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Gérard Hernandez, alias Raymond, 65 ans de vie commune avec son épouse Micheline
Micheline et Gérard Hernandez, l’acteur bien connu qui incarne Raymond dans la série télévisée «Scènes de ménage» ont reçu Ré à la Hune pour un entretien à bâtons rompus, dans leur maison des Portes en Ré.
Gérard ne voulait pas être le seul à parler. Il voulait mettre en avant Micheline, son épouse depuis plus de soixante ans, qui est toujours restée dans l’ombre : « ils ne sont pas si nombreux, les couples d’acteurs de soixante ans de vie commune !… 65 ans, il n’y avait que Noiret qui est resté aussi longtemps… »
En début d’entretien, Micheline a tendu, outrée, la coupure d’un magazine de télévision qui titrait : « Gérard Hernandez – Sa femme a brisé sa carrière au cinéma ! » et Gérard et Micheline, d’une même voix, se sont attachés à expliquer et à démentir.
« Je n’ai jamais empêché mon mari de continuer une carrière, au contraire ! »
Ré à la Hune : Micheline, comment êtes-vous arrivée dans la vie de Gérard ?
Micheline : J’ai connu Julio pas Gérard… Julio est son vrai prénom mais, comme avant Julio Iglesias, les gens avaient du mal à prononcer son vrai prénom, il a pris Gérard qui est son deuxième prénom.
Gérard :… c’est d’ailleurs les gens qui me connaissent bien qui m’appellent Julio.
M. : J’ai connu Julio dans les années 50…
G. : (taquin)… en 1952 …! Faut dire la vérité !… le 3 août 1952…
M. :… et on ne s’est pas quittés depuis cette rencontre.
G. : … c’est pour ça, comme disent les autres c…, que je n’ai pas pu faire de cinéma !
Je disais simplement que je n’aimais pas quitter ma femme, et c’est pour ça que j’ai refusé un film… parce que c’était très loin…
M. :… et puis c’était dans un fort, dans des conditions difficiles, au milieu du désert… pas de portable… ça aussi, ça a joué dans ton refus.
G. :… c’était Fort Saganne ; donc, c’est vrai que, là, j’ai refusé de le faire… mais c’est le seul.
M. :… oui et puis pas simplement pour moi ; c’était pour raisons de famille.
G. :… c’était pas simplement pour elle. On ne pouvait pas communiquer…
M. : Donc, je tiens à dire que je n’ai jamais empêché mon mari de continuer une carrière, au contraire… (puis, faisant allusion à l’article incriminé) c’est pour ça que j’hésite toujours à répondre aux questions qu’on me pose concernant notre vie conjugale.
Quel est le souvenir le plus marquant de votre vie conjugale ?
M. : Il y en a beaucoup mais c’était lorsqu’on s’est rencontrés ; j’étais avec une bande de copains et lui avait sa bande de copains. Nous sommes allés danser, dans une boîte ; on dansait à l’époque ce qu’on appelait le be bop.
G. :… le jazz…
RALH : c’était le rock … ?
G. : Oh là là ! parlez pas de rock ; j’aime pas le rock.
RALH. : c’était bien du rock n’roll, à l’époque ?
G. : (faussement courroucé) mais pas du tout, Madame !
M. : c’est ce qui a précédé le rock n’roll.
G. : Le rock est venu après, avec Presley et toute la bande… (bougon et moqueur) de dégénérés !
M. : Donc, j’avais déjà repéré ce monsieur qui ne m’invitait pas à danser – puisqu’à l’époque on invitait à danser – … alors je me suis arrangée pour me mettre à côté de lui et lui m’a dit : « est-ce que vous dansez cette danse, le jazz ? »
Donc on a dansé et on a gagné un Concours et après, on a recommencé, comme ça, en vacances, et on dansait tout le temps ; nous étions deux bons danseurs…
G : …de jazz
RALH : et vous continuez à danser ?
