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La maison Bouthillier à l’origine d’un changement de vie
Portrait de Jerôme Perrin qui a quitté son job pour se consacrer à une demeure historique rétaise.
Jerôme Perrin, issu d’une famille de Parisiens de longue date, découvre pour la première fois l’île de Ré lors de vacances de Pâques en famille. Tous tombent sous son charme et, pendant douze ans d’affilée, reviennent régulièrement au moment des vacances et finissent par acquérir une maison de pêcheur à Ars. Pour Jérôme, Ré est un havre de paix et de beauté, où il vient se ressourcer de son travail trépidant. Juriste dans une grande entreprise de construction internationale, il visite une moyenne de soixante-dix pays à l’année et quitte un avion pour reprendre immédiatement un vol dans une nouvelle direction.
Coup de coeur pour une maison hors du commun
Au cours d’un déjeuner un peu long à La Flotte, il va jeter un coup d’oeil à la vitrine d’un agent immobilier sur le trottoir d’en face. Une annonce l’interpelle. Il s’agit de la mise en vente de la maison Bouthillier à Saint- Martin. Il la visite, constate qu’elle est en ruines et possède tout ce qu’il aime : l’écho d’un passé historique, l’éclat d’une architecture du XIXe, de beaux volumes et… un lanternon qui l’éblouit. Le coup de foudre est immédiat. Il achète la propriété le jour même, sans trop savoir comment il va la payer et après avoir convaincu son épouse que cet achat était indispensable. Il n’avait pourtant pas à l’époque de projet de changement de vie précis en tête. En revanche, son subconscient avait dû commencer à estimer qu’il ne pourrait continuer à cette folle cadence jusqu’à la retraite !
Lorsque Jerôme visite les lieux, la première idée qui lui vient à l’esprit est qu’ils ont été conçus pour réaliser deux maisons d’hôtes et non pas une seule. Alors que jusque-là, il n’avait jamais même imaginé s’engager dans cette voie. Le monde de la construction ne lui est pas étranger et il a l’habitude de suivre des travaux et d’en réaliser luimême, mais cette fois il s’agit d’une longue restauration accompagnée d’aménagements modernes pour recevoir le public, qui durera pratiquement deux ans, autorisations et plans inclus. Il continue à travailler durant ces deux ans, descendant d’un avion le ramenant à Paris pour sauter dans la voiture qui l’attend à Roissy et venir inspecter l’état d’avancement du chantier.
Il a toujours adoré chiner et c’est ainsi qu’il a fait la connaissance de Vincent Bas, dont « Le magasin de la République » se trouve à la Porte des Campani à Saint-Martin et de Laurent Mohn, précédemment à Ars, qui au fil du temps sont devenus des amis. Connaissant ses goûts, dont une passion immodérée pour les luminaires, ils vont lui proposer sur photos des objets anciens susceptibles de l’intéresser, qu’il retiendra ou non. Il stockera ceux qu’il choisit de garder et ne les reconsidérera qu’au moment de leur trouver une place.
Un lieu exceptionnel qui participe de son équilibre
Personnalité réservée, élégant d’esprit comme dans sa gestuelle, Jerôme Perrin possède un sens artistique particulièrement développé. Grand amateur de Nicolas de Staël, il a conçu, dans cet ensemble de deux maisons, Le Lanternon et Le Secret, des lieux minimalistes, et d’autres où l’art primitif se marrie à l’opulente Renaissance. Son goût le porte à éliminer tout ce qui n’est pas essentiel. Il a une idée précise de ce qu’il souhaite obtenir comme effet et sait jusqu’où il peut aller. Le résultat est d’une sobre élégance, intemporel tout en étant follement moderne. Ce n’est qu’une fois les travaux terminés et la maison meublée qu’il prendra le temps d’installer les objets glanés par les deux brocanteurs à la place qui leur revient. Et pour être sûr de ne pas commettre d’erreur, il constitue un comité composé de son épouse, de Laurent Mohn et de lui-même. Les trois doivent être d’accord sur l’emplacement choisi pour qu’il soit retenu.
Tout cela s’est fait pendant le confinement et l’ouverture a eu lieu en juin 2020. Jérôme quitte alors son emploi pour s’investir totalement dans le lieu qui s’ouvre au public. Un changement de vie dont il pensait avoir envisagé tous les aspects. Sa réalisation est fort bien accueillie et il n’y a pas de temps mort, la clientèle est immédiatement présente. Cependant, son épouse ne quitte pas immédiatement Paris et ne le rejoindra que plus tard. Elle a dû, elle aussi, repenser sa carrière et son mode de vie.
Jerôme est heureux de pouvoir vivre pleinement dans l’île, de recevoir dans ses maisons des clients qui apprécient son talent et séduits par les lieux et l’accueil, reviennent. Il apprécie le contact et les échanges enrichissants avec les résidents. Il a un peu sous-estimé la fatigue de travailler quotidiennement sans jamais avoir un moment à soi, mais il s’aère en passant une partie de l’hiver à Paris où il a la joie de retrouver ses deux grandes filles qui y font leurs études et de s’adonner à ses passe-temps favoris, le théâtre et la chine. Bénéficiant des avantages des deux mondes, il retrouve un équilibre qui lui correspond et lui permet de donner le meilleur de luimême à sa clientèle.
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