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Gisèle Casadesus, une joie de vivre communicative
Invitée d’honneur de l’île aux Livres 2014, Gisèle Casadesus a donné samedi 9 août une conférence devant une salle archi-comble puis dédicacé jusqu’à 16 heures son livre « Cent ans, c’est passé si vite… ».
Plutôt que d’emprunter une forme classique, ses mémoires reviennent sur « une succession d’éclats de vie, d’étincelles de réflexion égrenés au fil des souvenirs, en toute liberté », ordonnés alphabétiquement.
Née en 1914 dans une famille de musiciens, Gisèle Casadesus a mené une très belle carrière à la Comédie- Française, au cinéma et à la télévision, tout en élevant ses 4 enfants – le plus petit a 18 ans d’écart avec l’aîné Jean-Claude – devenus tous artistes à leur tour, avec Lucien, l’ « Amour de sa vie ». L’un de ses petits-fils est lui-même aujourd’hui grand-père ! Avec quatre enfants, huit petits-enfants, neuf arrière-petits-enfants, un arrière-arrière- petit-fils… et les conjoints, on imagine combien la famille est centrale dans son existence !
Son attachement à l’île de Ré, sur laquelle elle vient depuis l’âge de huit ans, est intime et profond. À l’origine son père était propriétaire du moulin d’Ars, avant de le vendre en raison de « finances fluctuantes ». Ses enfants Jean-Claude et Martine y ont une maison et Lucien et Gisèle y ont acheté un vieux chai qu’ils ont aménagé. « C’est tout petit avec juste deux pièces et un jardinet, mais j’aime beaucoup m’y rendre en été. Lucien est enterré sur cette île et ma place y est également réservée. »
Elle avait plus de 90 ans et 60 ans de carrière quand elle a décidé d’arrêter le théâtre, sur la pièce de Bernard Murat « À chacun sa vérité », avec pour partenaire principal Niels Arestrup « acteur inoubliable ». Et décidé de se consacrer uniquement au cinéma et à la télévision ! Quoiqu’il semble qu’elle ait depuis de nouveau succombé aux sirènes du théâtre avec un nouveau projet à la rentrée.
L’anagramme de Gisèle Casadesus, « Sa sagesse du ciel »
À propos de son fils aîné, Jean- Claude, célèbre chef d’orchestre qui a aujourd’hui plus de 70 ans mais est resté son « petit garçon » elle évoque « un caractère bien trempé qui s’est révélé avant même ses trois ans » et a valu des « scènes de famille mémorables » dont les « héros » étaient invariablement « mon mari Lucien et notre fils ». « Lucien avait une grande admiration pour Jean-Claude dont il disait “C’est un cheval de race, un pur-sang qui ne s’attelle pas”. »
Si la fidélité dans son couple lui paraît « normale » elle reconnaît que « la souffrance que nous a infligée mon père en vivant une double vie conjugale » l’a peut-être conduite à en faire une règle d’or mais que c’était « facile » pour elle qui a « eu la chance de vivre sa vie amoureuse avec un homme passionnément amoureux… ». « Quand on s’aime vraiment » ce n’est pas une difficulté, même si on l’a « beaucoup courtisée et qu’on lui a même couru après ».
De l’anagramme de ses prénom et nom trouvé par une de ses camarades de la Comédie-Française « Sa sagesse du ciel » elle en a tiré un précepte pour ses enfants « Ne vous couchez jamais fâchés » qui vient directement du Nouveau Testament « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère ».
Si ces cent ans l’étonnent « je n’ai pas l’impression d’avoir cent ans… Puis je me regarde dans la glace, et là, je suis bien obligée de reconnaître que j’ai cent ans », ils lui inspirent aussi de l’humour pudique « N’empêche ! Je suis à un âge où les bougies reviennent bien plus cher que le gâteau ».
Elle s’est rapprochée tardivement de son demi-frère Bernard, après le décès de leurs parents. « Lorsque Bernard est né dans l’autre foyer, le coup a été très rude. Mais ma mère a dit ensuite “s’il arrivait quelque chose à cette femme, à cette mère, j’adopterais son enfant sans aucune hésitation !” »…
« Pendant longtemps, je ne voulais pas le connaître. Puis, je l’ai aimé. On gagne beaucoup à laisser grandir en soi la bonté, la générosité, l’amour. Pour cela il faut du temps… C’est vraiment là une leçon reçue de ma mère… Même si elle souffrait dans une parfaite discrétion, elle trouvait, au-delà de sa blessure d’épouse amoureuse, le moyen d’être grande et belle. »
« Rien n’est jamais acquis ni perdu »
« L’avantage premier de vivre longtemps, et ainsi de donner du temps au temps, c’est de constater qu’avec un peu de bonne volonté, rien n’est jamais totalement acquis ni perdu. Il faut laisser la porte ouverte. Et le coeur aussi ! »
Elle « biblote » comme disait gentiment son père car « c’est pour moi un réflexe tout naturel… la Bible fait partie de ma vie, et même de ma respiration… Lorsque les enfants étaient petits, je leur parlais de Dieu ; aujourd’hui qu’ils sont grands, je parle de mes enfants à Dieu ! ». « Les peurs et les angoisses peuvent surgir, mais la lecture de la Bible m’apaise toujours. » Elle n’a arrêté le vélo qu’en 2010 et avoue qu’il « est difficile de prendre conscience qu’on ne peut plus faire telle ou telle chose ». Sur l’interdiction que lui ont faite ses enfants de voyager seule elle explique avec humour « il vient un temps où les parents doivent obéir à leurs enfants » : ce qui les motive est toujours l’amour et « c’est finalement rassurant de savoir que l’on vous aime ». « Aujourd’hui trop de parents imaginent prouver leur amour en laissant tout faire à leurs enfants, alors qu’ils sent en train de rater le coeur même de l’éducation. »
La comédienne – qui fut un court moment tentée de se laisser griser par le théâtre de boulevard qui la « mettait plus en valeur, augmentait rapidement sa notoriété et sa popularité » mais s’en est finalement tenue à la discipline de la Comédie-Française – porte un regard lucide sur sa profession : « je suis une spectatrice amusée de mon milieu… Le talent, c’est avant tout de se connaître soi-même… Le comédien de talent joue, et il pense “jeu” ; le comédien médiocre surjoue, et il pense ”je” ».
Sur sa longévité, un brin agacée qu’elle soit devenue un sujet central de conversation de ses interlocuteurs car « si je m’écoutais, je ne serais pas centenaire ; ce sont les autres qui me vieillissent », elle n’a pas de secret à dévoiler. Tout juste avoue-t-elle – du moins dans ses mémoires car lors de sa conférence elle l’a nié ! – « trente minutes de vrai repos par jour, pour faire le vide total, dans le noir », ainsi qu’éviter les conflits, ce qui préserve selon elle la santé mentale. Et évoque les cinq étages de son immeuble parisien montés à pied toute sa vie, paquets et enfants sur les bras !
Gisèle Casadesus parle de « sa peur de la fin… ce qui m’effraie… ce sont surtout les souffrances qui peuvent l’accompagner…mais au moment des épreuves on reçoit une force insoupçonnée pour les traverser ». Pour l’heure elle déborde de projets et de propositions qu’elle entend bien honorer !
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