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Gisèle Casadesus
« J’ai réalisé mon rêve de petite fille, je voulais faire du théâtre et avoir une vie de famille »
Gracieuse, espiègle, fidèle en tout, à ses idéaux comme à ses proches, elle n’a jamais cessé d’aimer et de travailler. Gisèle Casadesus nous a quittés, mais sa joie de vivre reste une formidable leçon de bonheur.
La France perd une immense comédienne dont tous, de la profession ou institutionnels, saluent le talent (elle venait d’être élevée au grade de grand-croix de l’ordre de la Légion d’honneur). L’île de Ré est touchée au cœur. Au delà de la grande Dame de théâtre et de cinéma, tous ceux qui l’ont côtoyée lors de ses séjours à Ars regrettent une femme pétillante, d’une rare élégance et dont la bienveillance agissait comme un élixir de jouvence.
Promise à une carrière musicale comme l’y engageaient son père compositeur et chef d’orchestre et sa mère harpiste, elle obtient toutefois d’eux d’être admise au Conservatoire à l’âge de dix-sept ans. Elle en sortira avec un premier prix qui lui vaut d’être engagée à la Comédie-Française en 1934, l’année de son mariage avec le comédien Lucien Pascal (de son vrai nom Lucien Probst), celle de ses vingt ans aussi !
Dès lors les rôles s’enchaîneront à un rythme effréné qui n’empêchera cependant pas le couple d’accueillir et d’élever quatre enfants.
Molière, Marivaux, Musset, Anouilh, Ionesco… En 80 années de présence sur les planches, Gisèle Casadesus a tout joué : 150 pièces au bas mot et une cinquantaine de films parmi lesquels Les Enfants du Marais, Elle s’appelait Sarah ou encore La Tête en Friche de son ami rétais Jean Becker où elle partageait l’affiche avec Gérard Depardieu.
Récemment elle s’était à regret résolue à abandonner la scène, mais jusqu’au bout elle a continué à tourner soutenant le dernier court métrage du jeune réalisateur Aytl Jensen « Si loin, si proche ». C’est un peu ce que l’on ressent…
« L’île de Ré, c’est presque un pays natal »
Elle a huit ans en 1922 lorsque ses parents, en quête d’un « endroit tranquille, loin des stations mondaines et sans casino » lui font découvrir ce coin de paradis où ainsi qu’elle le confiait au micro de Catherine Salez pour ré-télé, elle était très fière d’avoir appris à nager et à faire du vélo toute seule.
Cette terre de liberté, elle y sera fidèle toute sa vie, Ars étant devenu le point d’ancrage de toute la famille, chacun ayant à cœur de s’y retrouver autant que possible. Un clan d’artistes renommés dont font partie entre autres le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus et Thomas Enhco (prix de la révélation des Victoires du Jazz à 15 ans), fils et arrière petit-fils de l’actrice. Tous deux regagnent le fief chaque fois que leur agenda le leur permet. On se souvient de la belle demoiselle, évoquant il y a peu, les yeux malicieux et le sourire charmant, son fils la portant sur son porte-bagages dans les venelles d’Ars tandis qu’à contre cœur elle avait renoncé sur ses injonctions à la bicyclette à 95 ans ! Et d’ajouter taquine : « je ne suis pas certaine que ce soit moins dangereux »…
Joschi Guitton qui l’avait reçue deux fois au salon « L’île aux Livres » (notamment lors de la présentation de son ouvrage anniversaire « Cent ans, c’est passé si vite » en 2014), regrette « Une personnalité de l’île et une femme rayonnante, lumineuse, solaire. D’une vraie gentillesse elle était incroyablement humaine et modeste « .
Elle a traversé deux guerres et parcouru le monde. De tout elle tirait la saveur et gardait le goût. Son cœur repose en paix sur son île chérie auprès de son époux tant aimé, parti centenaire lui aussi, il y a 11 ans. Les funérailles de Gisèle Casadesus se sont déroulées jeudi 28 septembre au cimetière d’Ars en Ré, après une cérémonie intime au temple protestant de Saint-Martin.
Marie-Victoire Vergnaud
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