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Festival d’Arts actuels 2018 : de la puissance des symboles

Si l’on croit un tant soit peu aux signes, il en est un hautement symbolique qui aura présidé ce Festival d’Arts actuels 2018. C’était sa 7ème édition…
Sept jours de la semaine, sept couleurs de l’arc en ciel… La déclinaison est vaste et universelle pour ce chiffre considéré comme particulier depuis des temps immémoriaux. Symbole de vie éternelle chez les égyptiens, marquant la fin d’un cycle et la perspective d’un renouveau, le sept aurait un pouvoir, celui d’exprimer le mouvement dans sa globalité, le dynamisme total. Sacré, magique, la symbolique du 7 prend ici du sens. Plusieurs même à y regarder de près.
Vie éternelle, pour Chantal Gousseau aujourd’hui disparue, qui a laissé des traces indélébiles dans le coeur de ses proches et amis, mais aussi dans la personnalité d’un Festival dont elle a été l’une des principales initiatrices, et dans ses toiles exprimant si intensément la vie.
Mouvement, pour un Festival qui sort non seulement des murs de Saint-Martin pour aller jusqu’au Phare des Baleines mais jette aussi un pont (un autre) entre l’île de Ré et celle d’Oléron où il est présenté pour la première fois.
Dynamisme, dans son thème, l’impertinence, qui ne rime pas ici avec « non pertinence » mais plutôt avec insolence, celle créatrice d’un élan vital osant bousculer les idées convenues et ouvrir les cages. Achèvement, renouveau, vie, mort, vie… C’est aussi le propre de l’Art de constamment se réinventer.
Au musée et dans les jardins
En entrant dans la cour, l’impression est saisissante sur l’aile droite de Clerjotte dont Olivier Rocheau dit lui-même avoir vu dans les huit alcôves du balcon (autre nombre symbolique) « des sortes ‘d’écrans anachroniques’ traversant les siècles et s’ouvrant aux époques et au dialogue entre ces mondes ». Magie de l’inspiration pure, l’artiste a pu exprimer cette distorsion du temps…

Peu de discours, être là suffit
C’est ici dans cette cour qu’ont lieu les traditionnelles prises de parole des acteurs du Festival : le maire de Saint-Martin Patrice Déchelette, Catherine Métais bien sûr mais aussi Michel Parent, maire du Château d’Oléron, qui ne cache pas son plaisir d’être là non en tant qu’invité mais en participant actif. Quelques mots encore sur Chantal Gousseau, le thème choisi, les artistes, et il est temps d’aller les découvrir et de déguster le non moins traditionnel verre de l’amitié.

L’impertinence en liberté
Dispersée dans les jardins du musée, l’assistance a tout loisir de flâner entre des oeuvres surprenantes par leur diversité. L’impertinence a décidément de nombreux visages et il est impossible ici de les citer tous. La voilà au coeur de l’Abstraction de Catherine Métais ou Valérie Lallican, inscrite dans les livres de Sylvain Lecrivain où souris et rats ont fait de volumes vénérables leur demeure ou leur cercueil, fraîche et pure chez cette enfant aux bras tendus de Chantal Gousseau. Dans l’ombre des jardins, elle est araignée monumentale, devient ludique en « poule dingue et impertinente » de Lucy Schlumberger, s’attaque aux symboles à travers une statue démembrée de Jean-Charles Dotigny, explose avec force la cage d’Arno Raposo pour rejoindre le ciel, avant de redescendre au plus profond de la terre et devenir source de vie dans les mains des « Semeurs de Graine ».
Folie, démesure, humour noir, poésie, provocation, espérance… L’impertinence a fait souffler un vent de liberté sur un Festival décidément imprégné de magie, celle de l’Art en ces lieux.
Pauline Leriche Rouard
Le festival des arts actuels a pris ses quartiers au Phare des Baleines
Dans les jardins du phare, les artistes ont puisé à même les matières, le papier, le bois, le bronze, l’inox et la terre, cuite ou crue, pour réveiller l’oeil des visiteurs.
L’impertinence est une seconde nature chez Catherine Métais, présidente de l’association M’L’Art et artiste plasticienne. Sur la pelouse, sa brouette trône sur un tapis rouge. Pleine de bonne terre où sont fiché six roseaux d’un mètre, elle attend un courageux qui retroussera ses manches de chemise. Il faut six mettre, clame-telle, et l’on sait que rien n’est plus urgent aujourd’hui que d’aller planter ses choux (à bon entendeur…).

