La version intégrale de l’interview du député Olivier Falorni
Voilà bientôt un an qu’Olivier Falorni a été élu député de la circonscription La Rochelle/Île de Ré. Désormais apparenté au groupe PRG (parti radical de gauche), nous avons voulu savoir quel bilan il tirait de cette première année. Interviewé au lendemain de l’adoption par les députés de l’élargissement des cours en langue étrangère dans l’enseignement supérieur, notamment l’anglais, nous n’avons pas résisté à l’envie de lui poser cette première question :
RALH : Ne pensez-vous pas qu’après un tel vote, Toiras puisse se retourner dans sa tombe ?
Olivier Falorni : Je ne pense pas car c’était déjà le cas, et c’est par là mettre un terme à une certaine hypocrisie quand on sait qu’à HEC, par exemple, de très nombreux cours sont déjà dispensés en Anglais. Au début, j’étais assez partagé sur le sujet car je suis très attaché à la francophonie, et celle-ci est véhiculée par la langue française, laquelle est intrinsèquement liée à la République et à certaines valeurs qui ont fait que notre langue est pratiquée sur l’ensemble de la planète. Porteuse de messages je suis profondément attaché à la langue française. Mais la francophonie c’est aussi l’ouverture sur le monde. Il est donc important que des étudiants du monde entier puissent, grâce à ces nouvelles dispositions, venir étudier en France, car ils repartiront imprégnés de culture française et seront ainsi les meilleurs ambassadeurs de la France à l’étranger.
RALH : Un an déjà ! Quel bilan tirez-vous de cette première année ?
O.F. : D’abord, je suis passionné par ce que je fais. Le premier bilan que je puisse faire, c’est que je trouve beaucoup de plaisir dans l’exercice de mon mandat. Même s’il on imagine à peu près ce qui nous attend, il n’y a que l’action qui montre si l’on s’y sent à l’aise. Pourquoi je m’y sens à l’aise ? Bien parce que le travail de législateur, c’est passionnant, ça permet d’aborder l’ensemble des dossiers majeurs qui concernent la société française, ça permet de s’enrichir soi-même, d’évoluer, on aborde quantité de débats qui parfois m’ont fait bouger dans mes convictions, mes certitudes. Il y a eu beaucoup de textes de lois sur lesquels je me suis particulièrement investi, où j’ai fait ce travail d’amendement, où je trouve la satisfaction de pouvoir être acteur.
RALH : Pouvez-vous nous préciser comment à l’Assemblée vous percevez votre rôle de député et nous dire sur quel type de loi vous avez déjà travaillé et travaillez actuellement ?
O.F. : Mes interventions, je les fais au nom du groupe auquel j’appartiens : le groupe des radicaux de gauche (PRG), ce qui pour moi a été une véritable opportunité dès le départ. Certaines mauvaises langues m’ayant prédit un isolement total au sein de l’Assemblée ! C’est tout le contraire. Me retrouver aujourd’hui sur les bancs de l’Assemblée avec mes amis radicaux de gauche, c’est presque une logique historique, car même si j’étais auparavant socialiste, c’est Michel Crépeau qui m’a donné l’envie de m’engager en politique.
Le fait d’appartenir à un petit groupe, puisque nous ne sommes que seize, ça laisse plus de temps de paroles. Ainsi, j’ai pu intervenir à de nombreuses reprises lors de questions d’actualité, alors que certains collègues socialistes n’en n’ont encore posée aucune.
Sinon, j’appartiens à la commission « Aménagement du territoire et développement durable ». Appartenir à cette commission était mon premier souhait car elle traite des questions de transports, d’infrastructures, de développement durable, et de toutes les questions liées au littoral.
J’ai par ailleurs, au sein du groupe, été le rapporteur à propos de la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, et également de la loi relative à l’Enseignement supérieur et la Recherche.
Dans le travail d’un député, il y a aussi celui d’initiative parlementaire où l’on est amené à travailler sur des textes d’émanation gouvernementale. Des textes sur lesquels les parlementaires ont un droit d’initiative à travers des propositions de lois, des amendements.
Avec mes collègues députés de l’Assemblée et du Sénat, je me suis engagé sur un texte abordant la question de la fin de vie, le droit de mourir dans la dignité. Dans cette optique, j’ai auparavant participé au comité d’éthique de l’hôpital de La Rochelle ; rencontré des médecins, des patients, etc., parce que je pense qu’un texte de loi c’est un travail d’échanges qui ne peut se faire qu’après avoir écouté l’ensemble des parties prenantes afin de ne pas légiférer « hors sol ». Ce n’est pas un secret de polichinelle, il existe bien plusieurs catégories de députés. Ceux qui sont quasiment toujours à l’Assemblée et donc peu présents dans leur circonscription, ceux que l’on ne voit pas à l’Assemblée et qui, je suppose, sont dans leur circonscription.
En ce qui me concerne, j’essaie de trouver un juste équilibre entre Assemblée et territoire. C’est pourquoi je reste partisan du mode de scrutin uninominal qui attache un député à un territoire. Moi, j’ai une circonscription, j’essaie d’être présent sur divers rendez-vous, manifestations, rencontres, accueil à la permanence. D’ailleurs au cours de mes rencontres avec les acteurs du monde universitaire rochelais, j’ai présenté une trentaine d’amendements sur le texte de loi proposé afin d’être en phase avec leurs espérances et sur les messages à faire passer auprès du gouvernement. Sinon, je me suis vite rendu compte que l’Assemblée Nationale pouvait devenir une bulle si on n’en sortait pas. M’y rendant en moyenne 3 jours par semaine, bien durant ces trois journées, on ne sort pratiquement pas, on vit dans autre un monde.
