La Nouvelle-Aquitaine atteint un plateau et dispose désormais d’un point épidémiologique hebdomadaire

Point épidémiologique chiffré, capacités en réanimation, trains de la solidarité, masques et dépistage dans les EHPAD ont été les principaux points abordés lors d’une conférence de presse par le directeur de l’ARS NA.

L’ARS Nouvelle-Aquitaine a fait un point complet par visio-conférence de presse ce 10 avril, pour la première fois depuis le début du confinement. Et elle continue d’envoyer chaque soir un communiqué de presse complet, faisant un point chiffré mais aussi sur les problématiques les plus d’actualité.

Le premier point épidémiologique régional spécial Covid-19 publié par Santé publique France Nouvelle-Aquitaine

Santé publique France Nouvelle-Aquitaine a publié ce 10 avril son premier Point épidémiologique régional spécial Covid-19. Ce document compile l’ensemble des indicateurs disponibles pour le suivi de l’épidémie de Covid-19 en Nouvelle-Aquitaine, issus de multiples systèmes de surveillance : laboratoires, SOS Médecins, établissements médico-sociaux dont EHPAD, hôpitaux (réseau Oscour®, services sentinelles de réanimation…), etc.

« Au plan national pour la première fois a été constaté une baisse du nombre de patients en réanimation. Certes, cette baisse est relativement minime, mais c’est la première et elle constitue un signe important. Au 9 avril la Nouvelle-Aquitaine comptait 792 patients hospitalisés Covid, soit une diminution de cinq patients par rapport à la veille.

La tendance régionale des derniers jours en lits de réanimation occupés suit la tendance nationale : 243 patients en réanimation le 5 avril, 247 le 6 avril, 243 le 7 avril, 242 le 8 avril, 241 lits de réanimation Covid-19 le 9 avril en Nouvelle-Aquitaine. Cette tendance confirme l’atteinte d’un plateau, on attendait il y a quelques semaines un pic, on n’est pas dans cette logique » a annoncé Michel Laforcade, directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine vendredi soir.

Cas confirmés rapportés par les laboratoires de Nouvelle-Aquitaine

L’épidémie poursuit sa progression dans notre région avec 106 nouveaux cas confirmés recensés par Santé publique France le 9 avril, ce qui porte le total à 2 909 cas confirmés dans la région depuis le début de l’épidémie. (Pour rappel, ces chiffres ne comprennent pas toutes les personnes non testées Covid-19 identifiées par la médecine de ville. Par ailleurs, les chiffres des départements comprennent des cas n’ayant pas été encore géolocalisés et attribués au département du laboratoire qui a réalisé le test).

Prise en charge et décès en Nouvelle-Aquitaine

• 775 personnes sont actuellement hospitalisées ⁽¹⁾ (- 17 par rapport à la veille)
• 229 personnes sont actuellement en réanimation ou en soins intensifs ⁽¹⁾ (- 12 par rapport à la veille)
• Suite à un problème de traitement  des chiffres dans l’outil SI-VIC, Santé Publique France n’a pas été en capacité de mettre à disposition le 10 avril les chiffres détaillés par département sur les hospitalisations (personnes hospitalisées, en réanimation, sorties guéries et décédées).
• Depuis le début de l’épidémie, on déplore 174 décès ⁽¹⁾ parmi les personnes hospitalisées (+ 1 par rapport à la veille).

⁽¹⁾ Source Santé publique France Nouvelle-Aquitaine au 10/04 à 14h

 Capacités en lits de réanimation en Nouvelle-Aquitaine

« A ce jour nous disposons de 691 places de réanimation. Nous nous posons en permanence la question avec acuité : Ne sommes-nous pas en train de trop dégarnir l’offre de soins de Nouvelle-Aquitaine ? Avant la crise sanitaire nous disposions de 400 lits de réanimation, les établissements publics et privés ont fait un effort colossal pour préparer la crise et augmenter fortement l’offre de soins en réanimation. A ce matin (10 avril) nous disposions de 456 lits de réanimation. Nous avons donc le sentiment de ne pas être en train de trop découvrir notre offre » a estimé Mr Laforcade.

Point sur les patients accueillis lors de l’opération Morphée : 3 patients accueillis en Nouvelle-Aquitaine sont rentrés guéris en région Grand-Est

Les services de réanimation des hôpitaux de Nouvelle-Aquitaine ont accueilli, depuis le 21 mars dernier, 84 patients de la région Grand-Est, tous dans un état de santé critique. Grâce à la mobilisation et au travail remarquables des équipes soignantes, 3 de ces patients sont aujourd’hui rentrés guéris à leur domicile, en région Grand-Est.

En ce qui concerne l’état de santé des autres patients transférés, 21 d’entre eux ont pu quitter la réanimation, ce qui constitue une étape très positive dans leur parcours de soin :

• 6 de ces patients ont été transférés en unité de soins continus pour maintenir une surveillance renforcée,
• 9 patients, dans un état de santé encore plus favorable, ont intégré un service de médecine,
• 6 ont été transférés en soins de suite et de réadaptation pour démarrer leur rééducation.

