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François Clot, une carrière au service de la Ville de Saint-Martin (et de ses habitants !)
François Clot est entré à la Police Municipale de Saint-Martin en avril 1980. Ce sont donc près de quarante ans de vie martinaise, mais aussi d’évolution de la société et du métier de policier qui défilent dans notre conversation.
Lorsqu’il entre au service de la commune de Saint-Martin, François Clot est responsable… De lui-même ! Seul membre de la Police Municipale, son bureau est en Mairie. C’est tout simplement un autre temps. La Police Municipale a toujours eu trois grandes missions : Sécurité, Salubrité et Hygiène de la voie publique. François Clot est alors occupé à des missions parfois déroutantes, comme celle qui consiste à être policier des Pompes Funèbres ! Eh oui, à l’époque où la morgue était encore à Saint-Martin, il fallait un policier pour témoigner de l’apposition des scellés (obligatoire dès qu’un corps sortait de la commune), ou encore valider que les soins de conservation avaient été effectués dans les règles. Pas très gai ! A l’occasion il est aussi facteur, chargé de la distribution des plis des conseillers. Il faut ajouter l’encaissement des redevances liées aux terrasses, des opérations de contrôle de l’urbanisme ou l’installation de la sono lors des commémorations officielles et bien d’autres tâches variées, sans oublier la gestion administrative.
Alors bien sûr depuis les années 80, des choses ont changé (mais pas toutes !), et voilà qui élargit le rôle que le citoyen lambda attribue à ses policiers municipaux, celui de faire respecter l’ordre et mettre des PVS ! En fait, le policier municipal est au service de la commune dans tous les domaines qui requièrent sa présence et ses connaissances. Et celles-ci sont forcément importantes notamment en matière législative. C’est pourquoi, tous les quatre ans, les membres des polices municipales partent pour trois semaines de formation, une remise à niveau obligatoire qui n’exclut pas des formations complémentaires sur des sujets divers.
Les années 90
Elles marquent un point de bascule côté sociétal. C’est le temps de l’essor touristique pour l’Ile de Ré qui attire chaque année de plus en plus de vacanciers impatients de la découvrir. Une bonne chose pour l’économie rétaise et des soucis en plus pour la police. Car, bien sûr, ici comme ailleurs, la délinquance suit l’argent et donc les touristes. C’est avec philosophie que François Clot résume la situation : « plus il y a de gens, plus il y a de problèmes, et plus ils sont les uns sur les autres, plus ils se tapent dessus ». Une logique humaine et implacable qui nous conduit à commenter les bienfaits de la destruction des barres d’immeubles des cités.
Mais nous nous égarons… Revenons à Saint-Martin. Si la délinquance pure est alors peu présente, les problèmes liés à l’alcool et à la drogue prennent une envergure considérable et parfois lourde de conséquences, allant des comportements dérivants aux accidents graves, et conduisent parfois à d’autres situations comme celles de personnes sans papier. Les policiers municipaux sont alors deux titulaires, renforcés chaque été par de nombreux saisonniers que François Clot est bien sûr chargé de recruter et d’encadrer. La police municipale ne chôme pas et fait du non stop, les nuits entières ayant été ajoutées à leur planning de journée. Les interventions se multiplient et à chaque fois, les policiers jouent leur rôle de médiateurs. Il s’agit de temporiser et si la répression est de rigueur, la prévention n’est pas oubliée, un travail important qui suppose, là encore, de connaître toutes les procédures sur le bout des doigts.
Si François Clot note qu’aujourd’hui les problèmes de drogue se sont plutôt déplacés vers le bout de l’île, ceux liés à l’alcool perdurent. Certes moins de gens boivent (et la peur du gendarme n’y est pas pour rien), mais les autres boivent plus et plus vite. Perdu dans ses souvenirs, François Clot évoque à demi-mots la complexité de certaines situations et sa voix se teinte d’émotion lorsque nous évoquons la disparition tragique d’Audrey Texier. Il peut bien être un policier aguerri, François Clot n’en est pas moins humain.