RALH : Dans l’hémicycle, quels sont vos voisins immédiats ?
O.F. : Les députés PRG représentant le centre gauche sont physiquement situés au centre de l’hémicycle. A ma droite siège Annick Girardin (PRG), députée de Saint-Pierre et Miquelon, devant moi le député de Lyon, Thierry Braillard (PRG), et personne directement à gauche de moi puisque je me situe en bordure de travée. Ou alors, mon voisin de gauche, assis de l’autre côté de l’escalier, n’est autre que Jean-Louis Borloo du groupe UDI (centre droit). Entre PRG, UDI et même Les Verts qui ne sont pas très loin, il règne une très bonne ambiance, et même lors des débats un peu chauds, comme la loi pour le mariage pour tous, il n’y a pas eu de débordements comme en d’autres secteurs de l’hémicycle.
A propos de cette loi sur le mariage pour tous, comment avez-vous voté ?
O.F. : J’ai voté favorablement car je considère qu’il est légitime qu’un couple d’homosexuels puisse s’unir civilement, qu’il puisse bénéficier des mêmes droits, et que concernant l’adoption on puisse sortir d’une forme d’hypocrisie car tout le monde sait qu’un ou une homosexuel célibataire peut adopter si il ou elle cache le fait d’être en couple. Par contre, je ne voterai pas une loi intégrant à celle du mariage pour tous une extension intégrant la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (mères porteuses), car à mes yeux, c’est ouvrir une commercialisation du ventre de la femme.
RALH : Dans votre circonscription, et plus particulièrement sur Ré, comment concevez-vous votre rôle sur le terrain ?
O.F. : Si je prends plaisir à exercer cette fonction, mon plaisir est peut-être encore plus fort dans l’exercice du mandat de terrain. A l’Assemblée, tous mes collègues de droite comme de gauche me disent que j’ai une circonscription magnifique. Quand j’évoque La Rochelle et l’île de Ré, ça leur parle, tout le monde m’envie, ce dont je suis bien conscient. Durant ma campagne j’ai veillé, et encore aujourd’hui je veille à faire en sorte de ne jamais oublier l’île de Ré. Il est pour moi essentiel d’associer les Rétais à mon action. J’ai appris à connaître les élus de l’île de Ré, j’ai découvert leur travail de proximité à la Communauté de communes et je trouve qu’il y a une dynamique intéressante. En tant que parlementaire j’essaie d’être une sorte de relais, je ne suis pas un élu local décisionnaire sur les questions liées aux communes, mais néanmoins je peux aider. Alors cela passe par la réserve parlementaire dont je dispose pour venir en aide aux communes ou à certaines associations, laquelle s’élève à 130 000 € par an, et dont je tiens à rendre publique l’utilisation que je vais en faire. Ainsi, cette année, je vais aider trois projets dans l’île de Ré (la réhabilitation de maisons communales en mairie et Office de tourisme à Ars – 20 000 € – ; la construction d’un complexe sportif à Loix – 20 000 € – ; la construction d’un bâtiment à usage d’atelier relais agricole à Rive doux – 10 000 € -). Par ailleurs, à titre d’exemple, quand je donne à la SNSM de La Rochelle, je donne également à la SNSM de l’île de Ré. C’est là ma façon de participer à la vie associative, à la vie des communes par cette aide financière, et puis on sait bien qu’en tant que parlementaire, j’ai des portes qui s’ouvrent plus facilement auprès des ministères pour porter certains dossiers avec des élus locaux comme cela a été le cas pour les questions liées au littoral, la protection des côtes.
Cela a été une de mes premières initiatives que de réunir les maires des 17 communes littorales sur les 20 communes que compte ma circonscription, mon rôle étant d’être un relais, un facilitateur de projets, et cet autre facette du travail parlementaire, c’est également très passionnant.
Des députés, ce n’est pas une somme de petits pois dans une boîte, ils ont chacun leurs problématiques, leurs difficultés spécifiques, et moi je porte entre autres celle des 100 kilomètres de côtes que comptabilisent La Rochelle et l’île de Ré. Vous comprendrez pourquoi je tenais à être dans la commission Aménagement du Territoire et Développement Durable.
Le travail de parlementaire, c’est aussi un travail de représentation et les organisateurs de manifestations sont en général contents que le député soit présent, et au-delà de la représentation, c’est également de participer à des Assemblées générales, à des débats parce qu’on y prend le pouls d’un territoire, ça permet de s’imprégner des réalités locales.
Et puis je viens aussi dans l’île de Ré par plaisir. J’ai 40 ans, cela fait 40 ans que je viens dans l’île. Je suis rochelais mais pour moi, Ré, quand j’étais petit, c’était l’aventure, ma première initiation aux voyages. Quand je prenais le bac, c’était la traversée de l’Atlantique ! Plus tard on prend conscience, même en y vivant quotidiennement, qu’on a la chance de vivre sur un territoire magique qui, je crois, plait à beaucoup d’autres qu’à nous autres !
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