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L’affichage sauvage a fait naufrage
Grâce à l’action menée par Ré Nature Environnement, l’affichage sauvage s’est considérablement réduit sur l’ensemble de l’île de Ré. Retour sur cette victoire naturaliste avec Dominique Chevillon, président de l’association, qui prépare déjà son prochain combat : la lutte contre la pollution visuelle due à certains centres d’hébergement de plein air
Le 23 août 2019, Dominique Chevillon prenait la route avec Maître Jean-Marc Guillou, huissier de justice, depuis Rivedoux jusqu’aux Portes, afin de recenser les infractions à la publicité en sites classés et inscrits. Le constat est édifiant : 276 infractions sont comptabilisées le long de la route départementale. Et les supports ne manquent pas pour ces affichages sauvages : abribus, panneaux de signalisation routière, poteaux électriques, certains sont même s i m p l e m e n t piqués au bord de la route. « Sur ces 276 infractions constatées, 80 étaient dûes à un seul annonceur, à savoir un cirque qui présentait une exposition dédiée aux dinosaures. Les origines de ces affiches sont très diverses : spectacles, concerts, manifestations collectives mais nous avons également constaté que des particuliers y annoncent des événements personnels ainsi que des professionnels qui informent de leur activité », énumère Dominique Chevillon.
À ces affiches s’ajoutent des voitures pancartes ou encore des ventes de véhicules au bord des routes. La seule exception a été Loix, où aucun affichage sauvage n’était à déplorer. C’est d’ailleurs au Maire de Loix et Président de la Communauté de Communes de l’île de Ré que l’association Ré Nature Environnement s’est adressée suite à ce constat. « Nous avons rencontré Lionel Quillet pour lui faire part de ce nombre considérable d’infractions. Je précise que nous avons travaillé à partir du classement et de l’inscription des paysages en sites classés et inscrits, nous nous sommes donc basés sur un parcours le long de la départementale, et non à l’intérieur des villages », complète le naturaliste. L’association rétaise porte en effet une attention particulière au respect de la loi de 1930 qui concerne les sites pittoresques classés, dont la majorité des sites de l’île font partie.
« Un supermarché à ciel ouvert »
« De nombreux adhérents de l’association nous ont fait part de ces infractions et nous indiquaient d’ailleurs que cela empirait. Nous étions dans un véritable supermarché à ciel ouvert ! », commente Dominique Chevillon. L’opération menée par l’association a suscité plusieurs articles dans la presse locale et régionale. Les collectivités ont également été plutôt réceptives à cette problématique. « Nous avons eu un accueil favorable de la part du président de la CdC et de certains maires. Nous avons par ailleurs bénéficié d’un fort soutien de plusieurs associations comme l’ASSIP (Association de sauvegarde des sites portingalais). Et nous avons été agréablement surpris d’apprendre qu’à l’automne 2019 la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) a envoyé à chaque commune de l’île de Ré un courrier rappelant la réglementation en vigueur concernant l’affichage sur les sites classés et inscrits », poursuit- il. « Dès la fin du mois d’août 2019, certaines communes avaient d’ailleurs déjà fait retirer les affiches dites sauvages sur le bord de la route départementale ». Des particuliers et des professionnels avaient eux aussi, d’eux-mêmes, retiré leurs publicités. Suite à l’envoi de ce document aux communes, mais aussi grâce à l’écho de cette opération dans la presse, les mairies se sont penchées sur cette question et sont désormais vigilantes.
De 276 à 2 infractions
« Le 26 août dernier, nous avons recommencé la même opération, sur le même parcours et accompagné de Jean-Marc Guillou, huissier de justice. Le constat est sans appel : nous avons recensé deux voire trois infractions. L’affichage sauvage a ainsi considérablement diminué, même si cette année est particulière car avec la Covid-19, de nombreuses manifestations n’ont pas eu lieu ». Mais au delà de « l’effet Covid », le président de Ré Nature Environnement veut « croire que ce rappel de la réglementation a abouti à une vraie prise de conscience, car nous avions atteint un niveau d’affichage sauvage beaucoup trop important ». Une bonne nouvelle pour l’environnement donc, d’autant que l’association a reçu le soutien de nombreux habitants mais aussi de beaucoup d’entreprises locales sur le sujet. « Lionel Quillet nous a confirmé que la révision du PLUi (Plan local d’urbanisme intercommunal) comportera des indications permettant aux collectivités d’être vigilantes sur cette problématique, car nous ne pouvons pas défigurer ainsi l’île de Ré ».
La problématique de certains campings
Après cette bataille rondement menée contre l’affichage sauvage, l’association environnementale a déjà entrepris son prochain combat : celui de la pollution visuelle engendrée par certains établissements d’hébergement de plein air. « Certains centres d’hébergement de plein air, situés en sites classés et inscrits, ont pris certaines libertés avec les règles d’intégration au paysage », regrette Dominique Chevillon. Certains établissements utilisent en effet des espaces extérieurs pour le parking de leur clientèle et y ont réalisé des aménagements, comme le déversement de gravillons, ce qui, bien entendu, dénature un site classé. « Ces parkings défigurent complètement les approches de ces établissements situés en site classés. Notons également qu’auparavant, les tentes disparaissaient en hiver mais aujourd’hui, les mobil-home sont apparents tout le temps, d’autant plus que des haies végétales ont été taillées afin de dégager la vue, les rendant bien visibles ». La taille des haies et l’aménagement des parkings nuisent ainsi grandement à l’intégration paysagère de ces établissements. Dominique Chevillon ne les dénigre pas pour autant : « Ils ont un rôle économique important sur le littoral et à des endroits touristiques comme l’île de Ré, encore faut-il qu’ils s’efforcent d’intégrer leur activité à l’environnement ».
« Conserver la signature de l’île de Ré »
Ré Nature Environnement va donc monter au créneau sur cette problématique. Le constat a déjà été réalisé par un huissier de justice et la CdC, ainsi que les communes concernées, ont été informées de la démarche en cours. « Certains de ces centres d’hébergement de plein air ne sont plus détenus par des propriétaires historiques mais par des grands groupes qui n’accordent pas à l’environnement l’attention nécessaire. Nous ne manquerons pas de les interpeller sur ce sujet important », prévient le président de l’association. « Si aujourd’hui, l’île de Ré est très recherchée, c’est notamment parce que de très nombreux sites y ont été classés. Le minimum serait donc d’en respecter la beauté et l’intégrité. Le travail sur la qualité paysagère est soutenu par l’ensemble des élus. Cette qualité paysagère mérite qu’on la conserve, c’est la signature de l’île de Ré », conclut-il.
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