M. : Oui..
G. : (admiratif et tendre) Elle a une santé de fer !
La passion de Gérard Hernandez pour les chevaux de courses
On nous a rapporté comment vous alliez aux courses, enfant, avec votre papa qui était un passionné de courses de chevaux…
G : Je devais avoir 4 ou 5 ans, 5 ans… (Se souvenant avec tendresse). Nous allions, avec mon père, à Longchamp parce que c’était pas trop loin de chez nous, on pouvait presque y aller à pied mais en marchant pas mal… Et je me souviens quand mon père gagnait on prenait un vélo taxi parce qu’à l’époque, il y avait des touristes obligatoires… ils étaient habillés en vert et ils parlaient une langue que je ne connaissais pas… y’avait pas d’essence, on marchait au gazogène… et quand on ne gagnait pas, on revenait à pied… ça faisait bien 4 à 5 km…
Je me souviens, Patrick (Nicot, entraîneur de chevaux de courses à Saint Clément des B. et père de Capucine, ndlr) a eu un cheval qui s’appelait Ephèse et je me souviens… ce devait être en ‘42, il y avait un p’tit cheval qui s’appelait Ephèse qui était gris et j’avais dit à mon père : ah ! Il est beau ce p’tit cheval, on devrait le jouer. Mon père m’avait dit : eh bien, on va le jouer si tu veux… et il avait gagné à une cote énorme… et j’ai eu un vélo !
RALH. : Après, c’est pour ça que vous avez eu Dondargent, parce qu’il était gris ?
G. : Oui. J’ai dit à Capucine (Nicot, entraîneur des chevaux de Gérard, ndlr) : j’aime bien ce p’tit-là, Dondargent. J’aurais mieux fait de lui dire non… Oui, il m’a apporté quelques joies mais… il ne faut pas faire les comptes…
RALH. : Et votre premier cheval de course ?
G. : C’était Proci Volo mais on était plusieurs, là ; oui… c’était le crack ; on avait démarré fort… malheureusement ! On a dit : on va pas prendre l’argent qu’on a gagné comme ça, on va en acheter d’autres et… les autres n’ont pas été aussi bons…
La première fois que j’ai vu gagner Proci Volo, c’était génial. C’était à Longchamp, c’était un quinté…
M. : La première fois qu’il a gagné le tiercé, on lui aurait offert un rôle principal, il n’aurait pas été plus heureux !
Le personnage de Raymond
RALH. : En quoi, un rôle comme Raymond qui vous accompagne depuis longtemps déteint-il, ou non, sur votre caractère personnel ?
G. : Il est quand même très loin de moi, ce Raymond ; il peut être réac, Raymond ; il est très ambigu… Enfin, j’espère le rendre ambigu parce que je ne voudrais pas qu’il soit d’une même traite, qu’il ne soit que ceci ou que cela. De temps en temps, il est émouvant, il est presque humain et de temps en temps, il est complètement insupportable. Et ça, depuis le temps que je le fais, forcément, y’a des moments, dans le vocabulaire surtout, où il peut déteindre… parce que ça va faire 9 ans qu’on le fait ! Effectivement, quand vous êtes toute la journée à dire « tu m’emmerdes », si vous arrivez à la maison, vous avez plutôt tendance à dire « tu m’emmerdes » que « tu m’ennuies » !
RALH. : C’est 9 ans mais par épisodes, sur plusieurs mois ?
G. : Oui, mais pas tous les jours… C’est très fatigant, c’est pas facile, c’est un système que je ne connaissais pas, dans ce métier : programmes courts ; chaque scène est tournée d’une seule traite ; y’a pas deux caméras, y en a qu’une. C’est le système du direct ; on est obligé de recommencer si ça ne va pas ; on ne peut pas couper.
RALH. : Et vous, Micheline, comment vivez-vous ce personnage de Raymond qui déteint un peu, parfois, dans le quotidien, apparemment ?
M. : Je fais la part des choses ; ça n’a rien à voir, pour moi. Et puis, comme il disait, c’est le contraire du personnage ; il n’est pas ennuyeux. Souvent, les gens qu’on rencontre me disent : il est comme ça dans la vie ? Non, pas du tout. C’est drôle que les gens assimilent le personnage dans la vie à celui de la télé… et (s’adressant à son mari) souvent, on t’arrête et on dit : ah ben, alors, c’est votre femme, ce n’est pas Huguette ?
RALH. : Preuve que c’est bien interprété !
G. : J’ai toujours dit, ce métier on ne joue pas la comédie, on est. J’essaie d’être le personnage en oubliant la caméra ; alors, on est peut-être trop naturel ! C’est la porte étroite, dans ce métier, les gens aiment bien qu’on fasse toujours la même chose.
Et Gérard de conclure l’entretien – parce qu’il faut bien prendre congé, si sympathiques, agréables et joyeux que fussent ces moments d’entretien, à l’image du couple qui nous recevait – : « Même dans la maison, je n’aime pas être loin d’elle ! Je suis un homme à habitudes ! ».
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