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L’âge de raison de la viticulture
Pour limiter la dispersion dans l’environnement des produits phytosanitaires, cinq à six vignerons rétais ont investi dans le pulvérisateur confiné. Visite dans les vignes de Carole Pardell et d’Anthony Cordon : deux vignerons en conversion bio.
Mercredi 25 avril, la viticultrice Carole Pardell testait pour la première fois son nouveau pulvérisateur confiné, « Ce jour-là, je n’en menais pas large ! » avouera-t-elle plus tard. Allait-il tourner correctement en fin de rang, était la première question qui se posait, mais la machine jaune, très imposante avec tous ses tuyaux et ses ventilateurs qui en recouvrent la face arrière, s’est montrée très maniable.
Sur les flancs, deux buses diffusent les traitements, essentiellement du souffre et du cuivre, seuls produits autorisés pour la culture bio que pratique ici la vigneronne du GDAD (groupement pour le développement d’une agriculture durable). Le souffre contre l’oïdium auquel la vigne rétaise est fortement soumise et le cuivre, en faible pourcentage, contre le mildiou qui ne constitue pas une grosse pression sur notre territoire. Les vignerons de la Coop en conversion bio, n’utilisent qu’ 1/5ème de la dose maximale autorisée. Sur les pulvérisateurs traditionnels, l’épandage de produits phytosanitaires se fait « à tort et à travers », pourrait-on dire, puisque l’excédent se disperse dans l’atmosphère, avec les dégâts sanitaires que l’on connaît.
Efficacité et respect de l’environnement
Cinq agriculteurs de l’île de Ré ont opté pour ce nouveau matériel, comme Anthony Cordon que nous avons également rencontré et le résultat s’est révélé bien au-delà de leurs espérances. D’une part en termes de coût de production et ensuite de respect de l’environnement.
Côté pratique, au bout de la deuxième journée d’essai, il s’avère que le pulvérisateur possède un rayon de braquage très satisfaisant, qu’il est costaud, moins énergivore en gas-oil que les autres et moins bruyant aussi.
Côté technique, l’excédent de produit vient heurter deux parois verticales le long desquelles il ruisselle et est récupéré dans une rigole. Un système hydraulique et à air pulsé le renvoie ensuite dans la cuve. Grâce à ce matériel innovant, ils ont déjà constaté un taux de récupération de 70 % du produit (alors même que le constructeur en assure 30 %).
Les directives environnementales européennes stipulent l’obligation de ce type de matériel à partir du 1er janvier 2018 mais nombreux sont les vignerons qui ne peuvent suivre ces prescriptions en raison du montant très élevé de ce pulvérisateur (environ 45 000 €), matériel qui ne peut être mutualisé puisque les périodes d’utilisation sont les mêmes pour tous.
La conversion progressive
Depuis 1014, Carole Pardell arrache chaque année un hectare de vignes devenues trop vieilles, et en replante autant qui sera alors intégré en exploitation bio, c’est le principe de la conversion progressive. Mais le bio a un prix qui se compte en heures de travail. Anthony Cordon, son voisin, était précisément en train de biner à la main les mauvaises herbes, car, dit-il, les herbicides sont les traitements chimiques les plus critiques. Plus loin, entre deux rangs de vigne, fleurit un mélange de graminées, de radis et de légumineuses, on appelle cela un engrais vert. Fin avril, on le roule et on l’enfouit en terre et au mois de juin, il restituera toute sa vitalité à la terre juste au moment de la floraison de la vigne, l’engrais vert est également utilisé par les maraîchers en culture d’alternance.
Une dynamique nouvelle est en train de se mettre en place
Les jeunes vignerons cherchent aujourd’hui des alternatives à la culture conventionnelle tout en étant conscients des objectifs à atteindre. Désormais, ils vont de l’avant grâce aux technologies innovantes et à la recherche. Ainsi certains travaillent avec des stagiaires de l’école nationale des sciences agronomiques de Bordeaux, pour comparer les coûts entre agriculture bio et agriculture conventionnelle, pour analyser et adapter ces différents systèmes. La mise en application de la confusion sexuelle (contre le ver de la grappe) avait été mise au point grâce à l’INRA. Il est donc bien fini le temps des vendanges « à la papa », exit le pulvérisateur portatif et la vendange à la main, place à la science et à la réflexion sur le long terme et l’on peut faire confiance à la nouvelle génération des vignerons rétais pour produire de façon généreuse et raisonnée.
Véronique Hugerot
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