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Une femme d’exception
La vie de Jacqueline Mercier épouse Gendre, s’est construite autour de trois grands pôles : sa famille, l’hôtel-restaurant le Richelieu et la mairie de La Flotte. Retour sur le parcours d’une femme d’exception.
Née dans une famille d’ostréiculteurs de la Flotte, où tout le monde met la main à la pâte, Jacqueline Mercier a travaillé tôt et dur dans les parcs à huîtres. C’est là qu’elle côtoiera des femmes dont le bon sens et la gaieté la marqueront à jamais. À l’époque, elle passe beaucoup de temps chez sa grand-mère maternelle auprès de qui elle trouve l’affection que sa mère ne lui accorde qu’insuffisamment. Or Jacqueline a besoin d’être aimée. Chez les estivants à qui ses grands parents louent les premiers meublés, elle se plonge dans la lecture des magazines qu’ils abandonnent derrière eux, admirant les stars de l’époque, la mode parisienne et forgeant déjà son goût. De manière plus prosaïque, elle aide à la vigne qui, lors des vendanges, passe avant la rentrée des classes. Jacqueline n’ira d’ailleurs pas plus loin que le certificat d’études. Sa formation, elle la fera ailleurs.
Le Richelieu, une école de la vie
Jeune, jolie comme un coeur, d’un tempérament très vivant et joyeux – elle adore danser -, elle séduit Léon Gendre qui l’épouse. Tous deux gros travailleurs exploitent des parcs à huîtres et des vignes jusqu’en 1962, date à laquelle, le jeune couple rassemble ses économies qu’il complète avec un emprunt et achète un terrain sur lequel ils feront construire un hôtel de 14 chambres : Le Richelieu. Jacqueline ne connaît rien à l’hôtellerie pas plus qu’à la restauration. Au Richelieu, elle aura la responsabilité de l’accueil des clients et du service en salle. Grâce à une rapide formation à La Rochelle , elle comblera certaines lacunes, mais se sent ignorante et vulnérable. Par contre, et c’est là que l’on voit poindre la formidable personnalité de cette toute jeune femme, elle est prête à abattre un énorme travail, mais veut la première place, qu’elle atteindra seule et à la force du poignet. Face à cette vue imprenable sur la baie de La Flotte, qu’elle peut encore admirer aujourd’hui depuis chez elle, Jacqueline va se construire, apprendre à désamorcer les conflits. « Le client est roi, » dit elle « il a toujours raison, alors pourquoi discuter ? » Elle apprendra beaucoup dans tous les domaines et en particulier sur le plan humain, avec à nouveau autour d’elle une équipe de femmes formidables. « Les femmes m’ont faite » a-t-elle coutume de dire.
Jacquel ine et Léon Gendre travaillent tous deux énormément. Ils ont de l’ambition pour leur hôtel-restaurant dont ils tripleront la capacité d’accueil en 1968, puis lui adjoindront une piscine. L’île ne possède alors pas d’autre établissement haut de gamme et c’est au Richelieu que descendent les ministres, écrivains et stars de l’époque. Jacqueline est prête à les recevoir. Elle s’est forgé, avec le perfectionnisme qu’on lui connaît, un physique, un look et une culture à la hauteur de la situation. Son goût des belles choses s’exprime dans la décoration des lieux et dans les vêtements qu’elle porte et qu’elle achète le plus souvent à Paris. Elle lit autant qu’elle le peut, s’intéresse à la vie politique et peut soutenir n’importe quelle conversation avec ses clients. En ces temps là, ceux-ci restaient trois semaines, voire un mois. Ils revenaient régulièrement et certains deviendront des amis. Ce n’est pas la vie dont elle rêvait et elle a des moments de révolte. Elle se dit alors « Jacqueline, si tu lâches, tout ce que tu as déjà accompli sera perdu » et bien sûr elle ne lâche pas. Elle construit sa vie seule car dans ce métier exigeant, il y a peu de place pour l’intimité d’un couple et Léon Gendre s’intéresse déjà la mairie de La Flotte. C’est tout dire !
La mairie de La Flotte
En 1977, Léon Gendre devient maire de La Flotte. Jacqueline va devoir travailler de plus en plus seule au Richelieu et intégrer dans son couple un nouveau partenaire : la mairie. Curieusement, elle va adorer s’occuper des campagnes électorales. Elle connaît le terrain rétais comme peu de personnes – et l’on sait qu’une femme a toujours plus le sens des réalités qu’un homme – , elle a grandi et laissé s’épanouir toutes ses qualités d’organisation. N’oublions pas qu’à l’époque, en période estivale, le Richelieu employait plus d’une centaine de personnes et pour faire tourner sans heurt une telle structure, il fallait du doigté et un sens aigu de l’organisation. Son parcours au Richelieu, n’a fait que conforter ce qu’elle possédait déjà sans le savoir : un sens politique et une grande capacité d’écoute. Elle sera un atout majeur pour son époux qu’elle ne voit pratiquement plus tant il est absorbé par ses responsabilités. Cette époque parachèvera le personnage qu’elle a contribué à créer d’une Madame Gendre incontournable pour qui tous ont de la considération et du respect.
Elle a été tellement occupée qu’elle n’a pas vu passer sa vie et lorsqu’elle s’est brutalement arrêtée en 1998, à la suite d’une chute, elle a traversé des moments difficiles. Grand-mère, elle l’est devenue à temps plein à la suite du divorce de son fils Richard et s’est totalement occupée de ses petits-enfants durant cinq ans. Mais elle a décidé de donner une chance à la petite fille rieuse qu’elle porte en elle depuis toujours et que peu de gens connaissent. Désormais, elle veut vivre bien, agréablement et qu’on la laisse jouer aux cartes, ce qu’elle adore, et pratiquer son yoga qui l’emmène vers une nouvelle aventure, celle de la spiritualité.
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