- Social
- AG de l’Association de protection des sites de Saint-Clément
L’APSSC : « Pas contre la Java et les logements sociaux, mais pas là… »
Si l’Association de protection des sites de Saint-Clément ne ferme pas totalement la porte au dialogue – du moins c’est ce que souhaiteraient certains adhérents – elle est arcboutée sur ses positions, tout en souhaitant ménager son image. Exercice de haute voltige.
La présidente Marie-Christine Hiva a débuté l’AG par une série de satisfecit : bon échange avec Mme le Maire sur certains dossiers, travaux de sécurisation des trottoirs de la rue du Clos au centre-bourg avec des réserves qui seront végétalisées, un parking à l’angle des rues des Digues et Roussières qui restera très naturel et enherbé, deux aires de stationnement de 50 places chacune face à la Mairie, qui seront aménagées de façon très paysagée en pierre et herbe, avec un parking vélo, un chemin piétonnier en calcaire et en caillebotis menant jusqu’au parking des Salorges. Autre progrès notable pour la présidente, la rue de la Mairie sera mise en sens unique et revisitée à l’automne.
« Un hangar qui va défigurer le hameau du Godinand »
Si l’état des routes au Godinand « est catastrophique », Marie-Christine Hiva rappelle qu’ « en deux ans Mme Besnier a beaucoup fait, plus que M Duval en douze ans. Nous avons des divergences et des convergences. Les finances ne permettent pas de tout faire en même temps… Le chemin du Godinand ne pourra être refait avant que l’agriculteur n’ait construit son hangar. »
Ce hangar du Godinand désespère l’APSSC, qui n’a pu déposer un recours, le délai ayant été dépassé « par un tour de passe-passe de l’affichage du permis par le propriétaire et son architecte » : composé d’un bâtiment agricole et d’un bâtiment de bureaux jouxtant le hameau du Godinand, l’association craignant fortement qu’il ne devienne une habitation. « L’architecte n’a pas donné la hauteur réelle du bâtiment, qui dépasse de plus d’un mètre les maisons existantes du Godinand. » L’association sera très vigilante, car « sur un bâtiment agricole on n’a pas le droit de faire une habitation. » La construction du bâtiment commence en cette fin septembre.
La Java, « bête noire » de l’APSSC
La présidente sait que « La Java des Baleines plaît beaucoup, avec ses manifestations sympathiques. Je ne suis pas contre, mais contre son implantation sur le terre-plein du Moulin Rouge. Il s’agit d’une zone naturelle, non urbanisable et inscrite en zone protégée. Le terrain a été viabilisé. Nous avons écrit à la préfecture, qui nous a répondu que normalement dans les stations touristiques il est autorisé qu’une manifestation estivale se fasse sur trois mois. J’ai demandé l’autorisation officielle de la préfecture, je ne l’ai pas reçue. Ma lettre à l’Architecte des Bâtiments de France est aussi restée sans réponse. Le Conseil d’Administration a décidé au mois de juillet de faire un recours, car c’est illégal. Le terrain est frappé par le PPRL, on n’a pas le droit d’y vivre, or le personnel dort trois ou quatre mois sur le terrain. Et en plus, le chapiteau est monstrueux d’un point de vue environnemental. Quant au plan acoustique, c’est impossible pour les riverains. Pourtant, La Java a l’autorisation de la Mairie. Enfin, on ne sait pas ce qu’il en est de l’évacuation des eaux usées. » Très campée sur ses positions, la présidente, soutenue par une partie des adhérents, est « encouragée » par l’ex présidente Marie-Hélène Gibert, très virulente et monopolisant la parole tout au long de l’AG, comme à son habitude. Son ancienne profession d’avocate lui fait dire qu’ « il faut aller au pénal, dans un autre cas sur Saint-Clément nous avons gagné au pénal ». « C’est ce que nous ferons après », rétorque Marie-Christine Hiva, « Nous ne voulons aller directement au clash en allant au pénal, nous commençons par demander à voir l’autorisation délivrée par la préfecture. Si alors le château de cartes ne s’effondre pas de lui-même, l’autorisation ne pouvant exister, nous poursuivrons au pénal. » « La Java des Baleines est très populaire, si l’association peut éviter d’aller plus loin, elle gagnera en notoriété », répondent en substance l’actuelle présidente et des adhérents, n’approuvant pas la ligne dure prônée par Marie-Hélène Gibert. « Ce sera de plus en plus difficile si vous attendez », rétorque l’ancienne présidente.
