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Flottille en Pertuis : les « quarantièmes rugissants »
Créée en 1984 par des passionnés de vieux gréements, l’association, qui compte sept bateaux monuments historiques dans le port de La Flotte, est aussi à l’origine de la création du Musée du Platin.
Que de noeuds marins parcourus pour l’association Flottille en Pertuis, qui fêtera le 6 avril prochain son quarantième anniversaire, au Musée du Platin. Il y a tout juste 40 ans, une bande de passionnés décidait « d’officialiser » sa passion pour les vieux gréements à travers une structure associative1. « Depuis 1981, nous organisions déjà, de façon informelle, des rassemblements autour de nos bateaux », se souvient Jean-Marie Chauvet d’Arcizas, président de l’association. En 1983, une exposition à La Rochelle, intitulée « Autour des bateaux traditionnels et de la vie maritime de nos pertuis » connaît un véritable engouement, de même que la présentation à flot et sous voile d’une yole des pertuis, la « Marie Thérèse », construite à Ars en Ré vers 1890. Le mot « Flottille » s’imposa naturellement, car l’association, née à La Flotteen- Ré, avait pour objectif d’organiser des rassemblements et de reconstituer une flottille de bateaux traditionnels. Quant aux « pertuis », ils sont indissociables de la géomorphologie de notre territoire, comme le serait un volcan pour un Auvergnat ou un marécage pour un Camarguais. Ainsi, Flottille en Pertuis s’imposa comme un regroupement de propriétaires de vieux gréements des pertuis charentais, soucieux de leur conservation et de leur valorisation, par l’organisation de régates autour de l’Île de Ré et sur tout le littoral atlantique.
Navires de subsistance
Il y avait surtout la volonté de rendre ses lettres de noblesse à un patrimoine local souvent oublié, parfois méprisé… « Tout le monde disait que les meilleurs bateaux, c’était les bateaux bretons, plus robustes. Les nôtres n’étaient pas fait pour affronter la mer, en dehors des pertuis », confie Jean-Marie Chauvet d’Arcizas. C’est justement la spécificité de ces voiliers, imaginés pour naviguer à l’abri des îles de Ré, Oléron ou Aix, qu’il s’agissait de mettre en lumière. Pour un touriste de passage, la seule trace « visible » de ce passé révolu réside dans les ports rétais. « Tout le monde a oublié que ces bateaux étaient un outil de travail et qu’ils étaient pendant longtemps le seul moyen de se déplacer et de se nourrir », rappelle le président de Flottille en Pertuis.
Témoins de l’interaction entre terre et mer grâce aux fleuves comme la Sèvre, la Charente et la Seudre, ces bateaux furent les vecteurs de la vie économique (pêche, ostréiculture, sel, vin etc) et des échanges avec de grands ports comme La Rochelle ou Rochefort.
Adaptés au territoire
Dans les fameux pertuis de Maumusson, Antioche ou Breton, les bateaux locaux sont avant tout adaptés à la géographie locale. « Ils doivent pouvoir s’échouer, remonter des rivières avec un faible tirant d’eau, porter des charges lourdes et bienentendu naviguer à la voile », résume Jean-Marie Chauvet d’Arcizas. Les plus modestes, les canots à misaine, était à la fois utilisés pour la pêche côtière mais servait également de « remorque ». « Ils étaient tirés par les pinasses et permettaient de transporter des marchandises ». Le sloop était un navire de pêche maniable et rapide, de 7 à 10 mètres de long, qui sera par la suite utilisé pour l’ostréiculture. Ces deux types de bateaux seront d’ailleurs remplacés, au XXème siècle, par les chalands ostréicoles en aluminium et à moteur, une évolution répondant avant tout à des raisons économiques. « Dans les années 30, un petit sloop permettait de faire vivre une famille élargie, des enfants aux grands-parents. Dans les années 80, il n’était même plus rentable pour une famille nucléaire », rappelle le président de Flottille en Pertuis. Quant au ketch, appelé également yawl, il permettait d’affronter l’océan et de partir plusieurs jours en mer.
