- Politique
- Territoire Île de Ré
- Interview
« J’aimerais jouer les chefs d’orchestre et tirer La Rochelle vers le haut »
Parce que l’île de Ré et La Rochelle forment un même bassin de vie et d’emploi, même si l’environnement et le contexte sont très spécifiques de chaque côté du Pont, Ré à la Hune est allé à la rencontre de Jean-François Fountaine, nouveau Maire de La Rochelle, et Président de l’Agglomération, afin de connaître ses actions prioritaires, sa façon d’appréhender les interactions La Rochelle-île de Ré et ses positions sur certains dossiers sensibles.
Ré à la Hune : Quelles sont les priorités de votre mandat ?
Jean-François Fountaine : L’embellissement de la Cité est une priorité. La Rochelle est une des plus belles villes, à améliorer encore. C’est très important pour la qualité de vie des Rochelais, mais aussi pour l’attractivité de La Rochelle, afin de développer le tourisme en tirant vers le haut. Ainsi le Vieux Port, le Quai Valin, la rue Léonce Vieljeux seront réaménagés ; il faut laisser moins de place à la voiture quai Maubec et sur le Vieux Port. L’impact sera aussi positif en matière de développement économique. Il y a également certains quartiers à améliorer comme celui de Villeneuve, par exemple.
Dans le domaine de compétence de l’Agglomération cette fois-ci, l’emploi et le développement économique seront une priorité. Nous pouvons agir dans plusieurs domaines. Il existe encore un gisement touristique énorme. Beaucoup de monde passe par La Rochelle, sur des séjours courts il faut travailler à allonger la durée moyenne de visite de notre Ville et développer aussi la promotion de la destination auprès des étrangers. La qualité de la ville y contribuera, comme le bouche à oreille sur Bordeaux après son réaménagement a drainé nombre de visiteurs.
L’Office de tourisme de La Rochelle est en faillite… L’Agglomération va prendre la compétence tourisme avant la fin de l’année, des efforts de communication seront faits, l’offre de logements dans La Rochelle mais aussi sur les autres communes de l’Agglomération doit se développer et l’accent doit être mis sur l’offre culturelle et le Patrimoine. L’attractivité d’autres communes tel les Châtelaillon-Plage, le Port du Plomb, la partie du marais Poitevin qui nous concerne doit être mise en avant.
Nous allons aussi renforcer le lien entre La Rochelle et Rochefort et bien sûr avec l’île de Ré. Une communication internationale commune sur certains événements comme par exemple le Voyage de l’Hermione doit être développée tout comme l’organisation d’événements majeurs.
Outre le tourisme, quels seront les autres grands axes de votre politique de développement économique ?
Nous en avons plusieurs. En matière de politique industrielle locale, Alstom est une belle entreprise qui doit travailler davantage avec de la sous-traitance locale.
Cela n’est pas nouveau mais le pôle de l’industrie nautique doit être revivifié et nous devons favoriser le développement de la filière agroalimentaire / Bio à l’image de ce qu’a construit Léa Nature. Nos efforts se porteront aussi sur les métiers du bâtiment, notamment sur l’isolation des bâtiments, et le projet de plateforme bâtiment durable Atlantique à Lagord (NDLR : plateforme centrée sur la réhabilitation de bâtiments tertiaires et d’habitats sur l’Arc Atlantique) se poursuit.
Sur le port de commerce l’implantation de nouveaux métiers avec davantage de valeur ajoutée sera favorisée.
Mon Adjointe spéciale déléguée au Quartier Laleu – La Pallice – La Rossignolette – Port Neuf, et chargée aussi des risques technologiques, Sophorn Gargoullaud, devra veiller à ce que le développement urbain et le développement économique ne soient pas dichotomiques, prévenir les conflits d’usage et les risques, tout en permettant le développement des activités portuaires.
L’océanographe et biologiste marin Pierre Le Gall, secrétaire de Ré Nature Environnement, pointe du doigt – parmi d’autres explications – les travaux de déroctage du printemps 2013 réalisés par le Grand Port Maritime de La Rochelle ayant créé une pollution particulaire, et qui seraient responsables de la mortalité des moules du Pertuis Breton, qu’en pensez-vous ?
C’est faux, il n’a été établi aucune corrélation par IFREMER. Nous sommes très préoccupés par cette mortalité mais les myticulteurs euxmêmes n’ont jamais incriminé les travaux de déroctage. D’ailleurs, on est plutôt actuellement sur une suralimentation liée à la pluviosité qui a accru le plancton.
Quoi qu’il en soit nous serons vigilants sur le respect très précis de l’environnement, partie intégrante de notre patrimoine.
Concernant le marché des éoliennes nous n’avons pas gagné le marché d’EDF, mais j’ai rencontré le président de GDF/Suez et nous serons présents sur d’autres opportunités. Pour favoriser le développement économique, nous devons encourager l’esprit d’initiative, nous appuyer sur les clubs d’entreprises, accroître bien sûr les locaux pour accueillir les nouvelles entreprises, mais aussi aller bien au-delà, comme par exemple nous rendre dans les écoles avec les chefs d’entreprise, pour sensibiliser les jeunes, accueillir plus de stagiaires.
J’ai rencontré lors de plusieurs réunions les chambres consulaires, avec lesquelles nous entendons insuffler cet esprit d’initiative.
Enfin, nous serons attentifs à ce que le nouveau projet de CFA se mette en place.
Qu’allez-vous changer dans le fonctionnement de la municipalité et de l’Agglomération ?
