- Patrimoine
- Histoire
Fêtes d’Antan dans l’île
Nombreuses dans l’île de Ré au Moyen Age et particulièrement vivaces dans le nord de l’île, les fêtes populaires ont laissé des traces aux temps modernes.
A l’occasion du Mardi gras, dernier jour avant la période du Carême, où l’on faisait pénitence pendant 41 jours et s’abstenait de manger gras, on élisait en Poitou- Charentes, le « Roi de la jeunesse » ainsi que sa cour pour une année entière. Durant cette période, le roi et ses disciples portaient des vêtements spécifiques habituellement réservés à la noblesse. Cette royauté temporaire donnait accès à certains droits et avantages, entre autres, le roi traitait directement avec le seigneur des affaires concernant les jeunes. On retrouve dans cette manière d’agir les prémices de ce que l’on découvrira lors des fêtes de Carnaval. Aucun texte n’existe à ce sujet dans l’île à part le journal du notaire Nicolas Herpin, qui décrit la « cérémonie de la royauté du jeu de l’arquebuse » tenue à Saint-Martin le 15 juillet 1601. Jacques Boucard dans sa publication « La vie quotidienne sur Ré à la fin du XVIe siècle au travers du journal de Nicolas Herpin » (1) estime que cette fête n’est pas nouvelle mais qu’elle a dû être interrompue à cause des guerres de Religion et que l’on assiste là à son renouveau. Elle attira beaucoup de monde car elle comportait des tirs d’arquebuse et le notaire estime à environ 600 les personnes venues de La Rochelle et de « la grande terre » (le continent). Herpin mentionne également cette fête l’année suivante, le 23 juin 1602, indiquant que ce fut aussi une très belle fête, avec Isaac Coutent comme roi élu (le même que l’année précédent) et que beaucoup de monde vint encore de La Rochelle. Malheureusement un accident endeuilla les réjouissances « un des chevaliers ayant rompu la baguette de son arquebuse dans le canon, en tirant le coup, il a tué un homme et en a blessé d’autres, ce qui a beaucoup attristé le roi et son royaume. » (1)
Un rite d’initiation
Dans le Centre-Ouest, cette « cérémonie de la royauté du jeu de l’arquebuse » portait le nom de bachellerie et ses participants de bacheliers. Ce terme, si l’on en croit Herpin, ne semble pas avoir été utilisé sur l’île. Il s’agissait généralement d’une institution masculine dans laquelle on entrait aux environs de13 ans. La sortie était liée au mariage ou à la naissance du premier enfant qui signifiait la rupture avec le groupe de jeunesse et s’accompagnait le plus souvent d’une redevance du seigneur. La fête de la royauté du jeu de l’arquebuse comportait de multiples signes de compétition et d’adresse, comme ici l’arquebuse. On peut imaginer qu’il s’agissait d’une forme de distraction de la jeunesse, mais c’était « avant tout un rite d’initiation pour les jeunes gens et un rite de passage pour les nouveaux mariés, structurant la société par classe d’âge ».(1)
Les manifestations de Mardi gras dans l’île
Après la Révolution, on ne trouve plus trace de ces cérémonies. En revanche, Mardi Gras dont les réjouissances durent une semaine avec une reine élue pour la durée des festivités, s’installe. Durant ce laps de temps la jeunesse avait le droit de faire toutes les bêtises qui lui passaient par la tête. Il n’était pas rare de voir des cheminées obstruées et des maisons enfumées, ou bien des volets décrochés et emmenés loin de leur lieu d’origine. Ces journées étaient souvent alcoolisées, ceci expliquant cela ! Mardi gras se terminait par une grande fête au cours de laquelle tous les interdits étaient transgressés et les déguisements abolissaient les barrières sociales. Des défilés de chars avaient lieu. Leur décoration réalisée à l’avance occupait les soirées d’hiver dans les villages. Les thèmes choisis n’étaient pas anodins et se référaient souvent à l’organisation sociale du village, jouant parfois les redresseurs de torts pour faire rentrer dans le droit chemin ceux qui s’en étaient écartés. Filles engrossées, conjoints adultères se trouvaient ainsi cloués au pilori et obligés de réparer leurs fautes.
Puis à partir de 1870, les fêtes de Carnaval et du Mardi gras vont perdre de leur importance. En particulier dans le sud de l’île, mais il existait toujours un char de Sainte-Marie/La Noue dans le défilé de la Grande cavalcade de La Rochelle. Cette tradition va cependant rester tenace dans le nord de l’île, à Ars en particulier, où elle est ancrée dans l’histoire du village ainsi qu’à Saint-Clément. Daniel Massé se souvient encore des joyeuses fêtes que ses parents, les propriétaires du restaurant La Chat Botté, animaient à Saint-Clément au moment de Mardi gras. C’était une occasion pour tout le village de festoyer et de s’amuser au bal costumé et masqué qui pouvait attirer jusqu’à 400 personnes et parfois plus.
1) Communication de Jacques Boucard parue dans Les archives historiques de la Saintonge et L’Aunis (tome LXVII) en juin 2017.
Lire aussi
-
Patrimoine
La Redoute de Sablanceaux sélectionnée
Le projet de restauration et valorisation patrimoniales de La Redoute de Sablanceaux, cher au coeur de la municipalité de Rivedoux-Plage, sera soutenu financièrement par le Loto du Patrimoine. Le montant alloué sera annoncé en fin d’année.
-
Loisirs
Journée du Patrimoine
Les 21 et 22 septembre 2024 ont lieu les journées européennes du patrimoine. En complément de notre article paru dans Ré à la Hune 287 (www.realahune.fr/des-journees-du-patrimoine-terre-et-mer/), voici quelques idées d’animations...
-
Environnement & Patrimoine
Des Journées du Patrimoine terre et mer
Elles sont à la rentrée ce que le cartable est à l’écolier. Les Journées européennes du Patrimoine reviennent les 20, 21 et 22 septembre.
Je souhaite réagir à cet article