Irène, une figure maritaise
Tout le monde à Sainte-Marie-de-Ré l’appelle Irène. Et si quelqu’un demande à rencontrer Irène, ses voisins s’amusent à lui demander : « laquelle ? La pêcheuse de palourdes ? La cuisinière ? La poissonnière ? La couturière ? Ou bien encore la gardienne des clés du cimetière ? ».
Irène, née Garnereau une veille de Noël de l’an 1920, c’est Irène Rousselle. Une Maritaise qui vit le jour dans la maison du noble Petit Labat où elle passera toute sa jeunesse en famille, partagée entre terre et estran.
Une histoire belge
Irène a 20 ans quand elle rencontre Ernest Rousselle, « un Français de Belgique » un réfugié, suite à la délocalisation des Forges et ateliers électriques de construction de Jeumont du groupe Empain sur La Rochelle face à l’avancée des troupes allemandes.
« Dire qu’ils avaient fui le Nord pour échapper aux Allemands et qu’à leur arrivée à La Rochelle, les Allemands étaient déjà rendus ! » ironise Irène. « Enfin, ils ont bien fait, car un an après j’épousais Ernest. Mais sur dénonciation, le STO (service du travail obligatoire) me l’a bien vite enlevé. Direction Hanovre, où il restera un an et demi avant de s’échapper pour rejoindre le maquis belge. Si bien qu’en 1943, je suis partie le retrouver là-haut, en Belgique, où jusqu’à la libération j’ai vécu chez mes beaux-parents ».
Irène tout azimut
Le retour à Sainte-Marie n’a pas été facile. Pendant trois ans, Ernest connaîtra plein de petits boulots avant d’intégrer l’administration des Ponts et Chaussées. Quant à Irène, outre son rôle de mère de famille (ils auront quatre enfants, trois filles, un garçon), « elle ne restait pas les deux pieds dans le même sabot ».
« Avec six bouches à nourrir, l’estran et ses palourdes nous ont bien aidés. Ma carte de pêcheuse professionnelle m’autorisait à vendre ma récolte. Chauveau et le Martray, où je me rendais à vélo, étaient mes deux coins de pêche favoris. Il m’arrivait même parfois de faire les deux marées, une tôt le matin, l’autre tard le soir. Pourquoi des palourdes ? Bien parce que c’est ce qui rapportait le plus. J’en ramassais jusqu’à 11 ou 12 kilos. Ca mettait du beurre dans les épinards ! Faut dire que pour nourrir convenablement mes enfants, j’aurais fait n’importe quoi ».
En plus de la pêche, Irène travaillait comme vendeuse dans le magasin d’alimentation générale et poissonnerie de madame Menanteau.
Encore aujourd’hui, Irène est connue dans tout Sainte-Marie pour ses qualités de cuisinière : ses fagots de couteaux, ses tripes, sa mouclade, et d’autres recettes à faire frémir les ornithologues ! Dominique Chevillon, qu’elle considère comme « un de ses drôles », rapportant celle du cormoran en pâté : « c’est bon, mais il faut enlever la peau ! » ou bien celle du jeune merle : « bien gras, juste déniché, plumé et poivré et mis au four à l’intérieur d’une belle patate ! ».
Il y a encore quelques années, les sociétés (associations) la sollicitaient pour leurs banquets. « Si les plats étaient plus nombreux qu’aujourd’hui, les menus ne variaient guère, avec huîtres, anguilles à la matelote, une ou deux viande, légumes de saison, fromages et desserts. L’île flottante, ma spécialité. Fallait être jeune et en bonne santé, car ça durait jusqu’à 3 ou 4 heures du matin, et pas question d’être en retard chez madame Menanteau. Aujourd’hui, à 93 ans, je serais bien incapable de faire tout ça, même si des p’tits plats on m’en demande encore pas mal ! ».
Irène, « la présidente de quartier » !
Veuve depuis 1984, Irène vit avec sa fille Jacqueline dans sa grande maison de la place Eude d’Aquitaine, à l’angle de la rue de l’Amérique. « Retraitée, il m’a bien fallu trouver une occupation. Je ne pouvais pas me contenter de faire et de refaire le monde avec mes copines sur les bancs de la place ! Je me suis donc mise à confectionner des quichenottes : des grandes pour les adultes, des moyennes pour les baptêmes, des petites pour les poupées. Et ça a marché. J’en ai beaucoup vendu, et il arrive même encore que l’on m’en commande. Mais bon, alors qu’il me fallait une ou deux journées pour en réaliser une, maintenant, il me faut un mois ! Oui, je sais, j’exagère un peu !
Comme beaucoup de retraitée j’ai intégré une association : le club des veuves que préside Yvette Lorca. J’étais de tous les voyages. On partait généralement une semaine, en juin, en car. Je me souviens d’être allée à Saint-Jacques de Compostelle… (il pleuvait !), en Italie, au Portugal, à Strasbourg, etc. Aujourd’hui, ce n’est plus de mon âge !
Habitant à deux pas du cimetière, l’ancien, celui d’à côté de l’église, je me suis proposée pour ouvrir et fermer la porte d’accès au cimetière. Mon regretté chien, Orphie, m’accompagnait, tenant la clé dans sa gueule. Alors, si un matin la porte restait fermée, on se dira, tiens ce n’est pas normal. Allons donc voir ce qu’a la Irène !
Sinon, aujourd’hui, je ne fais rien d’autre, la télé, la lecture, je ne suis pas fan. Par contre les lotos, j’adore, et je gagne. J’ai au moins gagné dix téléviseurs, des robots, des cafetières, etc., à rendre Darty jaloux !!
Depuis deux ou trois ans, il y a eu un coup de jeune autour de la place avec les arrivées de Laure et Olivier. Je les adore… et au moins, cela redonne un peu de vie et de gaieté dans le quartier ».
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