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- Le Bois-Plage - Aménagement de la place Raymond Dupeux
Forum participatif ou réunion de commerçants ?
Jeudi 7 avril, Le Bois-Plage. La salle des Eridolles est pleine pour le second forum citoyen de la municipalité, maintes fois repoussé pour raisons sanitaires.
Le thème ? La place Raymond Dupeux dont on sait déjà que la municipalité souhaite la voir évoluer. Un lieu central à plus d’un titre : géographiquement, puisque la place fait lien entre les quartiers ‘terre et mer’ de la commune et économiquement, puisqu’elle accueille les deux marchés (couvert et extérieur en saison), sans oublier les manèges et Marché de Noël.
Incontournable donc cette place Raymond Dupeux, ayant déjà vu quelques changements l’année dernière avec l’apparition de « La Guinguette » et ses animations estivales.
Forum mode d’emploi
En introduction, M. le Maire explique à l’audience attentive les tenants et aboutissants de la démarche. « Préciser une vision globale, rechercher des orientations, échanger les intérêts et cadrer les limites », tels sont les objectifs. « Les élus sont élus par la population et il faut que tout le monde ait la même vision » explique Gérard Juin, ajoutant que « ce qui est important est de voir le bien de tous et pas seulement l’individuel ».
Sur la place Raymond Dupeux, il s’agit « de redonner une juste dimension à la voie, d’assurer une cohérence avec la voirie en amont et en aval et avec le futur du centre village », mais aussi « d’agrandir la place, de diversifier les activités, de sécuriser les cheminements et de déminéraliser l’aménagement de la départementale ».
Une « vision globale »
« On a repris l’historique de la place », poursuit M. le Maire, rappelant qu’autrefois il y avait un chemin puis une route allant vers la plage, et soulignant que ‘l’aménagement départemental du rond-point face au cimetière ne présente aucune possibilité réelle d’aménagement’.
Sur la cohérence de la place avec le centre village, « qu’est-ce-que vous voulez, vous ? », interroge clairement l’élu, « un fonctionnement trois mois par an ou toute l’année, comment voyez-vous cette place dans un, cinq et dix ans, quels sont vos besoins, vos craintes ? ».
La conversation citoyenne est lancée. Elle va prendre un tour inattendu.
La meilleure défense c’est l’attaque
Alors que Gérard Juin a précisé que, selon l’équipe municipale, « il faut faire en sorte que le marché fonctionne à l’année », y ajoutant un besoin de « renaturer cet espace », Laure Trichard, commerçante sous la halle et référente La Rochelle-Ile de Ré de la CCI prend la parole.
Se déclarant « blessée » par ce qu’elle « estime être de la provocation », la commerçante évoque les heures de travail chargées sur une longue période d’ouverture ajoutant qu’elle « craint de voir disparaître les manèges où je suis allée petite ». Une intervention assaisonnée d’un brin d’agressivité qui rompt tout net avec la volonté d’une réflexion collective au-dessus des intérêts particuliers.
Au fil d’autres interventions commerçantes, certes plus nuancées, les commentaires fusent ici et là, venant de Boitais qui, ayant fait l’effort de se déplacer, sont déçus (pour ne pas dire agacés) par la tournure que prend le débat. « Nous ne sommes pas venus assister à une réunion de commerçants », murmure ma voisine. Marquant leur désaccord, quelques personnes quittent la salle.
Monopolisation des débats
Gérard Juin aura beau expliquer « qu’il n’a jamais été question de supprimer les manèges ni de changer le périmètre du marché extérieur, ni de réduire le nombre de commerçants », rien n’y fait.
« Qu’y-a-t-il de mal à faire vivre le village toute l’année », interroge M. le Maire. « Que faites-vous pour faire venir des jeunes ? », lance un commerçant. « J’essaye de faire cinquante logements et je me fais démonter », répond Gérard Juin avec une familiarité qui ne lui ressemble pas, traduisant sans doute la déception de voir le débat ramené au seul marché, ses commerçants estimant avoir à défendre un territoire qui, rappelons-le quand même, appartient aussi aux habitants du village.
Et de fait quel intérêt y aurait-il à réduire ou à compromettre la réussite d’un marché qui contribue à l’attractivité du village et à la qualité de vie de ses habitants ? Que craignent donc les commerçants ? De perdre des privilèges (ceux de la Halle disposant d’un banc ne payent rien en basse saison), de voir des ‘concurrents’ arriver sous un format différent l’hiver, plus de bacs à arbres obligeant à bouger de quelques mètres, plus d’animations sur la place… ?
Si les esprits s’apaisent finalement lorsque sur le diaporama apparaît le plan d’une place Raymond Dupeux réaménagée en plusieurs espaces, l’impression demeure : noble idée, la démocratie participative a ses limites.
Rencontré trois jours plus tard au bureau de vote, Gérard Juin reconnaîtra sa frustration sur ce rendez-vous un peu manqué avec la population. « J’aurais dû présenter les choses autrement », estime-t-il, se réjouissant néanmoins que, dès le lendemain de la réunion, des Boitais soient venus lui faire des suggestions. Preuve malgré tout que les habitants ont bien l’intention de s’emparer du sujet.
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