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L’Adépir, porteuse d’une forte culture identitaire insulaire
S’il est une association rétaise composée de passionnés de la culture identitaire insulaire, il s’agit bien de l’Association de défense des écluses à poissons de l’île de Ré (Adépir), qui depuis 24 ans oeuvre pour sauver les pêcheries en pierre de l’île de Ré.
Lors de son Assemblée Générale annuelle du 13 avril, suivie par soixante adhérents (+ 28 représentés) sur les cent-quarante qu’elle regroupe, le président s’est prêté à un exercice fort intéressant, en tentant de recenser tout ce qui rapproche les membres de l’Adépir. Sur les cent quarante écluses ayant été construites sur l’île de Ré, quatorze ont survécu aux assauts de la mer et du temps et/ ou ont été restaurées par l’association, et une quinzième est en cours.
Des motivations très différentes
« Ces écluses font partie de la vie insulaire et nos motivations sont très variées et sans doute multiples : parmi nos adhérents certains sont mus par leur culture familiale dont l’écluse fait partie intégrante, d’autres par une culture identitaire insulaire puisque sur les trente-cinq écluses recensées aujourd’hui en France, on en trouve donc une quinzaine sur Ré tout comme sur Oléron, une à Noirmoutier, une à La Tranche sur Mer et une à Granville… Les ressources de la mer sont prégnantes dans la culture rétaise. Il s’agit là d’une autre motivation de certains adhérents, « aller à la pêche plutôt qu’à la brèche » ! Nous avons aussi les amoureux de la pierre, du patrimoine bâti, de la construction de pierres sèches en milieu marin. Certains adhérents apprécient le travail collectif et une forme de solidarité forte, d’autres sont férus de techniques du bâti, tels les tailleurs de pierres. Dans un autre registre les amateurs de grand air, d’exercice ou de nature sont comblés, tout comme ceux qui apprécient les grands moments collectifs, tout comme le tour de pêche solitaire et ce grand moment de communion avec le terroir. Enfin il y a ceux qui sont venus un peu par hasard donner un coup de main et sont devenus membres », a énuméré le président de l’Adépir, Dominique Chevillon.
L’écluse : une école d’humilité
« Quelles que soient nos motivations, nous sommes d’accord à l’unanimité pour dire qu’aller à l’écluse est une école d’humilité. Lutter contre la mer tout seul n’est pas possible, même en équipe c’est difficile et on ne peut qu’être humble face à l’immensité de la tâche quand on doit réparer une brèche de 3 x 42 mètres… Mais malgré les assauts de la mer nous faisons perdurer les écluses, sur plusieurs siècles » a conclu le président en guise de rapport moral.
Les communes concernées par les écluses aident l’Adépir en cas de coup dur, un travail collectif est mené avec d’autres associations telles le Photo Club de l’île de Ré (Solange Legall et Bernard Collin) qui, dans le cadre d’une convention, a répertorié toutes les claies d’écluses – ces ouvertures protégées dans le mur qui permettent à l’eau d’entrer à marée montante et de sortir à marée descendante – travail remis lors de l’AG au président de la Communauté de Communes, Lionel Quillet, pour le service patrimoine de la CdC. Pour le calendrier des écluses 2020 – celui-ci est chaque année élaboré par Rhéa Marketing – le Photo Club va réaliser un reportage photos sur les gens des écluses en activité avec leurs outils traditionnels.
Autres partenariats, ceux menés avec Ré Nature Environnement autour de l’écluse Trou d’Cheu, la LPO et Les Tardigrades via l’Ancre Maritaise, outil très important de valorisation des écluses et de la nature. Une soixantaine de sorties grand public « connaissance des écluses » ont été organisées en 2018. La participation à la fête des associations, l’organisation de la fête de l’Adépir, les expositions photos, le site Internet très complet concourent à la diffusion de la connaissance des écluses à poissons.
Transmission des savoirs des bâtisseurs
S’il existe encore de belles équipes de bâtisseurs d’écluses, ceux-ci prennent de l’âge et la transmission des savoirs est source de préoccupation pour l’Adépir. Car s’il y a des écrits, aucun témoignage visuel de la façon de travailler n’existe. C’est pourquoi, sous la direction de Jacques Boucard, fin connaisseur des écluses à poissons, un film de suivi de chantier sur une longue durée, recensant les actes de construction et techniques utilisées aujourd’hui, a été tourné autour de Moufette. La même chose a été réalisée à Oléron, dans le cadre du GEDAR, sous l’égide de l’Université populaire du littoral charentais. La communication sur Internet via You Tube a généré des retours intéressants auprès d’une population de jeunes notamment.
