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La Charente-Maritime se dote d’un schéma de développement durable
Après un an et demi d’études et de diagnostic, le Département 17 vient d’adopter son schéma du développement durable, au cours de la session d’hiver de l’assemblée qui s’est tenue du 14 au 18 décembre 2020.
L’avenir est aux énergies vertes, à la protection des espaces naturels et des terres agricoles, au développement des locomotions douces, à un tourisme durable, à des territoires ruraux égaux villes en matière de services et d’accès à internet… Enfin du moins sur le papier. En pratique, faire converger les différents intérêts, concilier l’économique et le juridique avec les réalités quotidiennes des habitants à différents niveaux n’est pas si facile. Pour tenter d’avoir une approche globale et maîtriser son développement à l’échelle du département, le conseil de la Charente-Maritime a voulu l’an dernier s’équiper d’un schéma du développement durable, qui permettrait d’encadrer dans la mesure de ses compétences techniques, administratives et législatives, un certain nombre de projets liées au développement durable.
Le Département a planché dessus durant un an et demi, période durant laquelle il a notamment consulté les 13 communautés de communes et d’agglomération de la Charente-Maritime pour connaître leurs projets et leurs attentes. Le schéma est devenu concret fin 2020, présenté et adopté par les conseillers départementaux lors de leur session d’hiver. Ce plan découpé en 6 grandes thématiques sera mis en place à partir de juin 2021, et valable durant dix ans. Le détail des actions sera affiné au fil du premier semestre 2021.
S’occuper de la ruralité
La protection des paysages, de la biodiversité et des ressources comme l’eau est le premier objectif du schéma. Il s’agit surtout de poursuivre les politiques en cours, comme la préservation des espaces naturels sensibles. Les Plans d’action et de protection des digues (PAPI) sont intégrés au schéma, car il faudra penser au-delà de leur mise en œuvre. « Dans trente ans, il faudra refaire les digues. Selon la montée des eaux, il faudra penser autrement la gestion du littoral : repenser l’architecture des bâtiments, voire reculer dans les terres. Il faut essayer d’anticiper cela », explique le vice-président du Département Lionel Quillet, qui a présenté le projet.
Le monde rural occupe une bonne place dans le schéma. Il y est question d’accompagner « la transition agricole » en conciliant « enjeux économiques et environnementaux » ; de préserver les paysages ; de désenclaver les territoires isolés en leur apportant services et infrastructures adéquates à leur développement. « C’est dans les zones rurales que nous comptons mettre le plus d’efforts financiers pour les habitants puissent se dire un jour qu’il est aussi agréable de vivre sur la côte qu’à la campagne car il y a des services, une mobilité, une solution énergétique et un accès à internet similaires », explique Lionel Quillet. L’élu constate que « cette période de Covid-19 a engendré une très forte demande d’installation dans le département. Mais il n’est pas utile que tout le monde aille sur le littoral. La côte a aussi ses défauts, alors qu’il y a des coins extraordinaires en Charente-Maritime ». Le développement d’un tourisme durable, encadré par ce schéma, pourrait également contribuer au développement des territoires ruraux.
Répondre aux enjeux climatiques
Pour répondre aux objectifs nationaux de baisser la température de notre atmosphère de 1,5°, la Charente-Maritime a inscrit plusieurs objectifs à son schéma : accompagner la transition énergétique, que ce soit du côté des transports décarbonnés ou des énergies renouvelables. Le Département ambitionne de devenir « exemplaire » en matière de mix énergétique. Pour autant, il souhaite que ce développement ne se fasse pas de manière anarchique au gré de décisions privées et hyper locales. Elle tente déjà depuis deux ans d’encadrer les projets éoliens à l’aide de son Observatoire de l’éolien et ne compte pas s’arrêter là (lire encadré). « Avec ce schéma, on voudrait être là pour rééquilibrer le territoire, et faire en sorte que les opérateurs ne se ruent pas toujours sur les mêmes zones », affirme Lionel Quillet.
Le Département prévoit d’accompagner financièrement les projets des communes qui rentreraient dans le cadre du schéma.
Les PAPI, on en est où ?
A l’occasion de la présentation du schéma, Lionel Quillet a fait le point sur l’avancée des PAPI : « On est en à 65% de réalisations, pour un budget de 300 millions d’euros, de 2010 à 2030. On est toujours uniquement sur de la remise en état de l’existant : refaire des digues, des enrochements, etc. sur 250 km de nos 463 km de côte, îles comprises. Il y a des disparités selon les bassins de vie. Les PAPI « littoraux », lancés les plus tôt entre 2011 et 2012, sont bien avancés, voire quasi terminés : Oléron, La Rochelle, la baie d’Yves, Chatelaillon. D’autres sont toujours en cours ». Sur l’île de Ré, 57% des travaux sont réalisés. La protection de la Fosse de Loix à La Couarde et de Montamer à Sainte-Marie va se poursuivre en 2021 et 2022. Des études vont être lancées en 2021 pour la protection du Fiers d’Ars.
« Maintenant, c’est au tour des PAPI dit fluviaux, qui concernent l’estuaire de la Gironde et de la Seudre, qui ont démarrés plus tard car les accords de l’Etat n’ont été donné qu’en 2018, 2019 ». Le Département est toujours en attente de la participation financière de la Région sur les avenants aux chantiers de La Rochelle, de l’estuaire de la Charente et du nord Aunis, ainsi que sur les PAPI fluviaux. « Sans la Région, certaines collectivités pourraient ne pas lancer leur projet car le financement serait trop lourd », s’inquiète Lionel Quillet. Il espère une prise de conscience de la Région sur les risques encourus par les habitants des bords l’estuaire de la Gironde, « très exposés ».
Eolien : la Charente-Maritime « sature »
Lionel Quillet est inquiet : « Il ne se passe pas une semaine sans qu’il ne se présente un nouveau projet ». Mis en place par le Département en 2018 et présidé par Lionel Quillet, l’Observatoire de l’éolien a fait le compte : 101 éoliennes sont aujourd’hui en fonctionnement, 91 nouvelles installations de mâts ont été validées par la préfecture, dont 15 en Aunis et dans l’agglomération de La Rochelle ; 95 sont toujours en cours d’instruction par la préfecture. L’Observatoire a également connaissance de 171 « intentions de projets » dont 57 situés dans le nord de la Charente-Maritime. « Sans besoin de permis de construire, les projets se multiplient partout. On arrive à saturation. Il finit par y avoir un rejet total des éoliennes des populations. Le problème, c’est qu’à force, c’est tout le développement durable qui est remis en cause. Dès qu’on va vouloir venir avec des projets de mix-énergétiques comme le solaire ou la méthanisation, ça va être une levée de boucliers », se désespère Lionel Quillet. La Charente-Maritime doit en effet faire sa part dans l’objectif de 32% d’énergies renouvelables au niveau national à l’horizon 2030.
En plus d’une multiplication anarchique, un élément nouveau préoccupe l’édile : « Les éoliennes sont de plus en plus grandes, aujourd’hui on a des projets avec des mâts de 200 m de haut ! Le problème, c’est que la loi concernant le périmètre de leur implantation n’a pas changé, on est toujours à minimum 600 m des maisons. Et c’est toujours la ruralité qui prend. » A ce jour, quatre requêtes ont été déposées auprès de la cour administrative d’appel de Bordeaux. Ils concernent des parcs de 8 éoliennes à Forges, 8 à Bernay-Saint-Martin, Breuil-la-Réorte et Puyrolland, 8 à Romazières et Saleignes, et 9 aux Eduts.
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