Un Musée à terre
Construits par des chantiers navals locaux comme Angibaud à La Flotte, ces vieux gréements, dont certains sont classés monuments historiques (voir encadré), sont donc les derniers témoins de techniques de constructions, d’adaptation de l’homme à son milieu et du passé économique du territoire. « Nous sommes une association culturelle car ces bateaux ont littéralement façonné la société insulaire rétaise », confirme Jean-Marie Chauvet d’Arcizas. C’est dans cette esprit, et pour donner à l’association un ancrage à terre, que Flottille en Pertuis est à l’origine, en 1986, de la création de la Maison du Platin2. Lieu imaginé pour présenter les maquettes des bateaux et expliquer les spécificités techniques de ce patrimoine maritime, il est devenu au fil du temps une sorte de « musée de la société rétaise », témoin des grandes évolutions du territoire insulaire. « L’île de Ré, c’était encore le bout du Monde jusque dans les années 80. Le tourisme et l’arrivée du pont ont fait sauter une sorte de verrou psychologique : désormais, lorsque je suis malade, je sais que je peux être secouru », rappelle Jean- Marie Chauvet. C’est pour expliquer ces mutations ethnographiques, sociologiques et économiques que le Musée du Platin, outre l’exposition permanente, propose tous les 2 ans une grande exposition thématique, à l’image de « Loisirs en Ré » (lire pages 34 et 35).
Le 6 avril, c’est toute la famille de Flottille en Pertuis qui se retrouvera pour trinquer à la santé d’une association qui a acquis en 40 ans une notoriété nationale. Le 5 août prochain, le traditionnel rassemblement des vieux gréements, dans le cadre des Sites en Scène, sera l’occasion de célébrer ces « quarantièmes rugissants » en grandes pompes, au milieu du public… et des bateaux.
1) Parmi les membres fondateurs, il faut citer Jacques Bureau, Jean-Marie Chauvet d’Arcizas, Christian Perrain, Jean-Louis Boucher, Nicole Creac’h, Nemours Bonin, Patrick Ancel, Simon-Pierre Berthomes, Hubert Bonin, Jacques Péchereau.
2) Qui deviendra Musée du Platin par la suite.
7 bateaux classés ou inscrits aux monuments historiques
Sur les 16 bateaux traditionnels rattachés aujourd’hui au port de La Flotte, 7 sont classés ou inscrits aux monuments historiques. On peut citer notamment l’Amphitrite (1927), précieux témoin des sloops de pêche des pertuis ; Aurore (1926) qui servit à l’ostréiculture ou à la pêche ou le Laisses-les-Dire, sloop ostréicole de 1930. De l’estuaire de la Gironde à celui de la Sèvre niortaise, on compte environ 80 de ces bateaux des pertuis. Grâce à un budget d’équipement européen, des pontons réservés aux bateaux traditionnels ont été aménagés dans le port de La Flotte en 2001, permettant la mise en valeur de cette flottille.
Nouvelle saison, nouveau programme pour le Musée du Platin
Le Musée du Platin rouvrira ses portes le 8 avril pour les vacances de Pâques. A l’intérieur du musée, les visiteurs pourront profiter de la deuxième saison de l’exposition « Loisirs en Ré », d’un nouveau contenu audiovisuel (4 écrans) en appui de la visite ainsi que d’une boutique réorganisée. Les visites guidées « hors-les-murs » se poursuivront avec les trois visites qui font « l’ADN » du musée depuis plusieurs années : la visite guidée du village et de ses quartiers historiques, la visite de l’abbaye des Châteliers et la découverte de l’ostréiculture à travers la visite de l’exploitation de la famille Le Corre.
Deux autres visites guidées, plus ponctuelles, seront également au programme : la découverte à vélo des ports et fortifications du littoral, de port Chauvet (le premier port de La Flotte), au fort de la Prée en passant par l’abbaye des Châteliers et jusqu’au port actuel ; Une visite guidée du cimetière qui avait connu un grand succès lors des Journées du patrimoine. Simon-Pierre Berthomes racontera à travers les tombes l’histoire du village, des familles locales et des métiers d’autrefois.
Du côté des animations, deux sorties pour les familles sont prévues : la traditionnelle découverte de l’estran (pour les enfants à partir de 6 ans), et de sa biodiversité dans une démarche de sensibilisation à l’environnement, ainsi qu’une chasse au trésor dans les rues et venelles de La Flotte. Enfin, deux animations « jeune public » raviront les plus petits : l’atelier « coquillages de l’estran » (4 à 6 ans) qui permettra d’identifier les différents types de coquillages et de réaliser des moulages, et l’atelier « art du matelotage » (7 à 11 ans) qui fera découvrir aux enfants les différents noeuds marins et leurs fonctions.
Le 21 avril, se tiendra tout le long du cours Félix-Faure la brocante/vide-greniers. La maison du Platin y tiendra un stand pour présenter ses activités ainsi qu’une boutique délocalisée pour l’occasion.
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