- Patrimoine
- Conférence Jacques Boucard et Pascal Even
La grande et belle histoire de l’église d’Ars
Après une longue et onéreuse restauration menée de main de maître par la commune d’Ars, l’Association d’Information Arsaise (AIA) et Les Amis de l’Église d’Ars-en-Ré et soutenue par des artistes de renommée internationale, le bâtiment de l’église Saint-Étienne renait
Jacques Boucard et Pascal Even(1) ont rappelé l’histoire de ce lieu, le 12 août, lors d’une conférence tenue en soirée sous les voutes de l’église.
L’un des plus anciens patrimoines rétais
Jacques Boucard s’est attaché à l’histoire de l’évolution architecturale du bâtiment, l’un des plus anciens patrimoines rétais. Construite principalement au XVe, l’église Saint-Etienne dont l’édification remonte au VIe siècle a connu différentes transformations à travers les siècles pour nous livrer au final l’église à la fois romane et gothique que nous connaissons. Elle va d’abord grandir en fonction de l’évolution de la situation religieuse dans l’île et de l’impact de cette dernière sur la situation économique.
Aux alentours de l’an mil, l’abbaye Saint-Michel en l’Herm est à l’origine d’un transfert de population depuis le Bas Poitou vers les îles qui formaient Ré et implantera un prieuré à Ars. Ces migrants de l’époque, des religieux, mais pas uniquement, apportent avec eux un savoir-faire inestimable : l’art de travailler les marais et de récolter le sel. Le nombre de marais salants exploités augmentant grâce à eux, plus de bras sont nécessaires pour les faire valoir. La population de ce fait croit également et l’église évoluera pour pouvoir l’accueillir et répondre à ses besoins.
L’église romane, dont il nous reste le superbe portail, sera agrandie. Il est décidé de couvrir les toits de lauzes pour les rendre plus résistants face aux intempéries. Les pierres plates représentent un poids trop important pour être supporté par une charpente en bois. L’arc-boutant n’étant pas encore connu, c’est ainsi que vont apparaître à l’intérieur de l’église des piliers boutants capables de supporter la voûte de pierre. Savary de Mauléon, seigneur féodal du littoral et seigneur de Ré, s’il ne boudait pas les opérations de brigandage se plaisait également à faire des « aumônes » aux établissements religieux et en ce sens, il fut en ce début de XIIIe siècle un grand donateur pour l’église Saint-Etienne.
Au XIVe, à l’époque de la guerre de Cent ans, on voit la défense des églises se renforcer. Des enceintes fortifiées sont érigées autour d’elles, à la manière d’un château fort, d’où le nom d’ « église châtau » qu’on leur donnera. Celle de l’église SaintÉtienne sera démantelée au XVIIIe. Le clocher actuel, de style gothique flamboyant, à l’origine de la célébrité d’Ars dans les mots croisés ou fléchés, date de la seconde moitié du XVe. Imposant par sa taille, il servait d’amer aux marins.
Les guerres de religion ravageront l’île à partir de 1562. Un moment d’accalmie interviendra de 1586 à 1610, suivie après 1630 de la reprise en main du territoire par les catholiques, période durant laquelle l’église s’agrandit et s’embellit. Elle subira encore les affres de la Révolution avant d’être reconstruite au XIXe.
Un riche mobilier
Pascal Even consacra la seconde partie de cette conférence au mobilier de l’église. Le dynamisme retrouvé de l’église catholique au XVIIIe se manifeste entre autres dans la richesse du mobilier des églises rétaises qui offre un contraste avec celui des églises d’Aunis moins richement dotées. L’église Saint-Étienne possède quelques très belles pièces de mobilier religieux : l’autel et le retable majeur surmonté d’une statue du Christ ressuscité, ainsi que deux retables latéraux, un très beau lutrin du XVIIIe, la chaire et son pied sculpté, la clôture des fonds baptismaux, le meuble de la sacristie ou encore le confessionnal.
Mais la pièce la plus extraordinaire qui caractérise cette église est l’exceptionnelle clôture en chêne, composée de 24 panneaux sculptés, qui clôt le choeur. La décoration des panneaux évoque une certaine aisance comme en témoigne ses cornes d’abondance. Ce témoignage de la sculpture de l’époque a probablement été réalisé ailleurs car il est digne d’un maître. L’assistance était aussi nombreuse que possible mercredi 12 août pour cette intéressante conférence des deux historiens, les mesures « barrière » ne permettant pas d’accueillir plus de participants. C’est pourquoi, elle sera reprogrammée cet automne à une date qui n’est pas encore précisée.
1 – Jacques Boucard est docteur en histoire et civilisations (EHESS, Paris) et Pascal Even archiviste paléographe, docteur en histoire moderne (Paris IV Sorbonne)
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