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Florent Roger, une vision d’avant-garde
Spécialiste de la fonction visuelle, ce Rivedousais collabore avec le staff du Stade Rochelais afin d’améliorer les performances des joueurs. L’occasion de découvrir l’orthoptie, un métier en pleine mutation.
Dans la famille des professionnels de la vue, l’orthoptiste n’est pas le plus connu. Pourtant, il joue un rôle charnière entre l’ophtalmologue et l’opticien (voir encadré). Pour Florent Roger, Rivedousais de 38 ans, l’orthoptie est plus qu’un métier, c’est une passion. Originaire du Loir-et-Cher, il suit toute sa scolarité à Blois jusqu’à l’obtention d’un bac S en juin 2002. Après s’être inscrit en fac de psychologie à la rentrée de septembre, le hasard le conduit aux journées portes ouvertes de la fac de médecine. « Il y avait un stand de présentation du service d’orthoptie de l’hôpital, avec la possibilité de passer une demi-journée de découverte du métier », explique Florent Roger. Mal connue du grand public, l’orthoptie est loin d’être étrangère au jeune homme : suite à un strabisme, il fut pris en charge, dès l’âge d’1 an, par le service d’ophtalmologie (et d’orthoptie) du CHU de Nantes1. Du rôle de patient, Florent décide de découvrir l’envers du décor et s’inscrit au concours d’entrée à l’école d’orthoptie de Tours. « J’ai passé cet examen sans pression. En cas d’échec, la fac de psycho m’attendait ».
Salle de réalité virtuelle
Il réussit l’examen et obtient, trois ans plus tard, son certificat de capacité d’orthoptiste. A 21 ans, il est embauché au CHU de Poitiers où il découvre, pendant six ans, les différentes facettes de son métier. « Après cette riche expérience, j’avais le sentiment d’avoir fait le tour de l’hôpital. Je passais de plus en plus de temps à l’administratif, de moins en moins au soin », confie Florent. C’est un autre néo-Rétais, résident du Bois-Plage, qui va le convaincre de le rejoindre à La Rochelle. Le docteur Benoît Briat, ophtalmologiste à la Clinique de l’Atlantique, cherche en effet un orthoptiste dans le cadre de l’ouverture en 2011 du Visiopôle de Lagord2. « C’était un projet vraiment intéressant. Je me suis installé fin 2011 à La Rochelle pour participer à cette aventure ». Après six ans aux côtés du docteur Briat, Florent Roger souhaite donner un nouveau souffle à sa carrière.
Toujours en quête de perfectionnement, Florent Roger veut dépoussiérer le métier – trop souvent réduit à « une kiné des yeux » – par une approche transdisciplinaire. Dans un « monde devenu de plus en plus visuel », il est convaincu que l’avenir de son métier passe par les dernières avancées en matière de neurosciences et de nouvelles technologies. Il s’intéresse notamment aux troubles de l’apprentissage chez l’enfant en lien avec la vision (prise en charge neurovisuelle) ou au lien entre équilibre et vision (visio-vestibulaire). Pour mener à bien son projet, il décide d’ouvrir en 2018 son propre cabinet à La Rochelle. Pour la rééducation des yeux, finis les exercices de repérage d’objets ou de points noirs sur une feuille. Il aménage une salle de réalité virtuelle « MoveR », une technologie innovante3 en matière de thérapie immersive de rééducation visuelle. Le patient est immergé dans une cage de gardien de but, et a pour consigne d’arrêter les ballons uniquement d’une certaine couleur. Dans une autre expérience 3D, le patient est sur Mars, et il s’agit d’éviter des météorites et d’attraper uniquement les planètes. Sur son moniteur, Florent « lance » les objets ou joue sur les paramètres cinétiques en fonction de l’effet recherché. Rééduquer les yeux de façon ludique, il fallait y penser. Les enfants adorent, et les résultats – notamment dans le cadre des troubles de l’apprentissage et de la lecture – sont extrêmement prometteurs.
Vision périphérique du rugbyman En 2021, il propose ses services au Stade Rochelais, convaincu que le travail sur la vision est susceptible d’améliorer les performances des joueurs de haut niveau. « L’outil de travail du sportif, c’est le muscle. Les préparations physiques sont tellement pointues que les marges de progression sont de plus en plus étroites, explique Florent Roger. Par contre, il y a des pistes d’amélioration, notamment au niveau de la vision ». Aux Etats-Unis, les sportifs ont déjà recours depuis plusieurs années à des optométristes4, afin de mieux « lire » les trajectoires en tennis, hockey ou basket. En France, le club du FC Nantes fait appel à des orthoptistes pour le travail spécifique du gardien de but. Quant au club de rugby de l’ASM Clermont, il s’est adjoint depuis plusieurs années les services de Romain Bordas, qui travaille avec les joueurs l’optimisation de la vision. Dans l’Ovalie, il s’agit surtout de travailler la vision périphérique, si importante dans un sport où les passes se font vers l’arrière. La vision joue également un rôle important dans la prévention de certaines blessures musculaires, mais aussi des commotions cérébrales, grâce à l’anticipation de certains plaquages. Le Stade Rochelais confie ainsi ses joueurs Espoirs à Florent Roger afin de tester leurs capacités visuelles. Le même type de collaboration existe aussi avec les joueurs de basket professionnels du Stade (Pro B). En début d’année, il a commencé à donner des cours aux étudiants de l’école d’orthoptie de Limoges et vient de présenter le résultat de MoveR au Congrès du Syndicat national d’orthoptie, à Paris.
1) Sous l’impulsion du professeur Quéré dans les années 80, l’hôpital de Nantes fait figure de référence européenne dans la prise en charge du strabisme.
2) L’ouverture du Visiopôle, retardée, aura lieu finalement en juin 2012.
3) Outil conçu par la société Scale-1 Portal. Florent Roger participe au développement du programme en tant qu’expert-métier.
4) L’opticien(ne)-optométriste est un spécialiste de la vision (bac +5). Il analyse la fonction visuelle, formule, conçoit, réalise, adapte et contrôle tout équipement optique destiné à compenser les anomalies de la vision.
L’orthoptie élargit son champ de vision
L’ophtalmologue est un médecin (parcours complet de médecine générale de 7 ans avec une spécialisation de 5 ans), spécialiste de de la santé des yeux (examens de l’acuité visuelle, chirurgie de l’oeil etc). L’opticien, titulaire d’un BTS Opticien-Lunetier, est spécialisé dans la préparation et la vente des équipements visuels (verres correcteurs, lentilles de contact). Sur prescription médicale d’un médecin (généraliste, ORL, pédiatre…), l’orthoptiste pratique la rééducation des troubles de la vision. Il reçoit notamment des enfants et des patients atteints de basse vision. Si on le nomme couramment « kiné des yeux », c’est qu’il fait travailler les muscles impliqués dans le mouvement des globes oculaires. En premier lieu, l’orthoptiste effectue un bilan à l’aide d’un ensemble de tests en cabinet. Une fois le diagnostic établi, il propose une rééducation à base d’exercices oculaires. Ce traitement permet, entre autres, de réduire un strabisme ou d’améliorer un trouble de la vue après un traumatisme, une maladie ou un accident. Suite à un décret d’avril 2020, les orthoptistes peuvent pratiquer un examen de la vue. Et depuis 2023, ils sont habilités à effectuer un bilan visuel sans ordonnance préalable en accès direct et proposer la prescription d’une correction optique sous certaines conditions : uniquement pour les patients de 16 à 42 ans, sans antécédents graves et pour les « petites » corrections.
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