- Économie
- Terroir/Merroir
- Produits du terroir
Le Grand Charroi, fête du sel et des hommes
Tous les deux ans, les sauniers du Canton Nord se réunissent pour clôturer la saison salicole. Producteurs de la Coopérative et indépendants accueillent sur les terres casseronnes Rétais et vacanciers dans une ambiance conviviale.
Dès le matin, l’air vif et le soleil radieux invitaient à suivre la balade contée de Marie-Ange Frey dans les marais bordant le Fier d’Ars. Transportée dans le monde poétique, historique et botanique de cette fabuleuse conteuse, la joyeuse bande de marcheurs a parcouru bosses et chemins d’argile à la découverte de la faune et la flore maritimes.
L’appétit aiguisé par la dégustation de graines de moutarde sauvage, les promeneurs ont rejoint le lieu des festivités où les attendaient buvette et restauration. Smoothies et jus de fruits fraîchement pressés par Véro et Zahir du Méli Mélo, sodas et vins de la Coopérative à la buvette, assiettes d’huîtres couardaises de L’huître du Saunier, galettes et crêpes des Galettes d’Anaïs ont régalé les papilles. Les oreilles n’étaient pas en reste, grâce aux prestations musicales et de claquettes du Jazz Band.
Gros-Selathlon, parcours ludique de kayak borné de pilots de sel décoratifs, donnait la possibilité de gagner un kilo de gros sel.
Michel Joly, l’unique vannier de La Flotte, exposait ses nombreuses réalisations d’osier : paniers à pommes de terre, gourbeuilles, manoque et bazennes qui servaient au saunier d’antan à transporter sur l’épaule une quarantaine de kilos de sel. Sous l’égide de l’association des Jardiniers de l’Ile de Ré, l’Atelier de vannerie d’Ars initiera les vanniers « en herbe » en octobre.
A 14h, Cecilia Bongiovanni et Philippe Lefebvre, échassiers fondateurs de la compagnie rochefortaise du Théâtre du Tacot s’élevaient à bord de leurs phoenicoptérus rosus, pilotant parmi les spectateurs ces surprenantes machines volantes faites de bambou. « Les grands allumés s’enflamment en rose » ont pu récolter les rêves pour les emmener vers les étoiles, grâce aux deux comédiens au sol, le dompteur et la nounou qui s’occupe de l’oeuf. Merveilleuse performance qui a ravi petits et grands.
Tout au long de la journée, François Delime, comédien et clown de la compagnie Autour de Peter de Saint Saturnin du Bois, annonçait les événements et conviait le public à assister aux cinq envoûtants ballets de Contempo Ré Danse.
Les danseuses, dont la plus petite n’a que 6 ans, ont évolué sous un ardent soleil, embrasant le marais de leur lumineuse chorégraphie « Le Feu », présentée à La Coursive au printemps 2018. Un moment féerique empli de grâce et de légèreté.
S’ensuivaient les mélodieux chants du monde d’Iavnana, choeur de femmes créé en 2006 par Arlette de Saint-Clément. Douceur et évasion garanties !
La fin des réjouissances arrivant, François, le crieur, a dévoilé les annonces déposées au cours de la journée dans la boite à criées. « Merci à vous, sauniers, de déplacer des montagnes ! » Jeux de mots et pointes d’humour à foison.
Marinette, sympathique Villageoise rendue célèbre par sa savoureuse recette de seiche, cuisinée pour l’émission culinaire « Les Carnets de Julie » était présente.
Un pot de l’amitié a été offert, mettant fin à cette chaleureuse journée festive. Nul doute que Le Grand Charroi restera dans les mémoires de tous les participants.
Une saison exceptionnelle
Les vents de Nordet couplés aux grosses chaleurs de l’été ont rendu cette saison laborieuse. Ce début septembre étant productif, le charroi, débuté le 4 n’est pas encore bouclé. Mais tous les sauniers, ceux de la Coopérative d’Ars comme les indépendants s’accordent à dire que 2018 est une saison exceptionnelle. « Par l’abondance du gros sel, mais aussi sa qualité » précise Dorothée Kendall, Directrice de la Coopérative. « Il répond aux critères de qualité du sel marin gris » affirme Sophie Micault, la Responsable Qualité. Evaluée à 2500 tonnes, la production dépassera sûrement les 3000. Très bonne cueillette de Fleur de sel également. Bel esprit de solidarité à la Coopérative. Morgan Mérigout, saunier récemment installé aux Portes, s’est cassé la clavicule le 8 juin, mettant en péril sa saison. 25 Coopérateurs se sont chaque jour relayés sur son marais pour récolter sel et Fleur de sel. « Les valeurs d’entraide d’autrefois ne se sont pas perdues » dit-il.
Paroles de sauniers
« Une saison épuisante mais belle et une fête super ! »
« Plus le tas de sel grossit, plus l’homme maigrit ! »
« Mon souhait ? De la pluie ! »
« Le marais a demandé de l’eau avant nous ! »
« Une saison dure pour l’homme et pour le marais, »
Charroi 2018, la production rétaise ne manque pas de sel !
Comme tous les ans, à l’approche de l’automne, les sauniers mettent à l’abri des intempéries, leurs précieuses récoltes cristallines.
Contrairement à la Fleur de sel, conditionnée sur le marais en caisse de 400 kg et acheminée par le saunier au fur et à mesure de la récolte jusqu’à la Coopérative, le transport du gros sel, s’effectue uniquement en fin de saison. Les bosses des marais deviennent alors les témoins d’une effervescente activité. Le Charroi, débuté cette année le 4 septembre, s’accomplit de façon immuable, démarrant par les villages les plus éloignés de la coopérative d’Ars. Le Canton Nord est divisé en trois secteurs, La Couarde/Loix, Les Portes/Saint-Clément et Ars.
Si le saunier solitaire roule et tire son sel dans la quiétude des marais, la dure besogne du Charroi est obligatoirement un travail d’équipe. Composée d’un coordinateur qui gère le bon déroulement du chargement ; d’un chargeur installé sur la pelleteuse dont le godet se remplit du sel prélevé sur le tas et le déverse dans la remorque du tracteur ; d’un saunier, juché dans la remorque, qui veille à bien y répartir la charge ; du rouleur, conduisant le tracteur et enfin de deux pelleteurs, qui récupèrent la couche de sel que le godet n’a pu recueillir.
Quand le « gros », entendez par là, le gros sel, occupe toute la place dans la remorque, il est temps pour le rouleur de se diriger vers la Coopérative. Le Charroi symbolisant les préliminaires de la fin d’une saison de labeur, se passe bien souvent dans la bonne humeur. Qui charrie bien, charrie bien ! Ce travail demande néanmoins rigueur et maîtrise. Les « petites remorques » des tracteurs contiennent 7 à 8 tonnes de sel, tandis que celle du gros tracteur en contient 15. Prudence, si vous les croisez sur la route, vous ne faites pas le poids !
Marielle Chevallereau
Lire aussi
-
Économie
« Une saison atypique et olympique »
Ré à la Hune s’est entretenu avec le président de Charentes-Tourisme quant au bilan de la saison 2024 et aux enjeux auxquels la filière touristique doit répondre.
-
Économie
La saison en Charente-Maritime et sur l’île de Ré
Charentes-Tourisme et Destination Île de Ré ont communiqué à Ré à la Hune leur premier bilan de saison 2024, des vacances de Pâques aux vacances de la Toussaint.
-
Économie
Rester positif malgré la déception
Car c’est le terme plusieurs fois entendu : si elle n’est pas loupée, la saison 2024 n’a pas tenu ses promesses
Je souhaite réagir à cet article