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- Bilan de mandat - Ars-en-Ré
Garder un cap qui privilégie l’intérêt collectif
Ré à la Hune : Vous vous représentez pour un 4ème mandat. La rumeur court que si vous êtes élu, vous passerez la main en cours de mandat.
Jean-Louis Olivier : Je souhaite préparer ma succession, ce qui ne veut pas dire que j’arrêterai en cours de mandat. Je suis arrivé en 1967 à Ars, ma vie s’est faite ici. En acceptant la responsabilité de maire, j’ai voulu rendre à l’île de Ré ce qu’elle m’avait donné. J’ai le sentiment d’avoir rempli le contrat. Mais je n’ai pas encore trouvé la personne qui veut prendre le relais. C’est un changement en douceur que je cherche, pas une cassure.
S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de ce 3ème mandat, quelle serait-elle ?
Xynthia m’a beaucoup marqué. Grâce à la solidarité et la maîtrise du risque nous nous sommes vite redressés. Les conséquences sur le futur PPRL apparaissent désastreuses sur le plan économique et humain. L’adage dit « Quand le bâtiment va, tout va », tout est lié, l’emploi, le logement, la vie économique, les écoles. Ce problème est celui de tout le canton nord. La réserve urbanisable d’Ars n’était déjà pas énorme, il ne restait que 10 ha sur les 94 ha urbanisés du village. Nous sommes la commune qui a le moins construit depuis 20 ans.
Quelle réalisation concrète vous a le plus satisfait ?
La construction de logements à loyers modérés sur le terrain du couvent, en plein centre du village est un vrai contentement, tant sur le plan de l’urbanisme que sur la façon de vivre ensemble. Je ne remercierai jamais assez les Soeurs de la Sagesse qui ont décidé de vendre leur terrain à la commune, de surcroît à un prix raisonnable. Nous avons livré sept logements en octobre 2009. Malgré un contentieux avec un voisin, je n’ai pas lâché. Nous avons aussi restauré la chapelle attenante. À ces habitations, se sont rajoutés quatre appartements communaux. Nous sommes en phase de finalisation des quatorze logements à La Grange, qui seront livrés en mars prochain. Je me suis entêté sur ce projet. Il a fallu treize ans pour aboutir, entre l’achat de quatre parcelles, la modification du POS, les deux enquêtes publiques, la révision du projet, et la construction. Dans un an, 29 logements aux Brises marines, sous maîtrise d’ouvrage de la CdC, compléteront l’offre. Nous avons une longue liste d’attente, des jeunes couples, des seniors, des personnes seules. Les attributions restent à faire.
La population d’Ars est vieillissante, 40 % ont plus de 60 ans. Qu’avez-vous fait pour maintenir ou faire venir des jeunes ?
Après la fermeture d’une de nos classes, nous avons monté un Regroupement Pédagogique Intercommunal avec Loix. C’était la seule solution pour sauver mutuellement nos classes. Nous avons créé le centre de loisirs Méli Mélo. Nous avons signé une convention avec Les Portes, Saint-Clément et Ré Espaces jeunes, pour mettre en place Le Studio, dédié aux 11-17 ans. Un local a été mis à leur disposition à côté de la salle des sports. J’ai toujours plaidé pour la mise à disposition d’équipements sportifs pour les jeunes. La piste de skate, le mini terrain de foot et l’aire de jeux à Grignon ont été réalisés. La salle des sports a été inaugurée en juin 2009. Dès lors que l’outil a existé, on a vu y arriver de nouvelles activités. Elle tourne à plein régime le soir. Elle sert aussi à des manifestations culturelles, le basket de Saint-Clément y dispute même des matchs.
Au plan économique deux sauniers vont construire un bâtiment de stockage sur un terrain communal. Nous espérons faire de même pour de jeunes agriculteurs arsais.
D’aucun disent que le centre bourg est quasi mort. Que leur répondez- vous ?