Parmi les patients présentant toujours un état critique, 1 décès est à déplorer et 59 personnes requièrent encore des soins lourds de réanimation mais présentent un état stable.

L’ARS Nouvelle-Aquitaine salue les hôpitaux et les équipes soignantes pour la qualité de leur prise en charge et l’engagement exceptionnel dont ils font preuve au quotidien.

Deux nouveaux trains de la solidarité

Vendredi 10 avril 48 patients d’Ile-de-France ont été accueillis dans différents établissements de la région Nouvelle-Aquitaine. C’est la quatrième fois que la Région Nouvelle Aquitaine est concernée par ces transferts de patients en provenance du Grand-Est et d’Ile de France. A noter aussi qu’au titre de la solidarité plus de 200 personnels soignants volontaires ont accepté d’aller prêter main forte à leurs collègues de ces deux régions très durement touchées. Et que 8 équipes soignantes de Nouvelle-Aquitaine sont parties jeudi 9 avril au soir à Paris pour armer les trains au départ d’Austerlitz et accompagner les patients durant tout le trajet.

Ces 45 patients (48 patients initialement prévus moins 3 patients qui n’ont pu finalement faire partie de ce transfert au vu de leur état de santé, décision des médecins d’Ile de France – NDLR) ont été acheminés grâce à 2 TGV médicalisés arrivés dans l’après-midi du vendredi 10 avril. Un premier train a eu pour terminus Bordeaux et l’autre Angoulême avec un arrêt à la gare Poitiers-Futuroscope. Ces patients ont été accompagnés pour le trajet par 8 équipes de Nouvelle-Aquitaine (Bordeaux, Poitiers, Limoges, Niort) et par 4 équipes d’Ile-de France.

Les patients ont été répartis dans différents établissements de la région :

Train arrivé à 12h45 à Bordeaux (total 24 patients) : Hôpital inter-Armée (HIA) : 5 patients, CHU Bordeaux : 12 patients, Polyclinique Bordeaux Nord : 4 patients, Clinique Saint-Augustin : 3 patients.

Train arrivé vers 16h à Angoulême, avec un arrêt à la gare Poitiers-Futuroscope (total 21 patients) : CHU Poitiers, CHU de Limoges, CH de Brive, CH de Périgueux, CH Niort, CH Angoulême, CH Saintes

Le transfert au départ de la gare de Poitiers-Futuroscope vers Brive et Périgueux s’est fait en HéliSMUR.

Point sur l’approvisionnement en masques en Nouvelle-Aquitaine

Les masques chirurgicaux et FFP2 réservés au personnel aux soignants

La Nouvelle-Aquitaine a bénéficié à ce stade de 4 livraisons de masques sur le stock national. Des livraisons sont désormais prévues toutes les semaines.

L’ARS Nouvelle-Aquitaine continue à abonder le stock national à partir du stock régional constitué des différents dons (organismes publics de la région, entreprises…). Une nouvelle livraison a débuté ce 10 avril de 400 000 masques dans les établissements de santé ayant des besoins ciblés.

Livraisons réalisées à ce stade : 13,8 millions aux établissements hospitaliers, structures d’hospitalisation à domicile, officines, professionnels de santé libéraux, services d’aide et de soins à domicile, transporteurs sanitaires.

Le conseil régional, les conseils départementaux et certaines collectivités sont également venus en appui en commandant pour la région à ce stade 2,7 millions de masques. Ce stock a commencé à être distribué pour 80 % en lien avec l’ARS à destination des professionnels, établissements, structures et services nécessitant d’être approvisionnés et 20 % seront distribués par ces collectivités.

 Les masques pour la population générale

Face aux tensions en approvisionnement en masques, les masques chirurgicaux/2R ou FFP2 sont à réserver en priorité aux soignants.

Pour la population des initiatives apparaissent pour proposer des masques fabriqués en tissu ou papier. Pour rappel, ces solutions ne répondent pas aux standards de qualité attendus par les professionnels de santé.

Toutefois, ils peuvent permettre de limiter les projections, de faire obstacle à nos mains que l’on porte inconsciemment au visage plusieurs fois par heure et de répondre de ce fait, aux besoins en population générale.

Le directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine Michel Laforcade a salué le travail fait en concertation avec le Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine et les douze Conseils départementaux ainsi que les principales Agglomérations. L’armée via l’opération Résilience mobilise aussi plusieurs de ses camions sur les routes pour distribuer ce quota régional de masques…

 Situation dans les EHPAD de Nouvelle-Aquitaine

Au 10 avril à 9h, 190 EHPAD (+ 50 établissements par rapport à la veille) sur les 898 de Nouvelle-Aquitaine (soit 21 %) ont déclaré un ou plusieurs cas possibles ou confirmés de Covid-19 parmi des résidents ou le personnel*.

Parmi ces signalements, 678 résidents ont été comptabilisés confirmés ou cas possibles (suspects présentant des symptômes) Covid-19 (+ 52 par rapport à la veille),

Parmi ces cas possibles ou confirmés, 38 sont décédés au sein des établissements (+ 4 par rapport à la veille), et 29 sont décédés à l’hôpital (+ 8 par rapport à la veille  – ces derniers sont donc inclus dans l’indicateur « nombre de décès parmi les personnes hospitalisées » ci-dessus).