« En site naturel seul un arrêté ministériel serait valable »
La situation semble en réalité complexe : « En site naturel classé (80 % de l’île de Ré), différent du site inscrit (20 % du territoire), ni le Maire ni le Préfet ne peuvent délivrer une autorisation d’occupation temporaire du territoire, ils n’en ont pas la compétence, qui relève du Ministère. Seul un arrêté ministériel pourrait donner cette autorisation. Le code de l’Environnement stipule qu’on ne peut modifier l’état des lieux, de plus il y a dans ce cas exploitation d’activités non autorisées », explique Dominique Chevillon, dont l’association Ré Nature Environnement n’a pas souhaité monter au créneau, du fait de l’accord du préfet et du caractère temporaire de cette autorisation, contrairement à l’affaire des chapiteaux des Portes. Il estime qu’ « aujourd’hui on ouvre la boîte de Pandore. Les élus des communes ont eu une vraie prise de conscience en 2020/2021 et ont alors serré un temps les boulons dans les sites classés. Or, en 2022 on voit réapparaître des autorisations temporaires en sites classés, c’est une brèche qui est ouverte. » Madame le Maire certifie de son côté avoir reçu un écrit de la préfecture, que l’APSSC ne lui a pas demandé, « sinon évidemment je vous l’aurais communiqué. »
Le projet de port d’accostage vivement rejeté
Le projet « évoqué lors de la campagne des élections départementales par l’actuelle conseillère, Véronique Richez-Lerouge, et son binôme, Patrice Raffarin, de la construction d’une continuité de l’ancienne jetée pour y aménager un port d’accostage de navettes maritimes, doublée d’un pôle multimodal pour les vélos et navettes terrestres » fait bondir l’APSSC. « On s’est insurgés contre ce projet qui serait une catastrophe, en site classé, au pied du Phare des Baleines, et drainerait des touristes supplémentaires. Le Maire est contre, le Département dit qu’il va affiner. Mais il n’a pas le droit d’agir et d’occuper le domaine public maritime. Il n’est pas clair dans cette histoire, quand on sait que la gestion du Phare a été déléguée au partenaire du Département, proche des Croisières Inter îles, qui a évidemment intérêt à ce que la jetée se fasse. La commune a fait un recours de fond sur l’attribution de cette délégation de gestion du Phare. Patrice Raffarin nous a expliqué qu’il demanderait les autorisations nécessaires pour ce projet. Le gestionnaire du Phare des Baleines a un objectif bien précis. » « Entre les droits d’accostage, les droits d’occupation très onéreux, et la difficulté à les obtenir », un participant semble penser que le projet ne pourra se faire…
Dans son rapport moral, la présidente de l’APSSC a aussi évoqué le dossier du recours contre Cultimar, pour lequel elle a fait appel en juin. La Cour d’Appel de Bordeaux a repoussé sa décision en septembre. Le rapport moral a été voté à l’unanimité, avec une abstention, celle de l’ancienne présidente, Marie-Hélène Gibert.
Lina Besnier « un peu agacée »
Parmi les autres soucis soulevés par l’APSSC figure le stationnement sauvage au Gillieux, de la part de visiteurs du Phare n’ayant pas envie de faire la queue pour entrer au parking, ni de le payer. Arrivée entre temps à l’AG, Lina Besnier, Maire de Saint-Clément, explique que la police municipale met une quarantaine d’amendes par jour et que « gratuit ou payant, cela ne change pas grand-chose, la décision du parking payant relève du Département. Son but est de toutes façons qu’il y ait de plus en plus de monde au Phare. Concernant la gestion du Phare, je ne lâcherai pas, il est inadmissible que la commune n’ait pas son mot à dire, d’ailleurs Marie-Christine Hiva m’a soutenue publiquement concernant la proposition de gestion du Phare par la commune, je l’en remercie. »
« Concernant La Java des Baleines, c’est dommage que l’APSSC ait déposé ce recours contre la commune, je suis un peu agacée », a expliqué de façon cash Madame le Maire. « Je veux bien que vous enregistriez nombre de plaintes, comme vous semblez le dire, mais cette année en mairie nous n’en avons enregistré aucune, or c’est quand même vers la mairie que les gens mécontents se tournent en priorité. La Java draine un public familial et a fait cette année de gros efforts de programmation. Je souhaite qu’elle reste à Saint-Clément, il ne se passe rien au Nord de l’île. J’ai beaucoup plus de plaintes pour d’autres établissements, c’est à La Java qu’on a le moins de problèmes. » Répondant à la question de Marie- Christine Hiva, Lina Besnier a confirmé que « c’est la Java qui a payé la viabilisation du terrain, soit 7000 €, ainsi que le raccordement. ». « La Mairie fait payer aussi à La Java 150 € par food-truck installé, je ne pense pas qu’ils fassent concurrence aux restaurants. »
