Hécatombe sur nos plages
Selon les chiffres fournis par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), des milliers d’oiseaux marins ont été les victimes des tempêtes qui, en décembre, janvier ont frappé toutes les plages de la façade ouest de la France. Des tempêtes qui devraient perdurer dans les prochains jours.
Les oiseaux pélagiques durement touchés
En première ligne face aux vents d’ouest, les îles de Ré et d’Oléron ont été les plus touchées par cette hécatombe d’oiseaux de mer épuisés par la lutte contre le vent. A bout de force et dénutris, beaucoup n’ont pas résisté à ces conditions climatiques exceptionnelles et viennent s’échouer sur les plages. Les bagues retrouvées sur certains oiseaux prouveraient que beaucoup d’entre eux viendraient des îles britanniques.
Selon Allain Bougrain-Dubourg, Président de la LPO, « c’est la première fois qu’autant d’oiseaux succombent à cause d’une tempête, une forte mortalité due essentiellement à la répétition des coups de vent. La situation actuelle est essentiellement liée à des conditions météorologiques exceptionnelles, des tempêtes à la fois violentes au large et dans le temps. Ainsi, les oiseaux qui subissent ces coups de vents à répétition depuis plusieurs semaines n’ont pas le temps de se remettre. On peut d’ores et déjà penser que ces échouages massifs auront des conséquences, notamment sur les populations de Macareux moine. Ce sont principalement des oiseaux adultes en âge de se reproduire, qui, pour la plupart, sont victimes des intempéries. Et cela risque de se poursuivre, compte tenu des conditions météorologiques à venir. Tout laisse à penser que la prochaine saison de reproduction risque d’être médiocre, du moins pour certaines colonies, celles dont les oiseaux auront passé l’hiver au large des côtes charentaises et d’Aquitaine ».
Les macareux moines constituent l’espèce la plus touchée, au moins 50% des oiseaux morts recensés. Ensuite viennent les guillemots, puis en quantité plus marginale des fous de Bassan, des petits pingouins Torda et des mouettes tridactyles.
Dans l’île de Ré, de la pointe du Lizay à Rivedoux, Dominique Chevillon, président de Ré Nature Environnement, précise « qu’on dénombrait à la fin du week-end dernier la mortalité de 400 macareux moines, une centaine de guillemots et une centaine d’autres oiseaux pélagiques (pétrelles fulmar, mergules, etc). Par ailleurs, une centaine d’oiseaux récupérés vivants ont été conduits vers le centre de soins. Ces oiseaux qui tous hivernent sur l’Atlantique ont pour habitude de rester plusieurs mois en mer. Ayant dû faire face depuis le 13 décembre 2013 à des coups de vent répétés accompagnés de pluie, à une très forte houle, ces oiseaux qui vivent souvent posés sur l’eau ont fini par devenir mouillés avec pour conséquence un refroidissement corporel important. Quant à l’océan, très agité, il rendait la recherche de nourriture plus difficile. D’où un état de fatigue qui explique que beaucoup d’entre eux ont succombé, notamment les plus jeunes, moins résistants ».
Pollution des plages et oiseaux touchés par des hydrocarbures
Autre fléau qui touche également les oiseaux de mer actuellement : le dégazage. Du fait que les hélicoptères de surveillance restent cloués au sol en raison de la violence des vents, certains navires en profitent pour dégazer au large, cela afin de permettre aux hommes d’équipage de pénétrer dans les citernes. Les substances ainsi rejetées en mer sont des hydrocarbures, des métaux lourds, des produits chimiques, tous très nocifs pour la biodiversité sous-marine et le littoral. Les galettes d’hydrocarbures retrouvées sur les plages rétaises confirment bien le fait que des dégazages sauvages sont actuellement pratiqués.
Voir l’article consacré aux résultats des analyses des galettes d’hydrocarbures retrouvées sur les îles de Ré et Oléron
Les plages rétaises touchées
A Sainte-Marie : Montamer, Basse Benaie, Port Notre-Dame ; à Ars : Radias, Carola, le Martray ; Le Bois : Gros Jonc (15 boulettes au m²), les Gollandières, le Petit Sergent ; La Couarde : le Peu Ragot, les Prises, les Folies ; Saint-Clément : galettes éparses sur toute la longueur de la Conche.
Dans un communiqué la préfecture annonce que « des prélèvements ont été effectués pour être analysés par le CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux). Une reconnaissance par la Marine Nationale n’a pas détecté de pollution majeure du littoral charentais-maritime. En vertu de leur pouvoir de police, les maires des communes concernées ont été invités à prendre les mesures qu’ils jugent nécessaire eu égard à la situation sur leur territoire. Le ramassage de ces déchets est assuré par les services techniques des mairies. Il est en cours sur certaines communes. Le traitement de ces déchets sera assuré par des entreprises spécialisées en vue de leur élimination ».
Conséquences de ces dégazages, des tâches noires d’hydrocarbures ont été constatées sur les plumes de certains oiseaux recueillis sur les plages. C’est pourquoi, les associations de protection de la faune lancent, non seulement dans l’île de Ré, mais sur tout le littoral atlantique, un appel d’urgence à tous leurs bénévoles pour sauver les animaux qui peuvent encore l’être.
Rappel : Une fois attrapé à l’aide d’une serviette, il convient de placer l’animal dans un carton ou une cage de transport. La priorité absolue étant de le réchauffer. Vouloir à tout prix le nourrir ou lui donner à boire, même s’il a l’air dénutri, n’est pas conseillé, car une fois arrivé au centre de soins, l’oiseau subira un check up complet.
LPO Ile de Ré/ Maison du Fier : 05 46 29 50 74 ; lilleau.niges@espaces-naturels.fr
Ré Nature Environnement : 06 17 88 34 10/ 06 07 31 72 82 ; renatenvir@neuf.fr
Lire aussi
-
Environnement & Patrimoine
L’île de Ré et La Rochelle, un destin lié… jusque dans les commémorations
Dans le cadre des 400 ans des guerres de religion, la Communauté de communes de l’île de Ré, la ville de La Rochelle et La Rochelle Université organisent un colloque scientifique, ouvert au grand public, du 27 au 29 novembre.
-
Environnement & Patrimoine
AlimenTerre, engagé pour une alimentation éthique
Les 25 et 26 novembre, le festival AlimenTerre se tiendra sur l’île de Ré. Trois projections documentaires suivies de temps d’échange sont programmées à La Maline. Présentation avec l’un des co-organisateurs sur l’île de Ré de ce festival international, Geoffroy Maincent.
-
Environnement & Patrimoine
Grand Port Maritime : MAT-Ré reste vigilante
Après avoir été longtemps isolée, l’association rétaise entretient désormais des relations avec la gouvernance portuaire, avec les autres associations et élargit ses sujets de vigilance.
Je souhaite réagir à cet article