*A noter ! Ces chiffres sont les données déclaratives qui ont été transmises par les établissements entre le 1^er  mars et le 10 avril 2020 à 9h.

« Il y a plusieurs cas de figure a précisé le directeur : parmi ces EHPAD concernés il y a parfois un cas suspect, ou un cas avéré, ou parfois un cluster de plusieurs patients ou de plusieurs membres du personnel concernés. Nous faisons tout pour rester bien en deçà des chiffres nationaux. L’ARS vient en appui des établissements médico-sociaux de Nouvelle-Aquitaine hébergeant les plus fragiles (EHPAD, USLD -unités de soins longue durée-, résidences autonomie…) pour les appuyer dans la mise en œuvre d’actions afin prévenir l’apparition de cas de coronavirus au sein de leur établissement, d’en limiter la propagation ainsi que les conséquences sur l’état de santé des professionnels intervenants auprès de ces résidents et des résidents eux-mêmes. »

 Des consignes concrètes à appliquer par l’ensemble des EHPAD de la région

1^er objectif : Renforcer les mesures d’hygiène, 2^e objectif : Sécuriser l’accès au bâtiment. 3^e objectif : Stopper la propagation du virus en dépistant plus largement les professionnels de ces structures et les résidents (voir ci-dessous le détail de « La stratégie de dépistage généralisé ») et en isolant les résidents symptomatiques dès l’apparition des premiers signes évocateurs.

En préparation d’un ou plusieurs cas de Covid-19, les EHPAD identifient et organisent des solutions d’isolement allant jusqu’à l’identification d’une zone dédiée à la prise en charge de résidents symptomatiques et/ou confirmés Covid-19.

La stratégie de dépistage systématisé dans les EHPAD en Nouvelle-Aquitaine

Afin de limiter drastiquement la propagation du Covid-19, le Ministre de la santé a annoncé un renforcement de la stratégie de test dans les EHPAD, en appliquant les recommandations suivantes :

Qui doit être testé ?

Dans les établissements sans cas de Covid-19 connus :

• Tout professionnel de santé ou personnel des structures médico-sociales présentant des symptômes évocateurs de Covid-19 doit être isolé et testé par un test RT-PCR sans délai.

Si un premier cas est confirmé parmi ces personnels, l’ensemble des personnels doivent bénéficier d’un test par RT-PCR.

Les cas positifs devront faire l’objet d’une mesure d’éviction qui sera levée selon les modalités prévues par le Haut conseil de la santé publique concernant les critères cliniques de sortie d’isolement des patients. Les tests sont réalisés systématiquement en dehors de l’établissement.

• Le premier résident symptomatique doit être testé par RT-PCR dès l’apparition de symptômes évocateurs de COVID-19.

Dans la mesure du possible, les premiers cas parmi les résidents d’un établissement indemne seront pris en charge en milieu hospitalier ou feront l’objet d’un isolement strict en chambre individuel.

L’ensemble des personnels de santé ou personnels des structures médico-sociales de l’établissement devront bénéficier d’un test par RT-PCR dès l’apparition d’un premier cas. Les tests peuvent être réalisés au sein de l’établissement.

Dans les établissements avec au moins un cas confirmé de Covid-19 connu :

Il est recommandé de tester :

• Tous les professionnels de santé ou personnels des structures médico-sociales et d’hébergement sont testés dès l’apparition des symptômes évocateurs de Covid-19.
• Les trois premiers patients dans le cadre de l’exploration d’un foyer de cas possibles au sein d’une structure d’hébergement collectif sont testés (en particulier collectivités de personnes âgées mais aussi lieu d’accueil pour les personnes avec un handicap, milieu carcéral, caserne, résidence universitaire…) ;

Dans les situations ou les établissements peuvent organiser des isolements spécifiques des résidents cas confirmés en créant des secteurs dédiés, les tests peuvent être étendus au-delà des trois premiers patients pour mieux caractériser l’extension de l’épidémie au sein de l’établissement et documenter les réorganisations internes de résidents et de personnels.

Qui intervient pour la réalisation de ces tests ?

Les tests seront réalisés en priorité par les laboratoires publics et privés Covid-19 prioritaires de chaque région. Chaque ARS doit également identifier les capacités complémentaires de diagnostic dans sa région (laboratoires de recherche, vétérinaires et départementaux). Ce recensement est en cours en Nouvelle-Aquitaine et viendra augmenter la capacité régionale à répondre.

L’ARS Nouvelle-Aquitaine a souligné que les EHPAD de la Région mettent le plus vite possible en œuvre cette nouvelle politique de dépistage systématique dans les EHPAD. Six départements de la région : la Charente, la Charente-Maritime, la Corrèze, la Creuse, les Landes et la Haute-Vienne, partis très tôt dans ce dispositif, ont déjà commencé les dépistages ou les commenceront dès mardi.