Le collectif M’L’Art force le remue-méninge et ça fait du bien !
Jean d’Hau, peintre et sculpteur venu de Niort, a choisi de montrer deux bronzes, un oiseau au bec doré et Mikael Jackson. Avec cet improbable duo, l’artiste a-t-il voulu résumer les apports et les déprédations du XXe siècle ? Jean d’Hau voyage à travers la planète, il a exposé cette année à la biennale de Dakar (Sénégal) et aux États-Unis, il nous reviendra prochainement lors d’une exposition programmée à Rivedoux.
Source de vie, une gigantesque terre cuite (400 cm x 600 cm) d’Alain Denis, sculpteur autodidacte, force l’admiration. Une femme épanouie, aux formes si généreuses, accroupie pour ramasser sa cruche nous remémore que sans la précieuse eau, la vie n’existe pas.
Michel Veysset-Pfohl a parsemé les pelouses de sculptures en acier inoxydable. L’inox poli et étincelant de Carla ou de Chat perché, traduit les formes les plus variées, de la suggestion au réalisme. À quelques mètres de là, deux Nanarchistes se bidonnaient sur la pelouse. Les shaddocks en papier mâché, oeuvre de de Lucie Schlum, étaient sans aucun doute à l’écoute de la Chorale du dentiste, de Jean-Jacques Régaudie, qui, lui, sait manier l’humour.
Cette 7ème édition du festival d’arts actuels a confirmé, s’il en était encore besoin, par sa qualité et son esprit d’ouverture, sa raison d’être.
Véronique Hugerot
À la salle des Colonnes, chambouler les dogmes et les concepts artistiques
L’impertinence, dans la haute salle de l’ancien hôpital, se trouvait sans contexte dans l’audace de la juxtaposition des matières.
Les cinq carrés de mousse polyuréthane, comprimés dans leurs cadres de plexiglas de Véronique Selleret, plasticienne, dérangent autant qu’ils interrogent, sommes-nous compressés, nous aussi ?
Dans S-Cape, série de toiles de Gerda Jacob, le paysage marin, tout en teintes de gris, associe sans vergogne la peinture aux strates de pierres alors que Michelle Pautonnier a recours aux cageots, aux semis de plantes et à la photographie. Dans son installation, Silence ça pousse, elle préfère focaliser sur la tige, minuscule mais bien vivante, d’un coquelicot en fleur qui émerge du bitume « envers et contre tout ».
Pour Laure de Cugnac, l’impertinence tend à remettre la religion à sa place, « La religion, pas la spiritualité » précise-t-elle, son Christ Allons enfants de la patrie, armé de deux énormes fusils d’assaut et muni d’un remontoir dénonce clairement les dérives de l’endoctrinement.
On retrouve également cette diversité de matières dans l’oeuvre de l’oeuvre de Michel Guillerme, Olga et Vassiliev sont un couple de statuettes en bois, fourrure et miroir, et Queen Mary III en rade du Havre, est fait d’un panier de raphia, de bouts de chiffon et d’objets divers, comme un pied de nez au géant des mers.
C’est dans la Torsion, que la peintre, Anne Meunier, exprime ses tiraillements. Ses sublimes serpents pastel contiennent en eux tout ce qu’il y a d’antagonisme en l’homme. Mais avec Lollipop, Caroline Secq affiche sur la toile, tubes de caoutchouc, plastiques et autres déchets et plante ouvertement le décor de l’anthropocène dont nous sommes à la fois victimes et créateurs.
Dans la salle des Colonnes, la tendance était à la prise de conscience. La mission des artistes n’est-elle pas de nous ouvrir les yeux ?
Véronique Hugerot

Laure de Cugnac : Allons enfant de la patrie
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