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Gregory Ziebacz, mieux connaître pour mieux protéger les mammifères marins
De sa spécialité de maître-nageur, il a précieusement conservé sa paire de jumelles. Si depuis quelques années il ne surveille plus les baigneurs, il a toujours le regard tourné vers l’océan, mais pour observer les mammifères marins qui fréquentent nos pertuis.
Mes parents m’ont appris très jeune à respecter la nature, je me souviens de nos vacances familiales à Roquebrune Cap Martin où j’ai appris à nager en jouant avec les poulpes. C’est en partie là que j’ai attrapé le virus de l’observation naturaliste ! » explique Gregory, qui a toujours réussi à concilier son activité professionnelle et sa passion.
Une passion innée
« En poste à Saint-Martin de Ré pendant 15 ans, j’ai vu la destruction progressive des ressources halieutiques, l’impact des captures accidentelles et de la pression humaine qui se traduisent par la mortalité de différentes espèces de mammifères marins, dauphins, globicéphales et tortues marines… » Gregory sait de quoi il parle.
Autodidacte, ses rencontres sur le littoral rétais avec le docteur Duguy, créateur du centre national d’étude des mammifères marins, à La Rochelle, avec John Lien, professeur d’université à Saint-Jean de Terre- Neuve et sauveteur de plus de 500 baleines, ou encore Richard Sears, spécialiste des baleines bleues dans l’archipel de Mingan (Canada), furent des moments exceptionnels de connaissances et d’action. « J’ai vécu quatre ans et demi à Saint-Pierre et Miquelon, où avec le naturaliste Roger Etcheberry j’ai initié ma première exposition sur « La tortue luth et les mammifères marins des eaux de l’archipel ». Pendant mon séjour, j’ai recueilli plus de 180 observations des différentes espèces de mammifères marins, comme la baleine bleue dont c’était la première identification jamais réalisée dans l’archipel, et plus de vingt identifications de tortues luth. Ces données seront répertoriées dans l’atlas des mammifères marins que réalise actuellement le MNHN. Le souvenir de la beauté de ces mammifères, vus de la terre ou en mer, me bouleverse encore aujourd’hui ! »
Grégory s’investit pour faire connaître les espèces menacées de disparition. Au collège de Saint-Martin de Ré, il intervenait bénévolement au côté de Paulette Comes, professeur en technologies marines, pour sensibiliser les collégiens aux écosystèmes. Avec Ré Nature Environnement dont il est membre, il partage sa passion avec Dominique Chevillon et siège au conseil de gestion du Parc Naturel Marin. Créatif et pédagogue, Gregory réalise de superbes maquettes de mammifères marins grandeur nature : à s’y tromper ! Dauphins, globicéphales… mais aussi des tortues marines, pour illustrer les expositions qu’il conçoit, réalise et finance sur ses modestes ressources. Son exposition, accueillie par l’Ancre maritaise, salle du docteur Duguy, intéresse tous les visiteurs.
Un travail en réseau
Depuis 25 ans, il est membre du réseau national d’échouages coordonné par l’Observatoire Pélagis de l’Université de La Rochelle. Chaque année, 700 à 1000 cétacés s’échouent sur les côte françaises, et une douzaine sur le littoral rétais. Avec Jean-Roch Meslin, réalisateur animalier, également membre de ce réseau, il intervient sur les échouages de mammifères marins afin d’identifier les espèces et procéder à différentes mesures et prélèvements pour les programmes d’études des chercheurs de l’université. Cette activité constitue une base de données importante pour alerter les institutions sur les dérèglements environnementaux, les pollutions, la pression humaine etc…
25 ans de témoignage, mais pas assez de résonance !
« Je consacre mon temps et mes deniers personnels à la sensibilisation du grand public pour faire respecter l’environnement marin. Sentinelle, toujours proche de la mer, je suis un passionné qui réagit à l’indifférence de la société, 25 ans de témoignages, mais pas assez de résonance ! » dit-il avec un peu de déception dans la voix.
« Au cours de toutes ces années, j’ai constaté qu’il était difficile de sensibiliser sur les mammifères marins qui fréquentent les pertuis, ou qui s’échouent. Les visiteurs de l’exposition à Sainte-Marie de Ré pensent que les dauphins sont vers les îles tropicales et les baleines dans le fleuve St-Laurent. Mais nous avons un patrimoine marin unique dans les pertuis. Ce sont 80 globicéphales, espèce mal connue, qui reviennent tous les ans y abriter leurs nouveaux nés pendant quelques jours avant de regagner le grand large. La tortue luth est connue depuis longtemps des herpétologistes pour être observée dans les pertuis Charentais en train de s’alimenter de méduses ! Mais cette dernière se fait bien rare ces dernières années ! »
Passionné de l’environnement et des espèces de mammifères marins menacées, Gregory Ziebacz raconte avec précision et sensibilité ses rencontres avec les tortues luth, les dauphins et les baleines… Des moments intenses, de belles photos, qu’il veut partager pour convaincre, avant qu’il ne soit trop tard !
Au cours d’une sortie à la côte ou en mer, si vous assistez à l’échouage d’un animal vivant ou mort, il est important de ne pas le toucher, de faire attention aux morsures ou de ne pas déranger, de prendre des photos avec votre portable, de relever le lieu et l’heure de votre découverte, et surtout d’appeler aussitôt l’Observatoire Pelagis au 05 46 44 99 10.
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