La Communauté de Communes dans les starting-blocks
Le Président de la Communauté de Communes de l’île de Ré boit du petit lait, lui qui, au début de son mandat, savait que la prise de compétence tourisme par la collectivité communautaire serait le projet politique le plus difficile à faire passer, le seul sur lequel sa majorité pouvait être mise à mal.
Or l’Acte de décentralisation 3 en cours de finalisation (lire ci-contre) prévoit de facto l’acquisition de cette compétence obligatoire par les intercommunalités, balayant là toute bagarre politique, même si certaines résistances locales sont à craindre.
Et en ce début d’année 2013, la CdC est fin prête à passer à la vitesse supérieure en matière d’organisation, de développement stratégique, et de promotion touristiques.
Des « Offices de Tourisme de Pôle » se sont créés en Charente-Maritime L’île de Ré n’est pourtant pas forcément très en avance, avec ses 10 offices de tourisme (sur 65 offices sur l’ensemble du département) qui continuent de fonctionner de façon très indépendante, même si une concertation s’est mise en place depuis l’étude régionale de 2008. En effet, la mutualisation des compétences s’est accélérée sur plusieurs territoires de Charente- Maritime via la création d’« offices de tourisme de Pôle », qui englobent la promotion touristique de l’ensemble d’un territoire, à l’instar de la création de l’Epic Rochefortais, de l’Epic du Pays d’Aunis, et d’ici à septembre 2013 de l’Office de Pôle associatif de Vals de Saintonge, qui regroupera 6 OT. Sur tous ces territoires, les OT ne disparaissent pas et restent des bureaux d’accueil. Toutefois, la CdC a largement préparé le terrain depuis 2008, puisque dès le début de ce mandat un cahier des charges clair fut donné au vice-Président délégué au tourisme, Jean-Pierre Gaillard : resserrer les liens entre les offices de tourisme (et l’Epic martinais), les professionnels, les élus et île de Ré Tourisme, ne surtout pas « forcer » la décision d’imposer une compétence communautaire que tôt ou tard le législateur octroierait de facto aux territoires, élaborer un schéma complet d’avenir, concerté avec tous. Ainsi en parallèle au SCOT, un schéma de développement touristique pour l’île de Ré a été élaboré, comprenant un diagnostic, des orientations et une stratégie, l’élaboration d’un plan d’actions opérationnel. Suivi par la mise en place courant 2013 d’un observatoire et d’une marque de territoire pour l’île de Ré.
Une organisation « millefeuille » insatisfaisante et juridiquement fragile
Lors de la définition de la stratégie, trois hypothèses d’organisation touristique pour l’île de Ré ont été identifiées, allant du maintien de la situation actuelle avec « renforcement des collaborations entre les structures », à une « organisation intégrée aboutie », en passant par une « organisation combinée fondée sur un principe de co-pilotage ».
Dès février 2012, la CdC ayant identifié que le « co-pilotage actuel (NDLR entre la CdC et île de Ré Tourisme) pose un problème juridique basé sur le financement légal des actions par la CdC », avait momentanément décidé de s’engager dans l’ « esprit d’un copilotage île de Ré tourisme / Offices de tourisme pour la mise en oeuvre des orientations prévues au plan d’actions, dans l’attente d’établir ultérieurement son positionnement sur la base de réponses juridiques à la répartition des moyens financiers entre communes et CdC ».
Le Président Lionel Quillet ne cache pas aujourd’hui sa satisfaction devant le projet de l’Acte de décentralisation 3, pour enfin avoir la main sur l’ensemble de la stratégie et de la promotion touristiques de l’île de Ré. Car aujourd’hui, certes la CdC verse une subvention contractuelle de 130 000 € (plus 35 000 € pour l’observatoire et la marque) à île de Ré Tourisme, mais cette association – dont le budget total est de 680 000 € – vit aussi largement grâce aux apports des professionnels et via ses « prestations de services » et jouit d’une certaine indépendance de fait.
Le SCOT est potentiellement très sclérosant pour le développement touristique
Le SCOT est à ses yeux très prescriptif et le débat sur le développement économique et touristique a été de ce fait très largement « confisqué », avec pour conséquence une sclérose potentielle du développement économique et touristique, « sclérose qui risque fort de s’aggraver, si on continue à ne pas s’occuper du tourisme ».
Avoir une vision d’avenir, définir les clientèles, développer la « marque île de Ré » sur un socle identitaire réfléchi, potentialiser et travailler sur ce qui fonctionne bien, prévoir des équipements structurants (la salle de 800 places pour le tourisme d’affaires, le golf, un office d’accueil à l’entrée de l’île de Ré…), et surtout intégrer la stratégie touristique dans la stratégie territoriale globale, aux côtés de la politique environnementale, de transports, culturelle (Pays Label Art et Histoire notamment), sociale, paraît aujourd’hui indispensable.
En termes d’organisation, cela implique qu’une direction tourisme soit créée et partie intégrante de la CdC, même si le Président entend garder une concertation forte avec les professionnels du tourisme, les offices du tourisme, et bien sûr les élus. La taxe de séjour de près de 1,2 million d’euros actuellement collectée par les communes serait également perçue à terme directement par la CdC, et les 30 salariés des OT – qui perdureraient comme bureaux d’accueil – seraient directement gérés par la Collectivité. Une révolution en marche donc et qui pourrait arriver très vite, alors qu’il y a deux ans quand Ré à la Hune évoquait le premier cette hypothèse fort plausible dans un dossier très argumenté il nous était rétorqué par certains qu’elle était tout à fait surréaliste.
Il n’en reste pas moins que cette révolution nécessitera diplomatie, accompagnement et une forte préparation en amont, afin que chacun trouve sa place dans cette nouvelle répartition des compétences et que les résistances aux changements ne bloquent pas la mise en place d’une vraie stratégie touristique, voulue par les élus.
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