Également problématique aux yeux de l’APSSC, « le stockage toute l’année au Godinand, sous les fenêtres des riverains, du matériel de la Java. »
La Maire se dit elle aussi mécontente des abus sur le volume stocké et les contenants de stockage et va remettre les choses au clair avec La Java « En 2022, cela ne se passera pas ainsi ». A la question de l’APSSC : « Soutiendrez vous une nouvelle installation du chapiteau de La Java à l’été 2023 », la Maire répond sans ambiguïté : « Cela dépend d’abord de la préfecture et on ne sait jamais d’une année sur l’autre, mais si La Java souhaite rester à Saint-Clément et le peut, oui je la recevrai. » Comme le rappelle en « off » un participant : « La Maire avait clairement affiché son soutien à La Java dans son programme, elle a été largement élue, c’est la démocratie. »
« Aux Ouches, le plus gros problème c’est vous ! »
Seconde divergence importante de l’APSSC avec la mairie, le lotissement des Ouches, où sont annoncés 22 logements sociaux. « Il s’agissait d’une zone rouge, impactée par le PPRL, et par un coup de baguette magique, sur la demande de la CdC, la préfecture l’a passée en zone jaune, constructible pour du logement social. »
Lina Besnier a expliqué qu’ayant refusé la construction de logements sociaux au Moulin Rouge le Préfet a, en contrepartie, ouvert Les Ouches à l’urbanisation. « Le Préfet n’avait pas d’autre choix que de donner une possibilité ailleurs. J’aurais préféré une zone UB, mais on n’a pas de terrain. S’agissant d’un projet de plus de vingt logements, ce projet relève de la compétence de la CdC. L’EPF achète le terrain, Habitat 17 fera les logements, cela ne coûte rien à la commune. Nous n’avons aucun logement social à Saint-Clément, qui est la seule commune de l’île de Ré dans ce cas. Les jeunes du Nord de l’île de Ré demandent en permanence à se loger. Nous avons besoin de vie permanente, de garder les classes ouvertes. Ce projet permettra à vingt familles de s’installer dans la commune. Au plan architectural, il faudra s’adapter et voir ce qui est fait sur l’île de Ré pour que les habitants puissent y vivre, si on ne fait rien dans 50 ans tout le monde devra quitter l’île de Ré. J’ai proposé à Marie-Christine Hiva de faire partie de la commission. Il faut que la commune avance. Aux Ouches, le plus gros problème, c’est vous. »
« On ne peut accepter ce projet surélevé avec une butte d’1,80 mètre. Nous n’avons jamais été contre les logements sociaux, mais nous menons depuis 18 ans des recours contre des projets démentiels. Nous souhaitons avoir des gens qui vivent dans le village, de façon éparse, pas une zone de logements sociaux. » a rétorqué la présidente de l’APSSC. Un adhérent a proposé que l’APSSC accepte la main tendue par la Maire : « On ne peut gagner sur tous les plans, il s’agit d’un projet incontournable pour l’avenir du village, une préoccupation majeure de la mairie, qui se fera, autant avoir notre mot à dire en participant à la commission. »
« Il n’aurait pas fallu il y a plusieurs années que l’APSSC fasse un recours contre le projet des 15 logements », a tenté un participant. « En 2008 le projet de la mairie de 15 maisons, qui avait été travaillé avec l’APSSC et sur lequel tout le monde était d’accord a été foutu en l’air par le Maire d’alors, qui a autoritairement décidé que le projet passerait à 30 logements. Sinon, nous ne nous serions jamais élevés contre celui-ci. » a conclu l’APSSC.
Lire aussi
-
Social
Les Essentielles sénior
-
Social
Un bateau pour Ré : ça tangue
C’est devant un parterre d’élus locaux et de membres de l’association « Un bateau pour Ré » que s’est tenue mardi 5 novembre l’Assemblée Générale annuelle, Salle Vauban à Saint-Martin-de-Ré.
-
Social
Les Petits Drôles : une nouvelle directrice pour la rentrée
La crèche associative à gestion parentale de Sainte-Marie de Ré accueillait à la rentrée sa nouvelle directrice, Aurore Thibaut. Une présentation officielle a été faite aux élus mi-octobre, dans une volonté de communication transparente avec les partenaires de cette crèche historique sur le territoire rétais, fondée en 1987.
Je souhaite réagir à cet article