Sans regrets et « droit dans ses bottes »
Ceci pour reprendre une expression qui connaît actuellement son heure de gloire et résume très bien le tempérament exigeant de l’ex responsable de la police municipale. C’est que tout n’est pas toujours rose à l’interne non plus. N’oublions pas qu’un maire est patron de sa police municipale en tant qu’officier de police judiciaire et premier magistrat de la commune. Cela dit, le supérieur hiérarchique réel reste quand même le procureur de la République. François Clot a exercé sous la mandature de six maires. Et même si la mission de la police municipale est d’intérêt publique et non politique, personne n’est assez naïf pour penser que d’aucuns ne tentent pas de s’arroger des privilèges. Et puis, qui n’a pas essayé de faire sauter un PV sous prétexte qu’il avait un ami « bien placé » à la mairie ? Voilà un chant des sirènes que François Clot a toujours catégoriquement refusé d’entendre. Pour lui, c’est « pour tout le monde ou pour personne », une probité qui lui a quand même valu quelques déboires.
Mais tout ça c’est du passé ! François Clot ne regrette rien sauf peut-être d’avoir un peu malmené sa famille en exerçant ce métier contraignant : « ça ne s’arrête jamais et on peut être appelé à n’importe quelle heure. Et puis il y a des situations vraiment difficiles… ». Oui, on s’en doute, même avec une grande expérience et l’expertise du terrain, psychologiquement, ce ne doit pas être toujours simple. Mais l’ex-policier reste sur « l’enrichissement humain » que lui a valu sa longue carrière.
L’actualité
A Saint-Martin, la préoccupation majeure de la police municipale reste de sécuriser au maximum la population dans des contextes de plus en plus accidentogènes. En cause : l’individualisme et le manque de responsabilité individuelle. Et à la question « êtes-vous favorable à l’armement des policiers municipaux », François Clot répond OUI sans hésiter. Pourquoi ? « C’est une erreur grave de penser que les délinquants font la différence entre gendarme et police. S‘ils veulent tirer sur un uniforme, ils tirent et c’est tout ». De même François Clot soutient les récentes manifestations policières : « ils ont de plus en plus à faire et de moins en moins de moyens, notamment en termes d’équipement ! ». En gros, lorsque les policiers réclament des véhicules, si on leur donne ce sera au déficit d’autre chose et non en plus. Voitures ou gilet pare-balles ? Des restrictions qui paraissent par trop drastiques, tandis que par ailleurs d’autres secteurs du service public sont le théâtre de dépenses inconsidérées. Mais ça c’est une autre histoire.
Pour conclure, nous évoquons son planning de Président du Club de Badminton de l’Ile de Ré. Le club marche bien, trop bien même. Egalement membre du Comité directeur départemental, François Clot est investi à fond, fier du développement rétais de cette discipline en pleine évolution. Nous n’en dirons pas plus, cela nous fera une autre occasion de rencontrer ce jeune retraité, exclusivement sous sa casquette sportive cette fois !
Mise à jour du 19/01/2017
Droit de réponse – Patrice Déchelette
A la suite de la publication de notre portrait de François Clot dans Ré à la Hune N° 146, Patrice Déchelette, maire de Saint- Martin, a souhaité repréciser deux points.
« Je ne souhaite pas qu’on puisse penser qu’il y a des passe droits à la mairie de Saint-Martin, je n’ai jamais fait « sauter un PV » et de plus cela est devenu impossible avec les PV électroniques que nous avons depuis quatre ans à Saint-Martin. L’interview ne me met pas en cause, mais je préfère le préciser.
Concernant les moyens de la police municipale, les effectifs sont passés de deux personnes titulaires en 2008 à mon arrivée à quatre titulaires et il s’agit de l’un des services de la mairie les mieux dotés. La police municipale dispose de tous les équipements nécessaires en électronique, informatique, gilets pare-balle, automobiles et vélos, ce n’est pas chez nous « le fromage ou le dessert » même si l’interview évoque les moyens de la police au plan national je souhaite lever toute ambiguïté concernant Saint-Martin ».
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