Coup sur coup le boucher est parti à la retraite, le poissonnier a changé d’orientation. Ces deux commerçants vendaient le fond et les murs, la commune ne pouvait pas suivre financièrement en raison du prix de l’immobilier. J’ai considéré comme un échec de voir partir ces commerces et de ne pas avoir pu les remplacer. Cependant nous avons réussi à maintenir l’épicerie sur la place de l’église. Malgré mes regrets de son déplacement en périphérie d’Ars, la pharmacienne est satisfaite de sa nouvelle localisation, les gens peuvent se garer au plus près. Du fait de la longue période d’hiver, nous avons du mal à trouver des commerçants à l’année. Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de commerces que les volets se ferment. C’est parce que les volets se ferment qu’il n’y a plus de commerces. D’un côté on constate une demande de commerces de proximité, et de l’autre une forte évasion vers le sud de l’île et La Rochelle. Les comportements ont changé. En mars 2012, nous avons voté la préemption des baux commerciaux. J’ai l’espoir de voir la tendance s’inverser et de constater l’arrivée de commerces de premier service. Et l’été, il y a un véritable engouement pour le marché. Il faut trouver le juste équilibre entre ceux qui vivent à l’année et les 58 % de résidents secondaires du village.
Quelles ont été les conséquences de la municipalisation du port au 1er janvier 2008 ?
Elle nous a donné les moyens de mettre le port à niveau. Grâce aux subventions du Conseil général, nous avons réalisé des travaux pour 950 000 €. Ce dossier a nécessité beaucoup de temps passé, en faisant en sorte que les usagers rencontrent le moins de gêne possible. Nous avons aussi racheté au Département les bâtiments de l’îlot. Les subventions sont terminées. Il faut maintenant passer à l’étape port propre. La non-acquisition des bâtiments de la DDE reste une déception. Après Xynthia, les services de l’État ne nous ont laissé qu’une étroite fenêtre de tir. Nous ne pouvions y installer ni commerces, ni logement autre que celui existant.
Il y a six mois, le conseil municipal a voté la restructuration de l’îlot sur la place de l’église. Le VVF va être cédé. De grands changements s’annoncent…
Le devenir de ces bâtiments communaux a été longuement discuté. Ce projet est acté, la mairie sera installée dans l’ancienne maison des docteurs, l’office du tourisme, la police municipale, la bibliothèque vont déménager. L’ensemble coûtera 1 750 000 €, auxquels se rajoutera le coût des réaffectations. Pour le VVF, propriété de la commune depuis 30 ans, la convention de gestion a été prolongée jusqu’à fin décembre 2013. Il ne s’agit pas de céder les bijoux de la couronne, c’est un report d’actifs. Sa vente devrait rapporter 3,3 millions d’€ et permettre de réinvestir dans la remise en état du patrimoine communal qui reste encore conséquent et qu’il faut l’entretenir. Nous ne dépenserons pas tout.
Les rues de la commune se sont transformées. Vous aviez affirmé que le programme était ambitieux.
Depuis deux mandats, nous avons réalisé tout ce qui méritait de l’être, soit en colmatant, soit en refaisant bien et plus durable. 4 400 000 € ont été investis depuis 2007. La placette de la mairie est désormais accessible aux personnes à mobilité réduite. Quant aux chemins ruraux communaux et à la voirie du port, grâce au Fonds de Solidarité de l’Union Européenne accordé après Xynthia, ils ont pu être remis en état. Le giratoire à l’entrée d’Ars, souhaité depuis quinze ans, a pu voir le jour en octobre 2011, avec le concours du Conseil Général.
On vous sent perplexe pour l’avenir.
Nous devons oser des projets, tout en restant prudent. Faire revenir de la vie au centre du village est une priorité. En concertation avec la CdC, j’aimerais regrouper des professions de santé dans l’enceinte des ex-Brises Marines. Mais avec le PPRL nous sommes dans l’incertitude. Les associations réclament un bâtiment pour le stockage de leur matériel, je souhaite sa construction. Il faut aussi réaliser un bassin de rétention des eaux pluviales de la commune, la mise aux normes est obligatoire. Pour le port il faut prévoir un dragage, extraire les vases et savoir où nous allons les mettre. La réfection de la voirie de Grignon est nécessaire. Nous voulons aussi détruire l’ancienne salle des sports pour y réaliser une aire de jeux multi-sports, très demandée par les jeunes. Et nous attendons la décision de la DRAC pour la rénovation de l’intérieur de l’église.
C’est quoi être Maire ? La fonction demande une grande disponibilité.
Quand je suis devenu maire, je ne savais pas ce qui m’attendait ! Je suis patron depuis l’âge de 22 ans, un maire est en quelque sorte un chef d’entreprise. Il associe des éléments qui combinent utilité, esthétisme et budgets acceptables, au profit de la collectivité. Tout cela ne va pas toujours ensemble, il faut harmoniser. Nous devons avancer ensemble, vivre ensemble ou survivre ensemble.
Voir les bilans de mandat au Bois-Plage, à La Couarde , La Flotte, Rivedoux, Saint-Martin, Sainte-Marie
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