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La précarité alimentaire, sujet majeur de société
Rendez-vous réguliers de la CdC, les Rencontres rétaises des acteurs du social du 8 décembre étaient dédiées à la précarité alimentaire.
Selon une formule désormais rodée, la journée s’est déroulée en plusieurs phases, dressant le tableau d’une réalité difficile : à quelques semaines de Noël, les seuls Restos du Coeur ont distribué sur l’hexagone cent-soixante quatorze millions de repas contre centsoixante et onze en 2022. Sur la Charente-Maritime, seize mille cinq cent personnes ont sollicité leur aide et un million sept cent mille repas ont été distribués (deux cent mille de plus que l’année dernière). Une question s’impose au néophyte : comment en est-on arrivé là et comment lutter ?
L’échec d’un modèle
« En 2022, il a ouvert le festival Alimenterre sur l’Ile de Ré », rappelle le directeur du pôle services à la population Brice Samson sur le film La Part des Autres présenté à l’assistance. Nous menant des champs aux locaux d’aides alimentaires, des épiceries solidaires aux industries de l’agroalimentaire, le documentaire met en évidence les difficultés aux deux bouts d’une même chaîne. D’un côté des producteurs toujours plus contraints et peinant à survivre, de l’autre des consommateurs en détresse ou a minima insatisfaits de leur nourriture (ils sont dix-sept millions dans ce cas). Du simple accès à l’alimentation, le film élargit à la qualité de la nourriture, dessinant une frontière parfois infranchissable entre ceux qui peuvent et les autres. Il questionne un modèle prévalant depuis des décennies et qui semble aujourd’hui en voie d’effondrement.
Pour un droit à l’alimentation
C’est le propos de Magali Ramel, Docteure en Droit Public dont la thèse portait sur « le droit à l’alimentation et la lutte contre la précarité alimentaire en France ». Très technique mais passionnante, son intervention « bouleverse nos certitudes », estime Brice Samson.
L’aide alimentaire, une fatalité ? Non pour Magali Ramel dont le travail propose un regard inscrivant l’alimentation dans le droit, un droit existant « dans les pays en développement mais pas dans les pays développés », nous explique-t-elle, précisant la différence entre « le droit d’être à l’abri de la faim et un droit à l’alimentation non limité au besoin vital ». « Quand on met la dignité au centre, qu’est-ce-que ça change ? », interroge-t-elle, évoquant « une nourriture à long terme, disponible, de qualité, accessible et respectant les cultures et les préférences alimentaires ».
Quelles évolutions ?
Introduire l’alimentation dans le droit suppose « d’agir sur les causes structurelles et engage la responsabilité des Etats », pour Magali Ramel poursuivant son propos par les récentes évolutions. En 2017, les Etats généraux de l’alimentation appellent à « changer de paradigme en dépassant le modèle distributif ». En 2018, la loi Egalim introduit « une définition légale de la lutte contre la précarité alimentaire distincte de celle de l’aide alimentaire ».
En 2020, la création du Cocolupa* rassemble les acteurs de l’aide alimentaire pour une transformation du modèle et en 2022 le CNA* détermine quatre grandes ambitions : prendre le problème à la racine, enrichir d’insuffisantes connaissances sur la précarité alimentaire afin de mieux lutter et prévenir, améliorer l’aide alimentaire et enfin introduire dans le combat des initiatives complémentaires ou alternatives.
La journée rétaise se poursuivra de manière plus locale par la présentation de l’épicerie solidaire du CIAS d’Aunis Sud et ici même par celle des actions du collectif Ré-Unissons et la visite du tout proche local des Restos du Coeur. Car loin des clichés de carte postale, l’Ile de Ré fait aussi face à une certaine détresse sociale.
*Cocolupa : Comité national de coordination de la lutte contre la précarité alimentaire / CNA : Conseil national de l’alimentation
Ré-Unissons, une force collective de propositions multiples
Créé il y a huit ans, le collectif insulaire rassemble aujourd’hui vingt associations et Christian Bourgne se félicite que s’y soit récemment rallié l’UDAF17* et sa Présidente Françoise Henri, « une grosse machine », souligne-t-il avant d’évoquer le « bonheur d’être avec ce groupement dans lequel les personnes sont vraiment là pour les autres ».
Identifier les besoins
Sur l’aide alimentaire, « il n’y a pas de réels problèmes d’approvisionnement », nous dit Christian Bourgne, évoquant la solidarité insulaire et le nombre de structures existantes ». Ce qui ne signifie pas absence de difficultés. « Le plus compliqué, c’est qu’il faut aller dans chaque commune car des familles sont réellement dans le besoin et ne font pas la démarche », explique-t-il, prenant pour exemple le “Repas de l’amitié” qui accueillait peu de personnes lorsqu’il s’appelait (à l’origine) “Repas solidaire”. « Changer de nom a tout changé », affirme Christian Bourgne.
Élargir le champ d’actions
Au-delà de ce grand rendez-vous, le collectif Ré-Unissons s’intéresse à d’autres sujets. « Avec vingt associations regroupées, il y a toujours une réponse au besoin exprimé », poursuit-t-il. Une force collective complémentaire des CCAS avec lesquels un rapprochement s’est opéré grâce à l’élue Peggy Luton. Sur le logement d’urgence par exemple, le collectif travaille avec CdC et CCAS. Grâce à des liens avec le CHRS* Altea Cabestan ou l’association L’Escale, structures toutes deux sur La Rochelle, « nous sommes force de proposition », explique Christian Bourgne, ajoutant que le collectif s’interroge sur la nécessité de logements d’urgence sur chaque commune. « On a proposé qu’une ou deux communes soient en charge car il y a des réponses immédiates mais après ? Le logement d’urgence, c’est aussi le logement tout court », estime-t-il, pointant également le défaut d’entretien de certains logements gérés par les bailleurs sociaux. « Un diagnostic va être fait » conclut-il avant d’évoquer par ailleurs un nécessaire rééquilibrage entre Nord et Sud du territoire.
*UDAF 17 : Union départementale des associations familiales de Charente-Maritime
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