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La digue des Rétais

Une digue labellisée PAPI, mais qui ne respecte pas les procédures environnementales, ni la hauteur labellisée
Parce que la construction, la consolidation et le réhaussement des digues sont la première des priorités pour assurer la protection des populations et de leurs biens, et que cette priorité est à ce jour ignorée par l’État, les élus ont décidé, à titre symbolique, suivant les traditions ancestrales dans le cadre des “corvées”, d’élever l’une des digues inscrites au Plan d’action et de prévention contre les inondations, à La Couarde-sur-Mer, le long du bassin de mouillage du Goisil.
« Le conseil municipal de La Couarde, commune propriétaire du terrain, a acté la réalisation de ce bout de digue proposée par les délégués communautaires, et la délibération a été transmise à la Préfète » a précisé le Maire, Patrick Rayton. Vitale pour protéger le centre de La Couarde (ce sont ainsi, selon lui, 20 % de La Couarde et 250 maisons, soit près de 1000 personnes, qui sont protégées) et construite en trois jours, entre le 6 et le 9 août, par Ré Travaux Publics sous maîtrise d’ouvrage de la Communauté de Communes de l’île de Ré, cette digue labellisée dans le cadre du PAPI à 4,50 mètres NGF a été élevée à 5 mètres de hauteur, histoire de montrer les inepties étatiques. Ceci sans autorisation environnementale, puisque c’est là où le bât blesse (lire nos nombreux articles aux sujets du PAPI et du PPRL).
Cette digue « qui n’a rien d’une digue gadget » selon le Président de la CdC , Lionel Quillet, s’étend sur 300 mètres (sur les 3 km prévus au plan PAPI) et a coûté 90 000 € à la Collectivité rétaise, dont 60 000 € pour les gabions de 3,5 tonnes et 25 000 € de main-d’oeuvre (projet total chiffré à 5 millions d’ € dans le PAPI).
Une médiatisation nationale
Les Rétais et vacanciers qui avaient été appelés à se mobiliser lors des réunions publiques des 5 et 8 août sont venus nombreux – près de 1500 personnes – « finaliser » cette digue le 9 août au soir et ainsi crier leur désespoir teinté d’une forte colère, devant une attitude aussi absurde de l’État. Et lui rappeler le « bon sens »…
L’objectif des élus rétais et de la population qui les suit en masse est de marquer symboliquement les esprits et d’alerter les médias nationaux – toujours à la recherche d’actions visuellement fortes – afin que s’opère enfin une prise de conscience nationale. Ainsi, au-delà des médias locaux, ce sont de grands médias nationaux tels Le Figaro, France 2, France 3, France Inter, etc qui ont fait des reportages complets sur le sujet, porteur en plein coeur de l’été.
Et après l’été ?
Car si l’État persistait dans ses inébranlables certitudes, ce serait toute la vie économique et sociale d’un territoire de 18 500 habitants permanents qui serait quasiment rayée de la… carte, du jour au lendemain. Déjà les premiers effets économiques se font sentir et les professionnels rétais sont très pessimistes pour la rentrée. Quant aux élus qui ont élaboré depuis 2008 une vraie politique d’aménagement et de développement du territoire, notamment au plan social (petite enfance, logements, transports…), formalisée dans le cadre du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) applicable depuis le 1er janvier 2013, ils se demandent à quoi bon. Ils n’entendent pas en rester là et si l’État ne donnait pas un signe fort de volonté de dialogue – la concertation avec le territoire est une obligation légale – d’ici au 6 septembre, date présumée de remise des cartes d’aléas, ils lanceront une procédure de « recherche de biens sans maîtres » afin que les digues deviennent propriété de l’État, qui devrait alors – si cela aboutissait – assumer sa responsabilité de protection des populations (lire sur realahune.fr nos articles à ce sujet).
Lionel Quillet entend aussi mobiliser les élus du littoral, via une intervention musclée lors de l’Association des élus du littoral qui se déroulera du 15 au 17 octobre prochain, afin que soit menée une procédure législative afin de faire réviser la circulaire de juillet 2011, et que des comités de pilotage soient enfin mis en place – comme le veut la loi – avec les élus des territoires concernés.
Nathalie Vauchez
Voir la vidéo tournée par ré-télé
Voir le précédent article consacré à la digue
Voir notre article de décembre 2013 consacré au combat de la CDC face à l’Etat sur le dossier PPRL
Tous les articles concernant le PPRL et la défense des côtes sont dans la rubrique Territoire de realahune.fr
Les élus ont appelé la population, permanente, secondaire, des vacanciers à venir symboliquement participer le vendredi 9 août à 18 h à la finalisation de cette digue, en signe fort de mobilisation et comme le faisaient nos anciens dès le 12e siècle.
« Ce sera un coup de semonce pour l’État, pour l’appeler à protéger les populations ». La seconde action va consister à appliquer pour la première fois en France en matière de digues la procédure des « biens sans maître » pour trouver les propriétaires des digues dites orphelines. « Quand il est impossible d’identifier le propriétaire d’une digue, la commune peut engager une procédure pour se l’approprier ou trouver un maître.
À l’issue d’une période d’un an, si aucun propriétaire ne s’est manifesté, la propriété revient de plein droit à l’État, qui endosse de fait toutes les obligations qui s’y attachent. Je vais déclencher la procédure pour tout le littoral français, car les élus ont assez de responsabilités comme cela. C’est un vrai combat que je mène pour que l’État adopte une autre doctrine. Abandonner un territoire, c’est impensable, on n’a jamais vu un territoire s’arrêter ainsi de travailler brutalement. Sur la base d’un simple « brouillon » on va licencier à tour de bras et fermer des centaines entreprises ». «
On fera changer la doctrine de l’État et le futur PPRL, mais dans quel délai ? Le temps nous est compté » a conclu Lionel Quillet.
Nathalie Vauchez
Info exclusive !
Lionel Quillet vient d’informer la rédaction de Ré à la Hune qu’il a reçu des appels du Cabinet du Ministère du Développement Durable ce 21 août (soit 2 jours après la « rentrée » du gouvernement) lui annonçant qu’il sera reçu au Ministère avant la fin du mois, par le Ministre Philippe Martin ou par son Cabinet. Le Président de la CdC attend d’autres confirmations ces jours-ci et se montre très optimiste, sans pouvoir trop en dire. À suivre sur realahune.fr

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