et bien d’autres choses mais rien n’y fait. Elle pousse alors la porte de Marie Calciata, artiste installée à La Flotte qui propose des stages de peinture. C’est là qu’a démarré cette vie artistique qui était jusque-là sous-jacente. Comme nous l’explique Laurence Girault-Reux : « J’avais besoin de me confronter à la matière, de mettre les mains dedans et de produire avec elles. C’était ma motivation. Il fallait que je me vide la tête et que je me recentre sur moi-même. Marie a tout à fait perçu cela en moi et m’a guidée dans la mise en place de recherche et de travaux à fournir. En 2015, j’expose pour la première fois, quelques tableaux lors du salon flottais à la Galerie Sénac. Il s’agissait des prémices de ce qu’allait devenir mon travail avec du bon et du moins bon. Il n’y avait pas de lien dans mes tableaux. Je devais trouver un sens, un cheminement de mes idées. J’ai ainsi stoppé la peinture pour me consacrer à la réflexion et l’écriture : qu’est-ce que je voulais raconter ? Qu’est-ce qui me troublait ou pas ? Parmi les thèmes récurrents, revenait l’abstraction qui pouvait laisser un regard émotionnel varié. En parallèle, je me suis penchée sur l’histoire du tissage suite à mon expérience avec le métier à tisser et mon amour pour cet artisanat d’art. Le fil était ce que j’allais pou- voir traduire en peinture. Les écrits du chercheur René Guénon sur « le symbolisme du tissage » m’ont permis de comprendre la terminologie lexicale de cette technique. Il s’agissait d’une évidence. Mes tableaux allaient raconter le sens des liens que l’Homme entretient avec ses pairs ou avec le monde qui l’accueille. »
Ses doigts tracent dans la matière d’improbables chemins. Ses mains témoignent de ces liens. Issus de nulle part et pourtant porteurs d’évidence, ces jaillissements spontanés se font tableaux et s’offrent au regard, pour témoigner de ces routes nouvelles. En expliquant sa démarche quand elle crée un tableau, libre à chacun de se l’approprier ou pas et parfois l’aventure qu’elle a voulu mettre dans une toile est radicalement différente de ce qui est perçu. C’est alors que naît une rencontre et qu’il y a échange.
Pour rencontrer Laurence, rendez-vous aux Ateliers Dazelle (Atelier n°5) 2 bis rue Chantecorps, La Noue 17740 Sainte-Marie-de-Ré 06 81 62 69 99 laurencegiraultreux@gmail.com www.laurencegiraultreux.com Instagram : laurencegiraultreux
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