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L’abattage des cyprès de la discorde
Couper un arbre est un sacrilège. Alors en couper 200 est une révolution. Surtout quand cet acte est mal expliqué et que les citoyens lambda, qui ne suivent pas forcément de près la vie administrative de l’île, découvrent le massacre un beau matin et ne comprennent pas ce qui se passe.
La décision d’aménager la pointe de Sablanceaux remonte à une dizaine d’années et a été prise en grande partie pour réagir aux nuisances générées par le pont. Ce projet s’est déroulé normalement, avec des réunions préparatoires et d’information auxquelles ont assisté entre autres Léon Gendre, Conseiller général pour le canton sud et Patrice Raffarin, ces dernières années, pour la commune de Rivedoux. Ce dernier informait ses administrés du projet dès 2009. Rappelons à ceux qui pourraient encore l’ignorer que la pointe de Sablanceaux est la propriété du Conseil général qui a conduit ce projet depuis le début jusqu’à ce que nous vivons actuellement.
Nature du projet
Rappelons également en quoi consiste l’aménagement de la pointe de Sablanceaux. Il ne s’agit pas simplement de faire un rond-point, de créer deux parkings dont un végétal fermé hors saison, un passage sous la chaussée pour les piétons et cyclistes et de régler un certain nombre de problèmes de sécurité plus qu’évidents. C’est également l’occasion, mais ça tout le monde semble l’avoir oublié, de se préoccuper de problèmes de pollution humaine, des deux uniques sanitaires en fosses, soi-disant étanches mais bouchés la plupart du temps, installés dans ces lieux et qui sont insuffisants pour les milliers de visiteurs et vacanciers qui viennent se baigner en été, de l’évacuation des eaux grasses et usées des restaurants situés à cet endroit, des hydrocarbures que contiennent les eaux fluviales et qui sont actuellement rejetés dans la mer sans que cela ne semble émouvoir personne. Le point commun à tout cela : des canalisations qui ne tournent pas autour des racines d’arbres. D’où l’abattage des 200 arbres.
L’enquête préalable à l’aménagement de la pointe de Sablanceaux
Une enquête préalable à la déclaration de projet s’est déroulée du 5 décembre 2011 au 6 janvier 2012. Il n’y a pas eu foule pour venir déclarer une opposition quelconque : une vingtaine de déclarations au total dont aucune ne s’inquiète du sort des arbres. Certains se disent consternés par le projet comme Marie-Christine Hua, suivie en cela par P. Deville, G. Masse et Richard Guérin. Même Jean-Pierre Goumard ne parle pas des arbres. Michel Terrasson, président de l’AUTIR émet quelques remarques sur le projet, mais ne s’attarde pas non plus sur le problème de l’arrachage des arbres. Dominique Chevillon, président de Ré Nature Environnement, dit que cela tient au fait que l’abattage des arbres n’est pas expressément mentionné. C’est exact, il n’est pas indiqué clairement dans le texte de l’enquête préalable : « 200 arbres devront être abattus. » Il est indiqué que « l’aménagement d’espaces verts sera réalisé en complément de ceux existants ; des noues et bassins d’infiltration enherbés seront créés pour favoriser le développement de la végétation naturelle et ceux de la flore et faune aquatique. Le projet répond à une démarche de qualité paysagère ; les espèces végétales locales seront utilisées pour les aménagements paysagers : les plantes invasives seront retirées. » Par contre le plan accompagnant l’enquête publique fait état des arbres existants et de ceux à replanter.
Les déclarations qui fâchent
On entend ici et là parler d’abattage d’arbres séculaires. Non et Non. Revisionnez le film « Le sang à la tête » réalisé en 1955 à partir d’un roman de Georges Simenon et avec pour acteur Jean Gabin. À un moment donné, un avion du genre petit coucou survole la pointe de Sablanceaux sur laquelle il n’y a pas d’arbres et surtout pas les « cyprès séculaires » abattus récemment.
Autre pomme de discorde : les travaux sont financés par l’écotaxe. Patrice Raffarin précise : « Ces travaux devaient à l’origine être financés par le péage, c’est-à-dire par les usagers du pont. Il se trouve que depuis cette année c’est l’écotaxe qui a pris le relais. Si les travaux avaient démarré un an plus tôt on n’aurait pas parlé d’écotaxe, mais il faut bien comprendre que ce n’est pas la fi scalité du département qui fi nance les travaux mais bien l’usager du pont ».
Enfin certains s’étonnent que ces arbres qui ont survécu à la tempête de 1999 ainsi qu’à Xynthia soient abattus alors qu’ils ne sont pas malades. En fait ils n’ont pas été abattus en raison de leur santé, mais parce qu’à la place de leurs racines il faut faire passer des canalisations.
Un déficit de communication
Léon Gendre que nous avons interrogé rappelle « qu’il n’est pas l’auteur de ce projet même s’il l’a validé, qu’il y a été très peu associé et que les travaux ont été décIidés par un arrêté du Préfet de Région. » Il regrette par ailleurs « qu’il n’y ait pas eu plus de communication au sujet de ce projet de la part du Conseil général dans la presse ».
Il est véritablement étonnant que le Conseil général n’ait pas estimé nécessaire et judicieux après les mois d’affrontement entre les élus et les associations environnementales suscité par l’élaboration du SCoT, de communiquer à propos de ces travaux. Il était évident que les associations allaient s’engager dans la brèche ainsi ouverte. Fort heureusement, il est des hommes qui travaillent pour l’avenir et Dominique Chevillon « souhaite être associé au choix des espèces d’arbres qui seront replantés ». De son côté Patrice Raffarin « espère pouvoir travailler positivement avec les associations environnementales sur les types de végétaux à replanter ».
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