Les chefs d’écluses ont ensuite présenté les travaux menés cette année et fait un point sur la santé de leur écluse avant que ne soient évoquées les perspectives 2019.
De nombreuses actions cette année encore
Transmission de la mémoire et du savoir-faire des bâtisseurs d’écluses, mais aussi large promotion des écluses auprès du grand public constituent le fil conducteur des actions de l’Adépir toute l’année. La brocante des écluses, qui remporte un énorme succès chaque année, va être encore étendue : elle aura lieu le 28 juillet 2019 à Montamer (Sainte- Marie-La Noue). Sont programmées de nombreuses sorties grand-public, séminaires mais aussi à destination de publics spécifiques, comme les enfants de Purpan qui souhaitent renouveler leur journée découverte avec Ré Nature Environnement, ou encore avec les associations, les écoles, etc.
L’Adépir participera cette année à la rencontre des écluses, journée d’échanges avec les écluses Oléronaises et Vendéennes prévue à l’automne 2019. Et bien sûr, à la fois support de promotion des écluses et source de revenus pour l’Adépir, un calendrier 2020 est prévu, qui sera disponible courant décembre 2019.
Des dépenses gérées au plus près, un conseil d’administration stable
Côté finances, le domaine de Michel Gallot, l’Adépir vit des adhésions, des revenus de ses actions, de dons et de subventions de la CdC et des Communes de Sainte-Marie et de Loix. Le trésorier de l’Adépir a tenu à mettre les choses au point. En effet, l’Adépir ne reçoit en subvention de la CdC que les sommes précises dépensées sur des actions bien identifiées. Ainsi, elle avait la possibilité de recevoir 14 500 euros de la collectivité rétaise en 2018 (subvention votée) mais n’a consommé que 8341 euros – grâce à une gestion très rigoureuse – elle n’a donc reçu que 8341 euros. Et n’a jusqu’ici jamais dépensé plus de 70 % de ce qui lui était accordé au plan budgétaire. « C’est notre signature » ont rappelé les dirigeants de l’association, un état d’esprit particulièrement apprécié des élus.
Deux administrateurs ne se représentaient pas cette année, Michel Fiquet et Didier Parenteau, l’occasion pour Dominique Chevillon de les remercier de leur implication depuis plus de vingt ans dans l’Adépir. Une nouvelle venue, Laure Cottet, adhérente depuis longtemps, a été élue à l’unanimité.
Toute la confiance des élus
Maire de Sainte-Marie, Gisèle Vergnon a souligné le beau partenariat noué avec quatre associations, dont l’Adépir, à qui elle a confié, avec succès, l’animation de l’Ancre Maritaise, qui fête cette année son 10ème anniversaire, « un lieu qui a du sens, favorise les prises de conscience, notamment via les actions avec les écoles, je suis très fière de ce partenariat ».
Président de la CdC et maire de Loix, Lionel Quillet n’a pas caché son plaisir d’assister à l’AG de l’Adépir, qui oeuvre au coeur de l’île de Ré et est une association à part, soulignant son rôle en matière patrimoniale et historique.
Il a évoqué « la Patache qui retrouve son sable, du fait de modifications climatiques énormes », l’action continue des écogardes qui sur l’estran sensibilisent les pêcheurs d’un jour à l’interdiction de pêche dans le domaine des écluses mais sont pas assez nombreux : « Huit écogardes pour gérer 80% du territoire est insuffisant, il faudra mettre plus d’écogardes lors du prochain mandat », dénonçant au passage « le laxisme de l’Etat envers certaines pratiques de pêche y compris sur l’estran », ainsi que « l’évolution des mentalités à une vitesse phénoménale, avec un individualisme forcené conduisant au non-respect des règlements sur l’estran, dans les marais ». Il souhaite réagir très fermement à tous ces débordements, appelant tous les Rétais à agir de concert pour préserver l’île de Ré de ces comportements destructeurs.
Il a dit apprécier particulièrement « l’atypisme de la seule association de l’île à ne consommer que la part de subvention dont elle a réellement besoin » et confirmé qu’il sera « toujours présent pour soutenir financièrement l’Adépir, au coeur de l’entraide et du bénévolat ».
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