Une femme aux semelles de vent
La mer a toujours été l’axe central de la vie de cette Bretonne, dont la famille est originaire de Ploubazlanec dans les Côtes d’Armor. Enfant, son univers a été forgé par les récits entendus à la maison, évoquant les voyages des marins bretons ou ceux des membres de sa famille comme ce grand oncle naufragé au Cap Horn.
À 18 ans, Annik vide son livret de Caisse d’Épargne pour s’acheter un bateau, La Méduse, comme d’autres acquièrent leur première voiture. Elle se balade un peu partout le long de la côte et les soirs de surprise partie à l’île de Bréhat, s’y rend en bateau. Ses études terminées et après un séjour parisien, où elle se frotte au journalisme, cette passion pour la mer la conduira à Cassis, au bord de la Méditerranée. Elle travaille alors au magazine Plongées et dès qu’elle le peut part explorer les côtes d’Afrique du Nord. Cependant, elle décide de ne pas s’éterniser en Méditerranée et traverse l’Atlantique en direction des Antilles, à bord d’un bateau en bois sans radio. Au-delà de la bonne condition physique et psychologique que ce genre d’expérience nécessite, l’aventure lui apportera une maturité qui reste l’une des principales caractéristiques de sa personnalité. Aux Antilles, elle vit de petits boulots, fait du charter, de la voilerie, toutes occupations qui restent proches de la navigation et lui laissent une grande liberté. Quand elle estime que le moment est venu de rentrer en métropole, elle choisit de s’installer à La Rochelle où elle participe au journal de la première radio libre.
L’aventure des librairies maritimes
En 1985, le Centre de la Mer est créé à Rochefort et Annik trouve le moyen de se faire recruter à la cafète. Elle aime l’endroit, apprécie la beauté du bâtiment et s’y sent bien. Elle discute avec les visiteurs, répond à leurs questions, évalue leurs attentes et se met à vendre des cartes postales dès la fin du premier mois de présence. Puis très vite, ce seront les livres. Sa formation, son expérience de navigatrice, ses voyages l’aideront à sélectionner des ouvrages dédiés à la culture maritime et à l’histoire. La librairie maritime de la Corderie Royale était née. De 1985 à 1990, elle va la développer avec l’appui de la direction qui s’intéresse à ce qu’elle fait. Des animations se greffent sur le lieu, des festivals sont organisés.
Oceanopolis, centre de culture scientifique de la mer, ouvre ses portes en 1990. Annik postule. Elle est recrutée et retrouve sa Bretagne natale, particulièrement pluvieuse à Brest. On se souvient de la chanson de Barbara… Une fois de plus le lieu est magnifique. Jacques Rougerie, architecte visionnaire menant de front ses deux passions la mer et l’architecture, a réalisé une extraordinaire structure futuriste pour abriter les sciences de la mer. La finalité de la librairieboutique dont Annik assure la création est double : culturelle et commerciale. Trop souvent le commercial est opposé au culturel. Jean-Paul Alayse, l’un des fondateurs du centre remarquait dans l’un de ses rapports : « Les concepteurs du CCSTI (centre de culture scientifique et industrielle) ont fait le pari de transformer cette opposition traditionnelle en synergie pour la plus grande satisfaction des visiteurs comme pour la bonne santé économique du centre. Grâce à Annik Pourcel et à Joël Cam qui lui a succédé fin 1994, ce pari semble être en phase d’être gagné de l’avis même des professionnels tout comme le montre la satisfaction du public. » Alors que la librairie de Rochefort était tourné vers l’histoire, celle-ci doit proposer des ouvrages en harmonie avec les thèmes du centre et orientés vers la biologie marine.
Ses vieux démons ressurgissant, Annik retraverse l’Atlantique en direction des Antilles où elle séjourne deux ans avant d’entendre parler du projet concernant l’aménagement du Phare des Baleines. Elle fait l’ouverture en 2002 et assure la gestion de l’ensemble jusqu’en 2008. La librairie qu’elle crée au Phare des Baleines est adaptée au lieu et à sa fréquentation. Plus ludique que les précédentes avec ses DVD et différents supports audiovisuels, elle est aussi plus orientée vers la littérature. On y trouve tous les grands auteurs classiques : Herman Melville, Jack London, Jules Verne, tous les navigateurs également depuis Éric Tabarly jusqu’à Florence Arthaud. Les visiteurs retrouvent des livres lus dans leur enfance et dans lesquels ils ont plaisir à se replonger. Une grande place est consacrée, dans ce domaine particulier de la littérature, aux ouvrages pour enfants.
Aujourd’hui retraitée, elle n’y passe plus qu’une journée par semaine, mais continue à se préoccuper de son approvisionnement. Elle épluche l’hebdomadaire Livres Hebdo, à chaque parution, afin de se tenir au courant et de présenter à la clientèle un panorama complet de ce qui se fait. Elle n’est pas devenue sédentaire pour autant, et chaque fois que cela lui est possible, elle retraverse l’Atlantique pour se rendre dans une petite île sauvage des Antilles anglaises, dont nous tairons le nom, justement pour qu’elle reste sauvage.
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