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La pêche a toujours fait partie du quotidien des Rétais

Christelle Rivalland, directrice du musée Ernest Cognacq, a tenu une conférence sur ce thème qui est un témoin vivant du patrimoine insulaire.
Il a, tout d’abord, été question de la pêche de ramassage ou de « cueillette ». Une pêche pratiquée par tous, hommes, femmes, enfants. En arpentant le platin, on pêchait toutes sortes de coquillages : coques, moules, palourdes, pétoncles, praires, ainsi que des bigorneaux. Les techniques étaient transmises de génération en génération. L’intervenante a, ensuite, parlé de la pêche de « chasse », où l’on va débusquer, traquer et saisir la proie, généralement des poissons. Les instruments utilisés ont été présentés : le haveneau, une sorte de grande épuisette, le treillas, un filet placé entre deux manches en bois, l’épée d’écluse ou encore la pigouille (ou pigougne) où des pointes munies de petits ardillons sont placées à l’extrémité d’un long manche de bois. Les pêcheurs étaient munis de gourbeuilles, des paniers en osier qu’ils portaient en bandoulière ou de manoques.
Le public a pu apprendre plusieurs détails sur la pêche de nuit, ou pêche au feu et sur le matériel employé. Il s’agit d’une pratique ancestrale qui remonte à l’époque des Grecs et des Romains. Il existait, aussi, la pêche de « pièges » : le filet, la bourgne, le casier pour récupérer certains crustacés comme l’un des plus prisés, le homard. Mais de tous ces pièges, le plus important, celui qui « fournissait » le plus de poissons, était bien l’écluse.
Des murs de pierres en forme de fer à cheval
Construites par l’homme, les écluses sont présentes, sur l’île, depuis le XIIIème siècle. On en a compté jusqu’à 140 à la fin du XIXème siècle. Il en existe, de nos jours, encore 14 en activité* regroupées au sein de l’Adépir**. Chacun des membres des équipes de bâtisseurs qui se chargeaient de leur entretien, venaient pêcher, à tour de rôle. Elles ont longtemps été considérées comme un véritable garde-manger pour la population et font partie, aujourd’hui, du paysage de l’estran. L’intervenante n’a pas manqué de faire, de manière régulière, référence à la brillante thèse de doctorat, soutenue par Jacques Boucard qui était présent dans la salle.
Un lien entre la mer et la terre
Les Rétais, ces paysans de la mer et marins de la terre, ont su, habilement, exploiter toutes les richesses de l’océan. La pêche au sart (immortalisée par le célèbre tableau de William Barbotin, exposé au cœur de la mairie d’Ars) était une activité importante pour assurer la qualité et la quantité des récoltes. Ces herbes marines servaient d’engrais. Sur l’ensemble de l’île, le ramassage du sart était réglementé. De la fin du XIXème au début du XXème siècle, une usine à engrais fonctionnait à Saint-Clément des Baleines.
La pêche avait aussi une vocation professionnelle
La pêche en mer s’est développée au XIXème siècle. Il s’agissait d’une pêche de drague. Même si Ré n’a jamais été une île de marins, contrairement aux îles bretonnes ou à Oléron, La Flotte est devenue, à cette époque, un port thonier. Un peu plus tard, on repère au bout de l’île, à Ars, l’existence d’une usine à sardines qui a fonctionné de 1911 à 1930. Celle-ci était approvisionnée, essentiellement, par des bateaux des Sables d’Olonne et d’Arcachon. De son côté, le développement de l’ostréiculture, depuis Napoléon III, est un fait marquant qui perdure de nos jours. La culture de l’huître fait vivre, aujourd’hui, plusieurs familles rétaises. La production locale représente 4% de la production nationale.
Lors de sa conclusion, Christelle Rivalland a bien fait remarquer qu’ à ce jour, chacun peut constater que les ressources s’amenuisent. Sur notre île, la pêche est surtout une pêche de loisir, elle doit se pratiquer en combattant les pratiques sauvages ou inconscientes, sous l’œil vigilant des écogardes…
*Une quinzième est en construction sur Sainte-Marie, à l’initiative des « Bâtisseurs de l’estran ». **L’Association de Défense des Écluses à Poissons de l’Ile de Ré.
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