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« Le homard, un formidable vecteur de sensibilisation auprès des enfants »
La réintroduction du homard dans nos bassins constitue tout à la fois une opération scientifique et un joli coup de communication, qui viennent appuyer la politique environnementale de la Communauté de Communes (CdC) de l’île de Ré.
Après-guerre on venait spécialement sur l’île de Ré pour la pêche au homard, qui se pratiquait de mai à septembre et réputée miraculeuse. À cette époque, le homard abondait, il était partout même dans les écluses. Aujourd’hui la pêche côtière rétaise ne joue plus qu’un rôle très secondaire dans l’économie locale et il ne reste qu’un seul pêcheur de cette espèce autrefois emblématique. C’est pourquoi, la CdC et son équipe d’éco-gardes se sont investis depuis 2013 dans un projet de repeuplement, visant à réintroduire 3 000 petits homards par an, pendant cinq ans, dans une zone protégée au large de Saint-Clément-des-Baleines. L’écotaxe, destinée à financer des projets environnementaux, permet de réaliser cette opération.
Une mission expérimentale qui permettra de mieux comprendre comment fonctionne l’écosystème de notre littoral
Initiée par Anaïs Barbarin, responsable des éco-gardes, l’opération, réalisée pour la troisième fois, a nécessité une organisation logistique rigoureuse. En provenance d’une écloserie anglaise, les 3 000 larves de homards ont été confiées jeudi 11 juin, sur le port de Saint-Martin, aux plongeurs de l’Aquarium de La Rochelle et de l’association rétaise Nautilus, qui participent avec plaisir à l’événement depuis le début. Logés un par un, dans des casiers blancs ressemblant à des camemberts, les « bébés » qui n’ont que trois mois et mesurent à peine quelques centimètres ont pris place dans le bateau de l’Association pour regagner leur milieu naturel. Ils ont été répartis en début d’aprèsmidi dans un espace protégé, au large du Phare des Baleineaux, à une dizaine de mètres de profondeur, dans une zone préalablement repérée. Celle-ci, d’environ 2 000 hectares, est idéale pour la sécurité, l’alimentation et le développement des petits homards.
Le homard atteignant sa taille adulte aux alentours de cinq ans, c’est seulement en 2017 que l’on pourra évaluer l’impact des premiers ensemencements. Les données collectées par les éco-gardes, en partenariat avec l’Aquarium seront alors transmises au Cabinet d’études Bio Littoral, spécialisé en biologie marine à Nantes. Plongeurs, pêcheurs à pied et plaisanciers sont également mis à contribution via le programme participatif mis en place l’année dernière par la CdC. « Ce suivi scientifique permettra d’observer et de comptabiliser les homards, mais aussi de dresser un inventaire de la biodiversité de nos fonds marins, de mesurer l’acidité de la mer et d’obtenir des informations sur le réchauffement climatique au regard de notre exception insulaire » indiquait Lionel Quillet venu saluer l’événement au départ du bateau.
Le « lâcher de homards » est l’occasion d’une manifestation qui rencontre son public
Depuis la structuration de leur équipe en 2009, les huit éco-gardes de l’île multiplient les missions dont l’objectif est de protéger l’environnement. « Or le homard se révèle un formidable vecteur auprès des enfants, qui, grâce à la pédagogie mise en place, sont sensibles à nos actions et à l’importance de préserver la richesse de nos sites naturels » souligne Anaïs Barbarin qui a piloté l’opération.
Ainsi, les écoliers des classes de CP et CE1 de Rivedoux, Sainte-Marie et Saint-Martin (les villages changent chaque année) étaient conviés jeudi matin à participer à de nombreux ateliers (création de marionnettes « homards », de crustacés en origami, bas reliefs en terre glaise, etc.) ou à pénétrer le monde imaginaire de la conteuse Justine Devin. Les deux-cents enfants, masque de homard au front, se sont rassemblés en fin de matinée quai Georges Clémenceau à Saint-Martin. Intrigués par la foule bruyante, les promeneurs se sont joints à la masse pour entendre Lionel Quillet, en présence de Patrice Déchelette et des autres partenaires de l’opération (l’Aquarium de La Rochelle, le Lycée aquacole, les plongeurs du Nautilus) rappeler l’importance de cette mission environnementale. Peu après midi, « Explo’ Ré » le tout nouveau bateau handisport de l’association, a quitté le port, sous les encouragements des enfants, chargé des précieux crustacés.
Point clé de la réussite de cette opération ayant fait l’objet d’une vaste campagne de communication : la possibilité pour tous d’adopter « symboliquement » un homard, de choisir son sexe et de lui donner un prénom. Chaque parrain a reçu son carnet de santé et sa carte d’identité et sera, grâce à un système de géolocalisation, informé personnellement de son emplacement exact et de son évolution. Le succès est tel que 2500 enfants ont déjà baptisé leur crustacé !
Formulaire d’adoption sur le site : www.homard-cdciledere.fr . Attention il ne reste que 500 orphelins
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