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- LPO Réserve naturelle de Lilleau des Niges
La Réserve naturelle, hier et demain
En début d’année, dans le cadre d’une Causerie rétaise organisée par l’AIA, Jean-Christophe Lemesle, coordinateur de la Maison du Fier et de la Réserve naturelle de Lilleau des Niges depuis vingt ans, a présenté 40 ans d’actions pour la protection des oiseaux.
La réserve naturelle était autrefois constituée de marais salants qui ont été gagnés par la mer entre le XVème et le XIXème siècle. Les tempêtes qui se sont succédé à cette période ont fragilisé les digues et effacé la plupart des prises, ce qui a freiné l’activité d’exploitation du sel dans cette zone. Néanmoins des cartes attestent qu’en 1963 le sel y était encore exploité. Un hangar, quelques carreaux et des zones de stockage de sel existent encore aujourd’hui, preuve de cette activité salicole.
Pourquoi une réserve naturelle sur ce secteur ?
Dans les années 70, une importante activité cynégétique s’exerçait sur les gibiers d’eau dans l’ensemble des marais du nord de l’île. Pour protéger les oiseaux, des associations de protection de l’environnement s’interrogent alors sur la capacité du site à maintenir ces populations d’oiseaux au regard de la pression de chasse. Le classement en 1973 de l’ensemble du Fier d’Ars en réserve de chasse maritime, a fait qu’il n’était plus possible d’y chasser, sauf dans les marais. Pour aller plus loin, est initié en 1975 le projet de classement de la zone en réserve naturelle, qui sera accepté en 1977. En 1979, une enquête publique est lancée pour recueillir les avis de la population, ceux-ci étant divergents, un remembrement foncier est fait pour rassembler les propriétaires de marais favorables à la création de la Réserve naturelle. Il faut noter que 70% des marais appartiennent aujourd’hui au Conservatoire du littoral qui les a rachetés au fur et à mesure. Le 31 janvier 1980 un décret officiel établit la création de la Réserve naturelle.
La LPO : des missions variées
La LPO est présente sur l’île de Ré depuis plus de quarante ans en tant que gestionnaire de la Réserve naturelle. Parmi les pionniers figuraient Pierrick Marion, Léon Pelliseri ou encore Hervé Robreau. En 1999, la Maison du Fier, rachetée par le Conservatoire du littoral, a été reconstruite à neuf, à l’identique de l’ancien hangar à sel.
Aux côtés des salariés de la LPO s’occupant à l’année de la Réserve, de nombreux bénévoles ont contribué à son développement. La LPO est co-gestionnaire de la réserve avec le Ministère de l’environnement, à qui elle présente un Plan de gestion, renouvelé tous les dix ans.
Le rôle de ses bénévoles et salariés est notamment d’informer les visiteurs ou encore de faire de la surveillance, par exemple en bateau, surtout en été, pour faire respecter la réglementation et éviter que des usagers du Fier d’Ars pénètrent dans les zones non autorisées, perturbant la tranquillité des oiseaux et la biodiversité.
Outre l’aménagement d’îlots dans les années 90, le désenvasement des marais dans les années 2000, la gestion de la quarantaine de passages d’eau entre chaque marais et des huit prises d’eau à la mer, mais aussi des infrastructures et anciens chemins des marais, une des missions principales de la LPO est de réaliser des études et suivis d’oiseaux, d’habitats naturels mais aussi de poissons et de plantes dans les marais.
Quel avenir pour la réserve ?
Submersions marines, catastrophes naturelles, réchauffement climatique vont l’impacter. La LPO a travaillé pendant deux ans sur le changement climatique et ses effets sur la réserve et les marais. Un des éléments clés mis en évidence est la hausse inéluctable du niveau marin qui a monté de vingt et un centimètres sur les cent cinquante dernières années. Avec une accélération dû probablement au réchauffement climatique, puisque sur les 110 premières années (1860-1970), le niveau s’était élevé de 11 cm, mais sur les 40 dernières années (1970-2010), il s’est élevé de 10 cm. Les prévisions tablent d’ici 2050 sur une élévation du niveau de la mer entre 25 et 40 cm et d’ici 2100 entre 40 et 80 cm.
C’est donc un enjeu très fort pour la réserve, dont LPO a déjà fait l’expérience avec Xynthia, en 2010. Deux submersions marines ont eu lieu sur la réserve naturelle, la première entre le 26 février et le 6 mars, 100 ha de marais ont été recouverts d’eau de mer et la seconde, entre le 29 mars et le 30 novembre : avec une succession de gros coefficients, la digue, reconstruite à la hâte après le passage de Xynthia, n’a pas tenu. La LPO sait que 140 ha de réserve seront repris par la mer, la digue ne suffisant pas à la préserver de la montée du niveau de la mer. L’avenir de la partie terrestre de la réserve est de redevenir un pré-salé à l’horizon 2050.
La question de la LPO est donc de savoir si elle doit créer une autre zone derrière la digue pour retrouver les espèces et les enjeux déjà présents sur la réserve actuelle, tout en sachant que dans tous les cas “la réserve ne va pas disparaître mais se transformer”, conclut positivement Jean-Christophe Lemesle.
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