- Social
- Solidarité
- Risques
Feux de forêt, des conséquences potentiellement dramatiques
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », lançait Jacques Chirac en 2002 à Johannesburg. La formule pourrait en partie être transposée à l’île de Ré, en 2021. Quels sont les enjeux pour notre territoire et quelles solutions sont à envisager ? Éléments de réponse avec le Lieutenant-colonel Pascal Couzinier, Chef du pôle territorial Ouest au sein du SDIS 17*
Ré à la Hune : Quelles sont les évolutions notables de ces dernières années en terme de feux de forêt sur l’île de Ré ?
Lieutenant-colonel : L’île de Ré s’étend sur 7 920 hectares dont 1 540 correspondant à de la surface boisée (soit environ 19%). L’ensemble des dix communes est aujourd’hui concerné par l’aléa feux de forêt, même si Loix n’est pas considéré comme massif à risque. On compte cinq massifs principaux : Massif Sud, Bois Henri IV, Forêt des Combes à l’eau, Forêt du Lizay et Bois de Trousse Chemise. L’île de Ré est peu concernée par les feux de forêts : un à deux par an depuis quatre ans. Le total des feux de végétaux (feux de forêt, feux de cultures, feux de haies et Landes) représente environ une dizaine d’interventions par an. Il n’y a donc pas d’augmentation significative de ce type d’interventions.
Quels sont les enjeux et les risques pour l’île ?
Les enjeux correspondent à l’ensemble des personnes, des biens, du patrimoine, des réseaux et des activités concernés par les aléas identifiés sur chaque commune. Le recensement des enjeux a conduit à identifier plusieurs catégories de zones qui peuvent être impactées par le risque feux de forêt : les zones naturelles et agricoles, les zones ostréicoles, les zones de tourisme, de loisirs et de sports, les zones à vocations économiques et industrielles et enfin les zones urbanisées. Les enjeux sont donc essentiellement les personnes et les biens, du fait en particulier de la présence de nombreux touristes durant la saison estivale, l’existence de nombreux terrains de camping, de colonies de vacances et de villas dans les zones boisées.
Les zones périphériques des massifs constituent des secteurs dans lesquels des incendies peuvent éclore et venir se propager aux massifs. Les particularités du secteur rétais résident dans le morcellement des parcelles foncières (terrains privés, Conservatoire du Littoral, Département, ONF, et donc d’une difficulté de gestion de l’entretien des massifs et de coordination des actions) mais aussi dans le risque généré par le camping sur parcelles privées. L’occupation de certains terrains à usage privé est en effet de nature à favoriser l’éclosion d’un feu (cigarette, barbecue…).
Quelles précautions faut-il prendre ?
La sécurité est l’affaire de tous. Les collectivités, la population insulaire, les personnes en vacances doivent être conscientes que le risque feux de forêt est bien présent sur le secteur et est susceptible d’avoir des conséquences dramatiques. Des mesures de prévention ont été engagées au niveau départemental et consistent en plusieurs actions : la connaissance du risque, la surveillance et la prévision des phénomènes (indice de risque météo, caméra de surveillance), le principe d’interdiction des feux en forêt, l’aménagement des zones forestières (piste et points d’eau pour les pompiers), le débroussaillement réglementaire et l’adaptation des règles d’urbanisme. Il faut aussi souligner l’importance du rôle pédagogique des municipalités pour sensibiliser la population au risque : interdiction des feux de camp, des écobuages sauvages, des barbecues en zone boisée et de toutes les activités susceptibles de générer un risque d’éclosion de feu.
Quelles solutions globales seraient à envisager ?
Les solutions tiennent à la poursuite du plan d’action global définit dans le PDPFCI 2018-2027 (Plan départemental de protection des forêts contre l’incendie) : il s’agit d’actions à la fois réglementaires, techniques et de communication. Par exemple, l’adaptation de projets sur certaines zones identifiées à risque : emploi de matériaux résistants aux feu, mise en place ou amélioration des moyens de défendabilité (pistes d’accès de secours, poteaux incendie, réserves d’eau dans les massifs… etc.), respect des mesures de débroussaillement. Des actions locales de sensibilisation de la population sont également à privilégier : élaboration de plaquettes d’informations, de panneaux d’interdiction de certaines activités ou encore organisation de réunions publiques à l’initiative des élus rétais. Le SDIS 17 travaille par ailleurs sur l’étude de défendabilité des différents massifs de l’île de Ré. Des échanges avec la CdC (Communauté de communes de l’île de Ré) et l’ONF ont permis d’identifier des axes d’amélioration afin d’améliorer cette défendabilité. L’identification des pistes d’accès des secours, les modalités d’organisation de leur entretien et le recensement des points d’eau utilisables sont en cours, notamment sur le massif sud, qui est à ce jour le plus problématique pour nous. Les pompiers travaillent sur un document opérationnel appelé « POFF » qui leur permet d’optimiser leur action en cas de survenance d’un feu de forêt sur l’île. Enfin, rappelons que l’arrêté préfectoral réglementant l’usage du feu interdit les feux y compris les feux de loisirs.
* Service départemental d’incendie et de secours de la Charente-Maritime.
Lire aussi
-
Social
Un bateau pour Ré : ça tangue
C’est devant un parterre d’élus locaux et de membres de l’association « Un bateau pour Ré » que s’est tenue mardi 5 novembre l’Assemblée Générale annuelle, Salle Vauban à Saint-Martin-de-Ré.
-
Social
Les Petits Drôles : une nouvelle directrice pour la rentrée
La crèche associative à gestion parentale de Sainte-Marie de Ré accueillait à la rentrée sa nouvelle directrice, Aurore Thibaut. Une présentation officielle a été faite aux élus mi-octobre, dans une volonté de communication transparente avec les partenaires de cette crèche historique sur le territoire rétais, fondée en 1987.
-
Social
Réunion publique sur le logement permanent
Je souhaite réagir à cet article