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Influenza aviaire : à circonscrire d’urgence !

Après avoir été inscrite en risque négligeable, l’Ile de Ré monte d’un cran et passe en risque modéré (comme le reste de l’hexagone). D’après l’OFB, la situation est inquiétante.
Tout d’abord, une précision s’impose : « On parle communément de grippe aviaire mais pour les oiseaux, le terme exact est influenza aviaire hautement pathogène ». Delphine Soulet, Inspectrice à l’OFB (Office Français de la Biodiversité) de Charente-Maritime nous renseigne sur l’évolution d’une situation inquiétante.
Un été sous tension
La consultation du site www. agriculture.gouv.fr nous a appris que depuis la mi-mai « des mortalités d’oiseaux groupés ont été constatées ». Si ces faits ont tout d’abord concerné le littoral des Hauts-de-France, ils sont bientôt avérés sur les côtes normandes puis bretonnes dès juillet, avant d’atteindre Loire-Atlantique et Charente-Maritime.
Fin août, un goéland infecté est retrouvé mort à Ars-en-Ré, déclenchant un plan de vigilance renforcé venant de la Préfecture. A l’origine restreinte aux cinq communes du nord de l’Île, la mesure s’étend ensuite à la globalité du territoire, alors que deux cadavres de Fou de Bassan infectés sont ensuite retrouvés. Par Arrêté du 9 septembre, les autorités mettent tout le territoire en ZCT (Zone de Contrôle Temporaire).
Début octobre, « il n’y a pas eu a priori de lever d’arrêté », affirme Delphine Soulet, nous expliquant que la période de 21 jours relative à la ZCT n’est pas une référence absolue. Le site des pouvoirs publics nous apprend par ailleurs que depuis le 2 octobre, le niveau de risque a été relevé de ‘négligeable’ à ‘modéré’ sur toute la France, surveillance, protection et collecte de données sont plus que jamais de rigueur.
« Circonscrire l’épidémie »
« C’est un objectif primordial », nous affirme Delphine Soulet. Raison pour laquelle l’île de Ré mais aussi Oléron sont aujourd’hui sous surveillance accrue. L’Influenza aviaire a touché la faune sauvage en plein été « ce qui est surprenant et inhabituel », poursuit l‘Inspectrice de l’OFB, soulignant la précocité de l’épidémie et le fait que les oiseaux sauvages ne sont pas une porte d’entrée du virus. « Les îles jouent le rôle de filtres » continue-t-elle. D’où l’importance d’y circonscrire l’épidémie.
Veille sanitaire et collecte
En première ligne, l’OFB mais aussi la Fédération des Chasseurs. « Contrairement peut-être à une idée reçue, la Fédération des Chasseurs est très sensibilisée », nous explique Delphine Soulet. « Personnellement, je travaille avec un technicien spécialiste des différentes pathologies circulant en Charente-Maritime et il n’est pas chasseur », poursuit-elle.
Si la réglementation RCT impose de vraies contraintes, la collecte des oiseaux morts est aussi indispensable pour mener des analyses. Là encore, l’OFB travaille en synergie avec la Fédération des Chasseurs. « Il faut être réactif, c’est essentiel », explique Delphine Soulet. En effet, selon l’état de décomposition du cadavre, les analyses pourront être menées ou pas.
D’où l ’ importance d’alerter immédiatement si l’on trouve un oiseau mort. « Les personnes nous appellent un ou deux jours après et c’est trop tard, sans compter que la chasse étant réouverte, il est possible de trouver des cadavres d’oiseaux simplement tués. Et puis il y a aussi les morts naturelles », souligne-t-elle.
Sur la chasse, Delphine Soulet reconnaît un problème du côté des appelants (oiseaux servant d’appâts). Mais il semble que là encore, les chasseurs soient sensibilisés, tout comme sur la question des lâchers d’animaux, puisqu’il s’agit (un peu ironiquement) de leur ressource. « La procédure est très rigoureuse et plusieurs tests doivent être effectués sur les animaux », précise Delphine Soulet, ajoutant que des contrôles peuvent intervenir.

incinération et les communes n’ont pas
forcément le réflexe de nous appeler »,
explique l’Office Français de la Biodiversité. – © Jean-Roch Meslin
Du rôle des communes
Elles doivent, elles aussi, être mobilisées mais ce n’est pas forcément évident reconnaît Delphine Soulet. « Les mairies ont reçu la communication de la Préfecture, mais certaines sont peu impliquées soient parce qu’elles ne prennent pas la mesure de la situation, soit parce qu’elles ne savent pas trop comment agir » explique l’Inspectrice.
Pourtant, les communes sont en charge de la récupération des cadavres d’animaux. « Les cadavres sauvages sont gérés par incinération et les communes n’ont pas forcément le réflexe de nous appeler », poursuitelle, estimant qu’il serait bon que le numéro de l’OFB soit dans tous les services techniques, avant d’ajouter que sur l’île de Ré, l’existence de la Réserve naturelle est un atout permettant une collaboration avec la LPO.
A l’issue de notre conversation téléphonique, les choses sont claires : la situation est inquiétante et l’île de Ré très concernée, puisque les populations d’oiseaux sauvages sont ici partie intégrante du patrimoine naturel. Et si la réglementation ZCT concerne tous les acteurs, professionnels ou particuliers détenteurs d’oiseaux captifs ou de volaille, il convient à chacun d’entre nous d’être vigilant et réactif le cas échéant.
Quelles espèces touchées ou sensibles à l’Influenza aviaire ?
– Les Sulidés (ex : Fou de bassan)
– Les Rallidés (ex : poule d’eau)
– Les Laridés (ex : mouette, goéland, sterne)
– Les Rapaces diurnes et nocturnes
– Les Analidés (ex : canard, oie, cygne)
Si vous trouvez un oiseau mort ou mourant
– Ne pas s’en approcher trop près surtout s’il est mourant, car la maladie se manifeste par des expectorations qui peuvent contaminer l’environnement immédiat, par exemple le sable sur lequel nous marchons.
– Ne pas le toucher
– Prendre une photo de l’oiseau (qui permettra aux professionnels d’estimer l’état du cadavre)
– Appeler l’OFB ou la Fédération des Chasseurs de Charente-Maritime
– Signaler la découverte et la localisation exacte (idéalement par point GPS) pour éviter aux professionnels de perdre un temps précieux.
Office Français de la Biodiversité (OFB) : 05 46 74 95 20
Fédération des Chasseurs de Charente-Maritime : 05 46 59 14 89
Ne pas hésiter à les contacter pour toute information sur la réglementation en vigueur. En complément, il peut être judicieux de prévenir la Mairie de la Commune où le cadavre a été découvert.
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