J’ai créé le Comité d’Éthique qui examine les indemnités des élus – j’ai à cet égard pris l’initiative de faire baisser mon indemnité mensuelle de maire de 4500 € à 2450 € – mais aussi la communication de tous les mandats associatifs et intérêts des élus dans des entreprises, qu’ils en soient administrateurs, actionnaires, etc. Nous sommes allés en la matière bien au-delà de ce que prévoit la loi. Ce Comité d’Éthique examinera l’ensemble des subventions aux associations ou éventuelles aides aux entreprises. La transparence associative notamment sera totale.
Dès septembre j’entends mettre en place un Médiateur de la Ville qui aura à gérer l’ensemble des réclamations des citoyens, que ce soit depuis un projet de carrefour qui ne plairait pas aux riverains jusqu’à des projets de la Ville. J’ai rencontré Claire Brisset, la Médiatrice de la Ville de Paris qui, comme Bordeaux ou Angers, fait partie des cités qui ont mis utilement en place un médiateur. Nous préparons l’ensemble de la structure inhérente à cette fonction, qui sera donc opérationnelle à la rentrée.
En termes de fonctionnement, je délègue beaucoup, j’encourage le travail collectif, et les synergies entre les différents élus.
Comment envisagez-vous les interactions entre La Rochelle et l’île de Ré, qui constituent un même bassin de vie et d’emploi, mais distincts au plan administratif et politique ?
Les interactions touristiques et économiques sont fortes, il est clair que si nous favorisons l’implantation d’entreprises sur l’Agglomération, cela aura un impact positif sur l’emploi des Rétais. Il faut gérer les interactions économiques, foncières, mais aussi en termes de logements. Les habitants du sud de l’île sont parfois plus près de La Rochelle que ceux de communes de l’Agglomération. Les destinations touristiques La Rochelle – urbaine – et l’île de Ré – balnéaire – sont évidemment très complémentaires. La Rochelle joue un rôle considérable pour l’île de Ré, le train Paris-La Rochelle a un impact fort sur son accessibilité, bien qu’il y ait à mon sens deux îles, celle du canton de Saint-Martin, très proche de La Rochelle et celle du canton nord…
En matière de déplacements, il faut mieux relier l’île de Ré à la gare. Quant au transfert de l’aéroport de La Rochelle – île de Ré, il ne se fera pas, c’est du bon sens, a fortiori en période de fortes restrictions budgétaires. Ce transfert nécessiterait des investissements colossaux que personne n’est en mesure de fi nancer. Sans oublier la sécurité par hélicoptères reliée à l’hôpital maritime de La Rochelle… Pour le plan local d’urbanisme intercommunal tout comme pour les futurs SCOT nous devrons tous raisonner à une échelle plus grande, et nous serons à coup sûr dans l’inter- SCOT d’ici 3 à 5 ans entre La Rochelle, l’Aunis et l’île de Ré.
L’offre culturelle de l’île de Ré, de la Maline et des festivals, est complémentaire de celle de La Rochelle. Après cette interview, je me rends au concert de Jean- Claude Casadesus – un ami – donné à Ars, dans le cadre du festival Ré Majeure, pour lequel je suis spécialement venu de La Rochelle (NDLR : Jean-François Fountaine vient quand il le peut le dimanche et un peu en vacances dans sa maison d’Ars).
Comment envisage-t-on la gestion de collectivités publiques quand on a été chef d’entreprise, donc habitué à une réactivité forte ?
Nous sommes sur des projets qui prennent plus de temps, et c’est normal avec de l’argent public de gérer avec prudence et sur du long terme. J’entends infléchir certaines choses, insuffler un dynamisme nouveau, mais La Rochelle existait avant et existera après moi, chacun contribue à faire avancer des projets. Est-il vrai qu’après la primaire socialiste vous avez un temps envisagé de ne pas continuer et que c’est votre entourage qui vous a incité à vous présenter malgré tout ? Oui c’est exact, non seulement mon entourage mais aussi toute l’équipe de campagne – près de 800 personnes – m’ont porté, cette énergie et ce soutien sont indispensables pour mener à bien une telle campagne. Je n’avais pas mesuré certains « coups tordus ». Mon attachement affectif à ma ville, que j’adore, et ma disponibilité sont essentiels.
Que vous inspire l’actualité politique, au lendemain des élections européennes et quel est aujourd’hui votre positionnement par rapport au Parti Socialiste ?
Même si je suis désormais « divers gauche », le PS reste ma famille politique et je soutiens l’action de François Hollande et de Manuel Valls. Je pense que le Président avait sous-estimé l’état d’endettement de la France et il y a une attente forte des Français en matière d’emploi et de pouvoir d’achat, ils veulent des résultats concrets. Pour ma part je reste optimiste et je pense que l’on aura une reprise de l’emploi en 2015. À La Rochelle, j’aimerais jouer les chefs d’orchestre d’une équipe et d’une politique collective, tirer vers le haut les actions des élus, et travailler dans la durée, sur des projets pérennes. Je me sens proche des gens, des Rochelais, quelle que soit leur situation et je voeux oeuvrer pour tous.
Lire aussi
-
Politique
Signalétique des voies cyclables, où en est-on ?
On en entend parler depuis un moment mais la situation a-t-elle changé ?
-
Politique
Département : « Tout ce qui a été voté sera fait »
Alors que la dernière séance pleinière du Conseil départemental a confirmé l’état très préoccupant des finances du Département de la Charente-Maritime, les conseillers départementaux de l’île de Ré ont tenté de rassurer, relativisant quelque peu le discours de la présidente.
-
Politique
Séance municipale animée au Bois-Plage
La pugnacité des débats n’est pas chose extraordinaire au Bois-Plage, mais il aura fallu quand même près de trois heures pour mener à terme l’ordre du jour du 25 septembre.
Je souhaite réagir à cet article