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La Vanne de Louzon, à la confluence des patrimoines
Quelque part au milieu des marais, la vanne de Louzon est au centre de ce rendez-vous matinal au petit goût de paradis
Brise légère, ciel d’azur et lumière irradiante… on ne pouvait rêver mieux pour cette escapade au coeur des marais, entre Loix et La Couarde. « Ici c’est Loix c’est mieux, là c’est La Couarde », plaisante le Lionel Quillet, désignant une frontière invisible qui se matérialise avec la voiture de Patrick Rayton, « arrivé par chez lui ». L’humeur est badine comme ce matin de printemps. Mais revenons à nos moutons, plutôt à nos marais.
Et à la vanne de Louzon. Le Patrimoine des Marais « C’est peut-être l’endroit le plus sauvage de l’île », s’émerveille le Président de la CdC devant le paysage qui nous entoure. A perte de vue jusqu’à Ars, dont on voit au loin le clocher de l’église et son amer noir, s’étendent les marais et leurs réseaux de chenaux. Un patrimoine naturel magnifique abritant une biodiversité extraordinaire, mais également précieux sur le plan économique et sécuritaire. A nos pieds, la vanne de Louzon en est l’un des éléments emblématiques.
« Les Marais sont l’une des grandes actions de la Communauté de Communes », précise Lionel Quillet. Un travail de restauration et d’entretien entamé depuis plus d’une décennie.
Un peu d’histoire
Au début des années 2000, la situation des marais est considérablement dégradée. En cause, le coût de « travaux colossaux » impossible à assumer pour les nombreux acteurs, ostréiculteurs, sauniers, agriculteurs et propriétaires privés (les derniers étant souvent les premiers). L’entrée de la gestion de l’eau dans les compétences communautaires rebat les cartes, et la CdC initie en 2007 un Contrat de Restauration des Zones Humides (devenu depuis CTvMA), avec pour objectif l’accès aux subventions.
Un Contrat Territorial volet Milieux Aquatiques Ile de Ré
Le dossier traîne mais en 2010, les dégâts laissés par Xynthia font valoir le rôle hydraulique très important des marais en cas de submersion mais aussi face à des risques de pollution. « Nous devons pouvoir fermer et isoler le Nord de l’île si nécessaire », explique Lionel Quillet. Vingt-deux grands ouvrages et cent cinquante prises à la mer sont concernés sans parler de l’entretien des berges.
Relancé, le CTvMA 1 est finalement signé en octobre 2012 pour cinq ans, avec un budget de 3,5 millions d’euros financés conjointement par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et la CdC, qui s’appuie sur l’écotaxe. Le programme de travaux mis en place se termine sur un bilan très positif. Dès 2018, la préparation du CTvMA 2 est lancée. Entre délais réglementaires précédant la validation de l’État (soit six à huit mois sur ces sites classés) et crise sanitaire, le second plan de programmation devrait être opérationnel en fin d’année. Début des travaux en 2022 ? C’est ce qu’espère en tous cas le Président de la CdC.
Autre changement : le financement. L’Agence de l’Eau se retirant progressivement, la CdC prendra en charge 80% d’un budget tournant autour des 7 000 000 €, toujours via l’écotaxe. Mise en valeur des marais, PAPI 1 (des études sont en cours sur le rôle des marais et de leurs ouvrages en cas de tempêtes), risque de pollution et gestion hydraulique composent les axes majeurs du programme global inscrit au CTvMA.
La vanne de Louzon, un lieu stratégique
Ici, à la confluence de deux chenaux dont l’un porte le ‘doux’ nom de Chenal des Enfers, la fameuse vanne de Louzon est « l’une des plus anciennes pelles du territoire, un élément patrimonial important », explique Lionel Quillet.
« Elle a été construite au début du 19ème siècle dans le cadre de gros travaux d’endiguement des marais », poursuit le Maire de Loix, rappelant qu’elle fait partie du rattachement entre sa commune et La Couarde. Ne fonctionnant plus depuis dix ans, elle a de plus subi une tentative d’incendie il y a cinq ans. Intégrée au CTvMA elle est aussi inscrite au Patrimoine dans la labellisation Pays d’Art et d’Histoire datant de 2012.
Réhabilitation et mise en fonctionnement
Les derniers travaux de restauration de la vanne de Louzon datent de 1950. A son chevet, nous pouvons constater l’étendue des outrages du temps, bien qu’elle ait bien résisté comme le fait remarquer Hung Do Cao, Directeur de l’Aménagement du territoire à la CdC.
En tant qu’élément patrimonial, la vanne devra être « remise en état similaire à l’ouvrage patrimonial originel ». Un « nouveau système complet de vanage sera mis en place » (il sert à réguler le débit de l’eau), radier et perrés seront repris ainsi que les endroits où les pierres ont disparu ou sont trop abîmées. Enfin le soutènement sera intégralement refait. Une somme d’étapes techniques pour un programme suivi par Laurent Pouzin, Chargé de Mission Marais à la CdC.
Ainsi la vanne de Louzon retrouvera tous ses attraits patrimoniaux et sera aussi opérationnelle. « Et elle doit fonctionner » précise Lionel Quillet, en référence à sa position stratégique lors d’une éventuelle fermeture. « Les marais ont un intérêt majeur dans l’évacuation de l’eau sur ce secteur très impacté en cas de submersion. Mais ils imposent des contraintes particulières », rappelle Patrick Rayton. Au-delà de leur beauté sauvage marquant l’union sacrée de la terre et de l’eau, les marais de l’Ile de Ré sont bien plus qu’un paysage de carte postale. Subtils et complexes, ils sont un véritable enjeu pour le territoire.
La réhabilitation de la vanne de Louzon, étapes et budget
– Avril à octobre 2021 : maîtrise d’oeuvre et diagnostic réalisé par l’UNIMA pour un coût de 23 735 € TTC avant un appel d’offres
– Été 2021 : réunion avec les usagers
– Novembre 2021 à février 2022 : étude et dossiers réglementaires
– Mars à août 2022 : travaux sur 6 mois pour un budget estimé à 150 000 € TTC
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