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- Portrait - Christophe Barthère
La rencontre d’un homme et de sa fonction
Le tandem que Christophe Barthère forme avec Jean-Jacques Enet a stabilisé la coopérative Uniré et, modernisant l’outil, l’a préparée pour l’avenir. Nous avons eu envie d’en savoir plus sur l’élément discret du binôme. Rencontre avec Christophe Barthère.
Né à Cognac, petit-fils de grands-parents travaillant dans une Maison de cognac et fils d’un père directeur du Crédit Agricole, à Marennes, Christophe Barthère fréquente très tôt les milieux qui vont régir sa vie d’adulte : les spiritueux et la finance ! Sa voie est toute tracée : il fait des études financières et comptables et démarre dans la vie active en entrant dans un cabinet comptable. Son travail dans une coopérative agricole, Océalia à Rochefort, est le troisième volet qui viendra parfaire sa formation et fera de lui le candidat idéal pour la coopérative rétaise quelques années plus tard. A 27 ans, il pratiquait déjà le milieu coopératif depuis cinq ans, toujours dans le domaine de la finance et de la comptabilité. Un poste convoité, qui ne lui sera finalement pas attribué, le pousse à aller voir ailleurs s’il peut trouver mieux et progresser. Il sera cinq ans chef comptable à la coopérative de Saint-Jean d’Angely. Si bien que, lorsqu’il arrive dans l’île de Ré, en août 2004, pour occuper un emploi de directeur financier à la coopérative, il a déjà une expérience de dix ans dans le milieu coopératif.
C’est important car le fonctionnement démocratique d’une coopérative est différent de celui d’une entreprise. Il met l’humain au centre de l’activité. Loin d’être handicapant, l’esprit coopératif est une ouverture qui oblige à travailler ensemble, à composer ou au contraire à se battre pour convaincre les autres du bienfondé de ses idées. Cette démarche séduit l’intelligence de Christophe et convient à sa personnalité et à sa fibre humaine.
Comment on devient directeur général
A la coop, il avait été recruté par Jean- Pierre Trauma. Il s’entend bien avec ce dernier qui malheureusement au bout de deux ans lui annonce son prochain départ en retraite, libérant un poste intéressant Christophe, qui n’a que deux années de présence ; c’est un peu court pour appréhender totalement l’outil. La direction de la coop cherchera à l’extérieur et embauchera Bernard Adam, un pur commercial, qui ne s’adaptera pas et qui, éprouvant des difficultés à travailler avec son entourage, devra, un an à peine après son recrutement, quitter le groupe. Le problème se pose à nouveau de trouver un directeur général. Echaudés par leur dernier recrutement, les responsables vont cette fois chercher la relève en interne et sélectionneront Christophe Barthère, qui est loin d’avoir fait le tour des choses, mais dont l’expérience dans les différents secteurs de la finance et de la coopérative doit lui permettre à terme de devenir un DG efficace. A condition d’être aidé.
Avant d’accepter, Christophe prendra conseil auprès des deux hommes, sans lesquels il estime impossible d’assurer ce poste. D’un commun accord François Guilbaud, oenologue et maître de Chai, et Françis Bourriau lui diront que sa prise de fonction « est sûrement la meilleure chose qui puisse arriver à la coopérative ». Il est clair que s’il n’avait pas eu l’aval des cadres, Christophe n’aurait pas accepté la proposition. Il devra apprendre différents métiers et passera beaucoup de temps avec les anciens qui lui transmettront leur savoir et lui apporteront leur soutien, lui permet tant de mener à bien sa tâche. Christophe estime que l’on ne peut diriger cette structure sans avoir une vision globale et il lui a bien fallu trois à quatre ans pour être au point et voir dans quelle direction il fallait orienter la coopérative.
Le vin : un art de vivre
Le monde de la coopérative fonctionne souvent ainsi : Jean-Jacques Enet et Christophe Barthère forment un binôme de président-directeur général qui aura su faire évoluer la cave, réinvestissant dans l’outil pour qu’il reste performant tout en tirant le meilleur parti du terroir. Les deux hommes s’entendent bien et se faisant confiance travaillent ensemble, exploitant leurs qualités respectives. Avec la création de ce fantastique cellier en 2020, ils ont installé, avec panache, Uniré dans le XXIe siècle. Tombé en amour, comme disent nos amis canadiens, avec le vin, ce produit noble ancré dans l’art de vivre à la Française, symbolisant le raffinement, la convivialité, le plaisir mais aussi le partage, Christophe consacre énormément de temps à la coopérative. Parfois au détriment de sa vie privée.
Cet homme de rigueur est un passionné et son implication n’est pas moindre pour la pomme de terre primeur, star de la coopérative maraîchère. Après avoir joué un rôle déterminant dans l’obtention de l’AOC puis de l’AOP de ce tubercule, Christophe est très attentif à sa production, car « Il n’est pas courant d’avoir une pomme de terre avec une appellation ! La qualité de la primeur rejaillit sur tout Uniré ». C’est un produit attendu et « on n’a pas le droit à l’erreur ». Avril, mai et juin représentent une période de grosse pression pendant laquelle il « ne fait rien d’autre et ne pense à rien d’autre qu’à la pomme de terre. » Et cela lui plaît. Tout le temps que dure cette saison il vit à cent à l’heure et échappe à la routine qu’il déteste.
Préparer la relève
Christophe Barthère a 63 ans et même s’il est en très grande forme, celle d’un homme qui a fait beaucoup de sport, il est conscient qu’il faudra un jour quitter cette activité professionnelle dévorante. Après un tel investissement ce sera difficile. D’ici là, il souhaite préparer Uniré aux nouveaux défis qu’elle devra affronter. Si elle est « équipée course », comme il le dit, pour les 500 ha de vignes qu’elle travaille, cela nécessite d’être préservé. Elle est aussi confrontée au problème du logement pour son personnel auquel elle envisage de pallier en transformant l’un de ses hangars en appartements. Le changement de génération des vignerons qui se profile, la moitié des producteurs ayant plus de 55 ans, est sans doute son plus grand challenge. La coopérative pour y faire face devra prendre de plus en plus de vignobles et sera amenée à pratiquer d’autres métiers que ceux qui étaient les siens à l’origine. Des chantiers passionnants auxquels Christophe voudra forcément participer !
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