Une journée de juillet à Ars-en-Ré
8 heures, le soleil est déjà haut et le port d’Ars s’étire au soleil. Sur les pontons, les marins s’affairent avant de glisser, toutes voiles dehors, vers le large. La journée sera chaude.
Du côté du marché les étals croulent sous le poids des marchandises en attendant l’heure des chalands pendant que les camelots s’octroient une pause café au bistrot tout proche. Sur le port, les Rétaises sillonnent les rues à vélo, un bouquet de roses du jardin fraîchement cueillies dans leur porte-bagages. Les premiers promeneurs s’en vont au marché, pressant le pas pour éviter l’assaut de onze heures, car si l’on veut les salades, melons ou tomates de pays, il faut s’y prendre tôt. Après les courses, bien des promeneurs s’accordent une halte désaltérante aux terrasses du port, à moins qu’ils ne préfèrent dénicher la perle rare chez les nombreux antiquaires éparpillés dans le village.
La fierté du pays
À cheval sur ma bicyclette, je fais le tour du port et aborde les marais salants. Depuis des siècles, ils sont la richesse du terroir et aujourd’hui encore les sauniers en extraient le sel, reproduisant les gestes de leurs prédécesseurs avec les mêmes outils, le simoussi, le souvron et la boguette.
En route vers la côte Sud
Rue de La Boire, trois moulins à vent y sont encore debout. Aujourd’hui réformés en belles demeures, à l’instar de celui de La Grelière sur le Chemin des Palissiats, ce sont les derniers témoins d’une époque où les agriculteurs meulaient leurs céréales à domicile. Le village en comptait jusqu’à 17 aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Au bout de la rue, l’océan, rien de tel qu’un plongeon pour faire le plein d’énergie ! À la pointe du Jard, la bouée américaine échouée il y a trois ans mérite un détour, superbement taguée d’un capitaine Haddock qu’Hergé lui-même ne saurait renier. Une grande boucle par Le Martray et la piste cyclable à travers les marais me ramène au village.
Sur les hauteurs, un peu d’histoire
D’une ruelle aux hauts murs de pierre, je débouche rue Thiers, qui est l’autre pôle commerçant d’Ars, restaurant, traiteur, cave à vin, échoppes de vêtements ou de décoration la rue regorgent de petites boutiques originales. La perspective mène directement à l’église. Au début du Moyen Age ce n’était qu’un modeste prieuré roman et l’église s’est constituée au fil des siècles et des hommes. La première mention de l’église Saint-Étienne date du XIIe siècle. Elle est sous tutelle des moines de l’Abbaye des Châteliers mais la paroisse est ensuite cédée aux pères de St-Michel en l’Herm à la fin du XIIe siècle. Plus près de nous, en 1790, tous les bâtiments religieux sont réquisitionnés par la Nation et de paroisse, Ars est érigée en commune.
Sur la place, la maison du Sénéchal reste un édifice curieux et unique en son genre dans l’île de Ré. Probablement bâti vers 1640, cet hôtel particulier d’inspiration médiévale, avec ses échauguettes et son escalier à vis, présente un décor empreint de la première Renaissance (XVIe siècle) fait de cercles, de losanges et d’ornements à feuillus.
La commune qui aime les artistes
De Pâques à La Toussaint, les artistes d’ici et d’ailleurs se succèdent chaque semaine dans trois salles mises à disposition par la commune, la Maison Caillaud (place de l’église), l’ancien gymnase et l’ancienne chapelle (rue du Havre). Mais au détour des ruelles, on s’attarde aussi avec délice pour visiter les nombreux ateliers d’artistes (Canard, Bénis, Brilinska, P. Deschamps, B. Frigière, etc.) dont les portes sont grandes ouvertes, les galeries d’art au nombre de trois ou les ateliers d’artisans (Chantal Rémy, Créarté).
Plein air
Avant les grosses chaleurs de l’après-midi, on peut longer à pied le chenal du Fier vers la base nautique. Bien sûr, les enfants voudront s’arrêter en chemin, pour profiter un moment de l’aire de loisir et l’on ne pourra pas les en blâmer, entre la rampe de skate et le terrain de basket, leurs coeurs balancent, mais qu’importe une halte, la vue sur les marais est sublime.
Quand la mer est haute, le tout Ars a coutume de se retrouver au Pas de La Grange, à cinq minutes à pied du centre. C’est la plage familiale par excellence où les plus intrépides aiment à plonger depuis la jetée, les autres jouent au volley ou bronzent sur le sable. Les plus âgés choisissent, avec raison, les bancs publics fixés sur la digue d’où la vue sur le pertuis d’Antioche est panoramique.
Et ensuite ?
Mais le soleil descend, c’est l’heure de rentrer se refaire, vite fait, une beauté avant de repartir à l’assaut d’Ars by night. Sur la digue, c’est justement là qu’il faut aller assister au coucher du soleil, certains affirment y avoir vu le rayon vert !
Les restaurants ne font pas défaut à Ars et, quel que soit votre choix, le port, les petites rues, la place de l’église, le quartier de Motronne ou le lointain Martray, la qualité de la table comme de l’accueil sera assurée partout, croyez-moi, à Ars, on cultive l’art de recevoir !
Véronique Hugerot
Lire aussi
-
Économie
« Une saison atypique et olympique »
Ré à la Hune s’est entretenu avec le président de Charentes-Tourisme quant au bilan de la saison 2024 et aux enjeux auxquels la filière touristique doit répondre.
-
Économie
La saison en Charente-Maritime et sur l’île de Ré
Charentes-Tourisme et Destination Île de Ré ont communiqué à Ré à la Hune leur premier bilan de saison 2024, des vacances de Pâques aux vacances de la Toussaint.
-
Économie
Rester positif malgré la déception
Car c’est le terme plusieurs fois entendu : si elle n’est pas loupée, la saison 2024 n’a pas tenu ses promesses
Je souhaite réagir à cet article